
Le 2ᵉ Forum Afrique-France sur la transition écologique et énergétique s’est ouvert ce mercredi 23 avril 2025 à Tunis, réunissant des acteurs gouvernementaux, des institutions internationales, des entreprises et des startups engagées dans la transition énergétique.
Céline Moyroud, représentante résidente du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) en Tunisie, a souligné l’urgence d’accélérer la transition énergétique en Afrique. Elle a appelé à tripler les capacités installées en énergies renouvelables, doubler les gains en efficacité énergétique et faciliter l’accès au financement pour les collectivités locales, les PME et les jeunes entrepreneurs. Elle a également insisté sur la nécessité de renforcer les coalitions Afrique-Afrique, Afrique-Europe et Afrique-France en matière de financement vert et d’innovation, en soutenant les jeunes, les femmes et les startups qui développent des solutions durables dans les domaines du recyclage, de l’agriculture et de l’énergie propre.
Moyroud a également mis l’accent sur l’importance d’une transition juste, inclusive et territoriale, précisant qu’une transition réussie doit offrir des opportunités à tous, notamment aux femmes, aux jeunes et aux populations rurales. Elle a souligné que 60 % de la population africaine a moins de 25 ans et n’est pas associée aux politiques de transition, ce qui doit changer pour en faire un levier d’emploi, de formation et d’innovation.
Elle a également évoqué la dépendance des économies africaines aux énergies fossiles et aux technologies énergivores, les contraintes budgétaires et l’accès limité au financement vert, notamment pour les acteurs territoriaux et les communautés rurales. Elle a recommandé la mise en place de fonds dédiés aux énergies renouvelables et l’encouragement des financements mixtes public-privé, estimant que l’innovation financière seule ne suffit pas. Il est également nécessaire de renforcer les écosystèmes bancaires et financiers nationaux en outillant les banques locales pour intégrer le risque climatique, notamment par la création de lignes de crédit vert.
Fatma Thabet Chiboub, ministre tunisienne de l’Industrie, des Mines et de l’Énergie, a souligné que la transition énergétique est devenue une priorité, non seulement pour lutter contre les changements climatiques, mais également pour répondre à des impératifs économiques et sécuritaires. Elle a rappelé que les enjeux énergétiques sont considérables en raison de l’instabilité des prix des produits pétroliers et du gaz sur les marchés mondiaux, ainsi que des difficultés liées à la sécurité d’approvisionnement, devenues une préoccupation majeure pour la plupart des pays du monde, notamment les pays importateurs.
Elle a également évoqué la stratégie nationale de transition écologique de la Tunisie, dont les principaux objectifs sont le déploiement accru des énergies renouvelables, l’amélioration de l’efficacité énergétique, l’intégration des technologies modernes et la réalisation de davantage d’interconnexions électriques.
Anne Gueguen, ambassadrice de France en Tunisie, a présenté la nouvelle Stratégie nationale hydrogène de la France, rendue publique la semaine dernière. Elle prévoit le déploiement d’une « diplomatie de l’hydrogène », l’appui à l’export des technologies françaises dans ce domaine et la mise en place de partenariats « hydrogène » avec des marchés prioritaires. Elle a estimé que la Tunisie, à travers sa stratégie hydrogène, est en mesure de devenir un partenaire de plus en plus proche de l’Union européenne et de la France dans ce domaine.
Gueguen a également cité la coopération pionnière initiée cette année entre la France et l’Université de Gabès dans le domaine de l’hydrogène vert, produit à partir de sources renouvelables et offrant ainsi une alternative non polluante pour stocker et transporter de l’énergie décarbonée.
La France demeure le premier investisseur en Tunisie, et la Tunisie est le premier investisseur africain en France. Le volume d’échanges entre les deux pays est estimé à 11,5 milliards d’euros de biens et services. Près de 1 600 entreprises françaises ou à participation française sont installées en Tunisie, employant environ 160 000 personnes.