Accueil A la une Pour ceux qui sont tentés par l’aventure – Hajj : prudence et méfiance de rigueur

Pour ceux qui sont tentés par l’aventure – Hajj : prudence et méfiance de rigueur

Il faudrait commencer par reconnaître que pour ceux qui souhaitent accomplir le Hajj, ce cinquième pilier de l’islam, pour ceux qui en ont les moyens, les difficultés sont devenues presque impossibles à surmonter, lorsque l’on se décide à partir, sans point d’attache, pour payer moins cher ou pour répondre à cet appel auquel il est difficile de résister. Autrement dit, en dehors de la délégation officielle.

Certes, le coût du Hajj a considérablement augmenté, suivant la courbe du niveau de vie et l’amélioration du standing offert aux  pèlerins  dans ce pays, mais le fait y est : pour tous ceux qui veulent   aller à l’aventure, le risque est énorme.

Ces difficultés, il faudrait les vivre pour en être convaincu.

Elles sont dues à un certain nombre de facteurs qui ont évolué et continueront de le faire.  Pour la bonne raison que les autorités saoudiennes s’arrangent pour tirer les conclusions au terme de ces exceptionnelles «campagnes», pour  faire évoluer leur organisation. Et c’est ce qu’il y a de plus normal, lorsqu’on a à abriter, nourrir, protéger et soigner des millions de pèlerins étrangers et résidents autorisés à accomplir ce rite, de même qu’à leur assurer les meilleures conditions  de confort et de sécurité.

Une rigueur absolue

Le tout se déroule  selon un scénario dont la précision est régie par une rigueur absolue, incontournable. Le fait de faire bouger en même temps ces millions de personnes, venues des cinq continents, tout en leur  assurant une logistique soigneusement mise au point, n’est pas donné à tout le monde.

Nous avons eu l’occasion de vivre cette extraordinaire aventure, et s’en est une, pour témoigner des difficultés qui   jalonnent l’accomplissement de cette tâche.  Une noble tâche.

En cette année 1446, les choses ont énormément évolué. Tout a évolué vers un standing et une facilité qui ont contribué à faire du Hajj une inoubliable étape de la vie de ceux qui auront le privilège ou  l’occasion de l’accomplir.

L’accomplir dans des conditions répondant aux modalités  requises et bien entendu en accord avec les parties prenantes. Elles sont deux: les autorités saoudiennes et les organisateurs d’un pays donné.

Tous ceux qui ont essayé de «bricoler» un Hajj en dehors du circuit normal  mis au point, ont créé des situations inextricables, voire dangereuses,  pour ceux qui ont cru aux promesses et se sont laissé berner par les mines engageantes et faussement vertueuses, de ceux qui les ont agrippés.

Ils y ont laissé leurs vies

Le ministère des Affaires religieuses vient de publier un communiqué de mise en garde contre ces agissements. Tous ceux qui essaieront d’accomplir le pèlerinage par leurs propres moyens risquent de gros problèmes. D’une part, les modalités de surveillance mises en place par les autorités saoudiennes sont strictes et, d’autre part, les failles à exploiter pour passer entre les mailles du filet sont si réduites, que cela relève de l’impossible. Et même si l’on réussit à passer, on risque fort de se retrouver dans des situations comme celles qu’ont vécues ceux qui ont été harponnés l’année dernière par exemple. Certains y ont laissé leurs vies, il ne faudrait pas l’oublier.

Rien que ça !

Nous avons eu l’occasion de voir un certain nombre de ces personnes trompées et abandonnées sous un soleil de plomb, abattues par  une insolation, sans gîte, certaines chancelantes sur leurs jambes, harassées de fatigue, sans argent, sans de quoi se nourrir, sans pièces d’identité,  sans médicaments pour leurs maladies chroniques, sans aucun repère pour reprendre langue avec ceux qui pourraient les aider. Nombre d’entre elles avaient  de la  peine à se souvenir de leurs noms.

Ces gens n’avaient aucune idée de la façon de reprendre contact avec ceux qui leur ont promis monts et merveilles. Ils  ne savaient même pas comment contacter notre ambassade. D’autres, à force d’errer sous le soleil, avaient perdu la notion du temps et faute de moyens, n’avaient pu se déplacer et  avaient raté leur Hajj parce qu’ils n’avaient aucun moyen de se diriger vers  Arafet, étape incontournable du rite.

Des check-points stratégiques

Et ce ne sont là que quelques-unes des difficultés qui se posent et que l’on ne pourra jamais résoudre, alors que tout est informatisé, que les routes sont strictement surveillées et qu’il est pratiquement impossible de se rendre d’un point à un autre, même pour les Saoudiens non munis du laisser-passer pour le Hajj,  sans passer par des check-points bien en place, implantés dans des  endroits stratégiques.

Ce communiqué du ministère des Affaires religieuses est de ce fait clair. Restent les dispositions éventuelles à prendre, contre ceux qui seraient tentés de les enfreindre.  Il faudrait les préciser pour que chacun sache à quoi s’en tenir.

Il n’en demeure pas moins qu’il y aura toujours ceux qui accepteraient de courir le  risque, mettant tout ce qui pourrait advenir sur le compte du destin.  C’est à l’entourage de ce genre de «candidats au Hajj à la resquille», parents ou enfants,  de les convaincre qu’il est sage et recommandé «de ne jamais s’exposer volontairement à la destruction».

Nous n’avons pas besoin de revivre les drames vécus l’an dernier !

Tout simplement.

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