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FITA 2025 : Stimuler la transformation de l’Afrique par le tourisme

À Tunis, la 8e édition du Forum international Fita 2025 s’est ouverte sous le signe de l’intégration africaine et du développement durable. Le ministre du Tourisme, Sofiane Tekaya, y a porté une vision ambitieuse : faire du tourisme un levier stratégique pour la transformation du continent. Entre coopération Sud-Sud, capital humain et durabilité, la Tunisie entend jouer un rôle moteur dans l’émergence d’un tourisme panafricain fort, inclusif et créateur de valeur.

La 8e édition du Forum international «Financing Investment & Trade in Africa» (Fita 2025), tenue récemment à Tunis, a été l’occasion pour le ministre du Tourisme, Sofiane Tekaya, de souligner que cet événement «honore notre pays et illustre notre volonté commune de bâtir un avenir africain plus solidaire, plus prospère et plus intégré». Cette édition se déroule sous un thème porteur : «Stimuler la transformation de l’Afrique». Un thème qui trouve une résonance particulière dans le secteur du tourisme, véritable moteur de développement économique, social et humain. Cette édition ambitionne de faire du tourisme un véritable levier stratégique de croissance pour l’ensemble du continent.

L’engagement structurant de la Tunisie

À ce stade, il convient de rappeler un fait symbolique que nous devons chérir : la Tunisie a donné son nom à l’Afrique. Ce lien profond, historique et identitaire nous engage pleinement. Il fait de la Tunisie non seulement un pays africain de par sa géographie, mais également de par sa vocation, son devoir de solidarité et son ambition partagée avec le continent.

Depuis les années 1970, la Tunisie a fait du tourisme un pilier central de son développement économique. Grâce à une stratégie volontariste, elle a su construire une offre touristique diversifiée, résiliente, respectueuse du patrimoine et résolument tournée vers l’international. Mais au-delà de cette réussite nationale, le pays a toujours considéré qu’il lui revenait de partager cette expérience avec ses frères et sœurs du continent.

C’est dans cet esprit que la Tunisie a formé, et continue de former des générations de professionnels africains du tourisme: cadres, hôteliers, techniciens, guides, enseignants, gestionnaires… Nos institutions spécialisées sont restées ouvertes à nos partenaires africains, dans une logique de coopération, de transfert de savoir-faire et de renforcement mutuel des compétences.

Selon le ministre, l’Afrique dispose d’un potentiel touristique inestimable. Pour qu’il devienne un véritable moteur de transformation, une action collective et structurée s’impose. Il s’agit d’abord de faciliter la mobilité intra-africaine en adoptant des politiques de visa innovantes et en améliorant la connectivité aérienne, terrestre et maritime.

Cela doit s’accompagner du renforcement des infrastructures touristiques et de transport, notamment par le développement de hubs régionaux et de corridors intégrés. Parallèlement, un investissement massif dans le capital humain est indispensable : cela passe par la formation, l’autonomisation des jeunes et la promotion de l’entrepreneuriat local. Cette dynamique doit être soutenue par une transformation numérique accélérée du secteur, afin de mieux valoriser les destinations africaines, simplifier les processus de réservation et enrichir l’expérience des visiteurs.

L’Afrique face à son propre potentiel  

Mais au-delà de ces axes prioritaires, l’objectif doit être de construire un tourisme durable, inclusif et communautaire, qui valorise les cultures, préserve les ressources naturelles et bénéficie directement aux populations locales. À cet égard, rappelons que le tourisme représentait environ 8,5 % du produit intérieur brut (PIB) de l’Afrique, avec des recettes d’exportation atteignant près de 47 milliards de dollars entre 2011 et 2014. En 2019, ce secteur pesait 186 milliards de dollars, soit près de 7 % du PIB continental.

Sur le plan de l’emploi, le secteur comptait 25 millions de postes en 2019, contre 12,3 millions en 2000, et les projections prévoient une croissance encore plus importante dans les années à venir. Le nombre d’emplois dans le secteur touristique devrait ainsi atteindre 22,3 millions d’ici 2027, avec une intégration renforcée des femmes et des jeunes.

Le tourisme a, par ailleurs, un effet d’entraînement significatif sur d’autres secteurs, tels que les transports, la restauration, les services et l’agriculture. En créant des synergies entre ces domaines, l’écotourisme, ainsi que les segments médical et culturel peuvent favoriser une diversification vers des activités à plus forte valeur ajoutée et assurer une répartition plus équitable des revenus. Sofiane Tekaya a ajouté que l’Afrique recèle un potentiel touristique exceptionnel : des paysages naturels préservés, des cultures vivantes et riches, une jeunesse créative, des traditions d’hospitalité profondément enracinées. Pourtant, ce potentiel reste encore largement sous-exploité. Il est temps d’en faire un véritable levier de transformation économique, sociale et environnementale.

Identité et prospérité

C’est d’ailleurs la vision portée par l’Agenda 2036 de l’Union africaine, qui considère le tourisme comme un secteur prioritaire pour bâtir «l’Afrique que nous voulons». «À cet effet, nous devons impérativement renforcer la coopération Sud-Sud. C’est en unissant nos forces, en mutualisant nos ressources et en développant les synergies entre pays africains que nous pourrons faire émerger un tourisme panafricain fort, résilient et compétitif.

Cette coopération ne doit pas être perçue comme une option, mais bien comme une priorité stratégique». La Tunisie, forte de sa position de trait d’union entre l’Afrique, la Méditerranée et l’Europe, est prête à jouer pleinement son rôle. Non pas comme un donneur de leçons, mais comme un partenaire solidaire, engagé et ouvert à toutes les formes de coopération porteuses de bénéfices pour nos peuples. Le tourisme peut être bien plus qu’un simple secteur économique: il peut devenir une force de transformation, une clé de souveraineté économique, un outil de paix, de reconnaissance identitaire et une source d’inspiration pour les générations futures. Il peut devenir le cœur battant d’un continent africain qui se transforme, s’unit et rayonne.

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