Accueil A la une Entretien avec Dr Najeh Farah, médecin tunisien engagé et philanthrope actif en Suisse : « Le vrai changement en Tunisie, c’est la lutte menée par le Chef de l’Etat contre la hogra et la corruption »

Entretien avec Dr Najeh Farah, médecin tunisien engagé et philanthrope actif en Suisse : « Le vrai changement en Tunisie, c’est la lutte menée par le Chef de l’Etat contre la hogra et la corruption »

Il incarne un modèle de solidarité de la diaspora tunisienne, en mettant à profit ses compétences et ses ressources pour réaliser des actions concrètes en faveur de ses compatriotes. Ses projets montrent une vision humanitaire. Dr Najeh Farah, originaire de Métlaoui, demeure, depuis qu’il s’est installé en Suisse à la fin des années 90, profondément engagé pour son pays. En témoignent ses réalisations dans le cadre du soutien apporté à divers secteurs, celui de la santé en particulier.

Vous vous êtes installé en Suisse depuis plusieurs années.
Pouvez-vous nous parler de votre parcours professionnel et de votre engagement associatif ?

J’ai entamé ma carrière professionnelle à l’hôpital cantonal de Vevey (Montreux, Suisse), puis j’ai sillonné plusieurs autres cantons tout en travaillant dur pour réussir à décrocher plusieurs diplômes d’études spécialisés de la discipline médicale. Je suis actuellement médecin formateur à l’université de Lausanne et à l’université de Genève. Je suis aussi à la tête d’un centre médical multidisciplinaire pour la surveillance ambulatoire.

Ce n’est pas la profession qui honore l’homme, mais c’est l’homme qui honore la profession, comme l’a si bien dit Louis Pasteur. C’est une situation qui m’a toujours guidé. C’est pourquoi j’ai toujours tenu en considération l’importance de laisser une impression positive en optant pour le travail en Suisse en tant que médecin. C’est aussi le devoir de la diaspora tunisienne.

Après 2011, je me suis engagé dans les activités associatives en créant l’association tuniso-suisse pour l’aide humanitaire et une autre association visant l’intégration des jeunes issus des familles de migrants dans la société suisse. Et c’est durant cette période, et plus précisément en 2012 que j’ai ressenti ce grand besoin de m’investir dans les projets d’aide et de soutien aux institutions et établissements sanitaires en Tunisie, notamment dans les régions intérieures et zones nécessiteuses qui ont longtemps souffert de marginalisation.

Je me rappelle encore le premier lot d’équipements sanitaires envoyés en Tunisie. Ce don comprenait trois ambulances classe A et 42 chambres d’hébergement médicalisées.

La crise de Covid-19 a bouleversé le monde entier. Comment avez-vous réagi face à cette situation en Tunisie ?

Durant la période du coronavirus, et eu égard à la situation sanitaire alarmante qui a prévalu et le grand nombre de décès enregistrés, on était devant l’obligation d’envoyer davantage d’équipements à mon pays, dont à titre d’exemple, 54 conteneurs de 40 pieds. Énumérant les dons envoyés avec la coopération du ministère de la Santé et l’aide et le soutien d’autres amis de la Tunisie résidant en Suisse à cette période, il cite 1700 lits de réanimation, l’hôpital du jour à Gafsa et bien d’autres dons (lits, concentrateurs d’oxygène, civière d’urgence, matériel médical consommable…).

L’objectif est de venir en aide aux personnes atteintes de la Covid-19 à cette période où le nombre de décès ne cesse d’augmenter en raison de l’incapacité de l’État à gérer la crise. Épris d’amour pour la Tunisie, je n’avais pas conscience du danger que j’encourais.  En rentrant à Tunis, j’ai appris à ne pas rentrer les mains vides. D’ailleurs, tout récemment, j’ai contribué à un don comportant des fauteuils dentaires et des fauteuils roulants électriques pour les personnes handicapées, ainsi que des équipements médicaux. Je tiens bien évidemment à ce propos à remercier en particulier les ministères de la Santé et des Affaires sociales en termes de coordination.

L’aide en faveur du secteur de la santé ne s’arrêtera jamais puisqu’il y aura toujours d’autres équipements médicaux qui seront acheminés vers la Tunisie.

Votre engagement ne se limite pas au domaine médical. Vous avez aussi soutenu des initiatives dans le sport. Pourquoi justement ce choix ?

Effectivement, j’ai toujours eu un petit faible pour certaines équipes sportives, dont celles de Bab Jedid et de Métlaoui. C’est d’ailleurs la raison qui m’a conduit à offrir deux bus à ces deux équipes, ainsi qu’un autre bus pour la catégorie des jeunes de l’équipe nationale de hand-ball.

Je crois qu’il faut faire plus pour les jeunes en Tunisie dans le domaine sportif, car le sport en général peut contribuer à la réduction des activités à risque comme la consommation de tabac et des produits psychotropes.

À ce titre, je rappelle que des dons ont été acheminés de la Suisse vers le Centre Espoir de prise en charge de la toxicomanie à Djebel Oust.

Quels sont vos projets à venir en Tunisie ?

La bonne nouvelle pour les familles des enfants atteints d’autisme, c’est cette école Tuniso-suisse d’éducation spécialisée qui sera fonctionnelle à partir de la prochaine année scolaire. Située à Gammarth, elle comportera aussi un centre international de formation pour les formateurs et un centre dédié à la recherche sur l’autisme.

Un autre centre de formation professionnelle à Gafsa est encore à l’étude avec la contribution de la Suisse, ainsi qu’une clinique multidisciplinaire à proximité de Dar Chraiet à Tozeur.

Quel regard portez-vous sur la situation actuelle en Tunisie? Y a-t-il des changements que vous jugez significatifs ?

Indubitablement, on ressent aujourd’hui un certain changement. Il n’est pas de mes habitudes de faire des louanges à quelqu’un, mais il importe de souligner que l’actuel ministre de la Santé, Mustapha Ferjani, est en train de déployer de gros efforts en vue de promouvoir, renforcer et moderniser le secteur de la santé dans le pays.

Mais au-delà de tout cela, le réel changement en Tunisie réside dans la lutte menée par le Chef de l’État contre la «Hogra», la corruption, l’évasion fiscale et le blanchiment d’argent. Cela dit, nous devons rester vigilants face à d’autres défis, comme la migration non maîtrisée ou les ingérences étrangères.

Je dois conclure à la fin que notre pays a besoin de dirigeants visionnaires, responsables, capables de bâtir une stratégie claire. Le pays est en mutation, et je suis convaincu qu’il est engagé sur la voie du développement.

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