
La Tunisie, bien que non productrice de drogues, se trouve en première ligne face à un phénomène mondial grandissant. Mohamed Ali Chaibi, représentant de la Direction générale de la Sécurité nationale au ministère de l’Intérieur, a alerté sur le rôle stratégique du pays dans les routes de trafic de drogues.
Il a souligné que la Tunisie n’est pas un pays producteur de drogues, mais elle reste un point de transit crucial et un marché de consommation émergent. Lors de son intervention lors de la journée de sensibilisation organisée par le ministère de la Famille, de la Femme, de l’Enfance et des Personnes âgées, Chaibi a mis en évidence l’impact de la position géographique stratégique du pays. En tant que carrefour entre l’Afrique et l’Europe, la Tunisie se trouve en première ligne dans les routes de trafic international de substances illicites.
Un rôle de transit devenu un marché de consommation
En effet, la Tunisie, historiquement une simple zone de transit pour des drogues telles que le cannabis et la cocaïne, a vu son rôle évoluer au fil des années. Selon Chaibi, l’apparition d’un marché local pour ces substances, notamment la cocaïne, témoigne d’une dynamique inquiétante. “La Tunisie n’est plus seulement une passerelle pour le trafic de drogue ; elle devient également un marché de consommation, notamment de cocaïne, dont la quantité importée a explosé”, a précisé le responsable, dans une déclaration accordée à Mosaïque Fm.
Dans ce même cadre, il a indiqué que les statistiques mondiales sur le trafic de drogue révèlent un phénomène inquiétant. En 2023, près de 296 millions de personnes dans le monde consommaient des drogues, tandis que 39,5 millions étaient dépendantes.
Mohamed Ali Chaibi a aussi rappelé les saisies massives d’amphétamines, notamment les 1,2 million de comprimés d’ecstasy saisis récemment. De plus, des drogues comme l’héroïne et le cannabis circulent régulièrement via la Tunisie, souvent en transit vers l’Europe.
Des routes de trafic redéfinies
Selon le responsable, la répression des routes classiques de trafic a conduit les trafiquants à chercher de nouvelles voies plus sûres. “L’Afrique de l’Ouest est devenue un centre de stockage pour la cocaïne avant sa réexportation en Europe”, a ajouté Chaibi. Il a en outre souligné que l’augmentation des saisies de cocaïne en Tunisie avait été spectaculaire, multipliée par mille en l’espace de dix ans. En 2013, les saisies ne dépassaient pas 150 grammes, tandis qu’en 2023, elles ont atteint des quantités massives.
Le représentant de la sécurité nationale a également évoqué la complexité des réseaux de trafic, soulignant l’implication de la diaspora tunisienne en Europe dans les opérations de contrebande, avec des routes passant par la France ou l’Espagne.
Face à cette menace grandissante, Mohamed Ali Chaibi a mis en avant l’implication des forces de sécurité dans la prévention. Des actions de sensibilisation ont été menées au sein de diverses institutions, y compris des formations pour les responsables éducatifs et des campagnes de communication à l’échelle nationale. Ces efforts visent à renforcer la vigilance face à un phénomène qui touche de plus en plus les jeunes générations.