
Le grand prix Comar d’OR a été décerné cette année au roman « Pour qui ramasses-tu tes fleurs, Makrem ?» Li man Tajmaou Wouroudaka ye Makrem?) de Chafik Tarqui. À la croisée des styles, son écriture trace un chemin unique qui allie poésie et expérience romanesque. Nous lui avons posé quelques questions en fin de la cérémonie.
La Presse — Est-ce que c’est la première fois que vous recevez un prix littéraire ?
C’est déjà trois romans à mon compte. Le premier, « Lavazza », a déjà reçu un prix à Dubai en 2015. J’ai aussi un deuxième roman «Barbara» et des recueils de poésie. En fait, j’ai entamé un parcours de poète avant de me convertir à l’écriture romanesque. Je suis heureux de cette récompense pour sa valeur symbolique. C’est un prix prestigieux qui a son poids en Tunisie vu l’ancienneté de son instauration et la qualité des œuvres révélées chaque année. La cérémonie contribue à médiatiser des titres de livres et des noms d’auteurs dont on se souvient pour longtemps. J’estime que toutes les œuvres qui ont été retenues pour la sélection finale sont gagnantes en quelque sorte. Je tiens à remercier les assurances Comar pour la perpétuité de cette tradition ainsi que les jurys qui ont cru en nous. Je crois en un avenir radieux de la scène littéraire tunisienne avec tous ces talents d’auteurs dévoilés.
Quel est le thème de votre roman primé aujourd’hui?
C’est une histoire qui tire sa profondeur de sa simplicité apparente. Un poète tunisien tout à fait méconnu tombe de son vélo alors qu’il avait un bouquet de fleurs en main. En se penchant pour ramasser les fleurs, en dépit de la blessure endurée par la chute, une réflexion se déclenche. Le narrateur part de cet événement anodin pour déployer le passé du protagoniste, sa vie sentimentale, sa vision de son existence, avec toutes les contradictions humaines… La fin est ouverte.
Le jury a souligné l’originalité de votre style d’écriture. Pouvez-vous nous en donner plus de détails ?
Je déploie mon expérience dans l’écriture poétique ainsi que mes connaissances de chercheur en poésie arabe dans la conception de mes romans. Je suis titulaire d’un doctorat en littérature arabe portant sur Mahmoud Derouiche. Ce livre allie donc mes influences diverses. J’ai fait le choix de mêler les genres littéraires, donnant naissance à une œuvre hybride et originale. En croisant les codes de la poésie, du théâtre, du cinéma et d’un univers artistique riche d’une manière générale, je retiens ce qu’il y a de beau dans chaque genre. Ce que j’essaie de prouver, c’est qu’il n’y a pas de véritables frontières entre les registres littéraires. Il faut de tout pour écrire un texte.