
Le ministère de l’Environnement a lancé, le 14 mai 2025, le programme national de nettoyage des plages, dans le cadre de l’accord-cadre 2023/2025. Ce programme couvrira 133 plages réparties sur le territoire national, pour un budget total de 1,8 million de dinars par an.
Le programme a débuté cette année par les plages de Raoued et El Kram, comme l’a précisé Nabil Mokhtar, responsable des études d’aménagement des plages à l’Agence de protection et d’aménagement du littoral (APAL), lors de son intervention le 20 mai 2025 sur les ondes de la radio nationale.
Nettoyage régulier et de grande envergure
Le programme prévoit des interventions régulières, de 5h00 à 9h00, tout au long de la saison estivale, jusqu’au mois de septembre. Chaque intervention sera réalisée manuellement ou à l’aide de machines, sur une surface de 600 hectares de plages. Les équipes de nettoyage seront réparties sur l’ensemble des plages concernées par le programme.
Le coût annuel total pour ce programme est estimé à 1,8 million de dinars, un montant qui représente le plafond du contrat-cadre pour cette période. L’objectif est de garantir une propreté continue des plages et de lutter efficacement contre la pollution.
En dépit de l’ampleur de l’opération, l’Agence de protection et d’aménagement du littoral fait face à un manque de ressources humaines et logistiques. “En effet, l’APAL ne dispose que de 114 agents de surveillance, alors que le pays compte 82 plages publiques et 51 plages touristiques”, a-t-il indiqué.
Nabil Mokhtar a en outre souligné que le gouvernorat de Sousse, malgré son importance touristique et côtière, ne compte qu’un seul agent de surveillance, tandis que le gouvernorat de Médenine en possède seulement deux. Toutefois, il a précisé que l’APAL bénéficie du soutien de la Garde côtière et du ministère de l’Équipement, bien que ces ressources demeurent insuffisantes.
“Certaines plages ne sont pas couvertes par ce programme national, mais des actions de nettoyage peuvent être menées en collaboration avec les municipalités locales pour les aider dans leurs efforts”, a-t-il encore précisé.
Sur un autre plan, Nabil Mokhtar a évoqué les dépassements observés sur les plages, notamment en ce qui concerne la pollution et les constructions illégales qui ne respectent pas les normes. Il a appelé les citoyens à veiller à la propreté des plages et à utiliser correctement les équipements de collecte des déchets. Il a notamment précisé que des poubelles avaient été installées sur certaines plages, mais avaient disparu en raison de mauvais usages.
Mustapha STAMBOULI
20 mai 2025 à 15:48
Une approche collaborative pour un littoral tunisien plus propre
Le budget total de 1,8 million de dinars pour le nettoyage de 133 plages en Tunisie, équivalent à environ 13 500 dinars par plage par an, apparaît clairement insuffisant pour garantir une opération efficace, régulière et de grande envergure. La superficie à couvrir, notamment les 600 hectares par intervention, nécessite des ressources humaines qualifiées, des équipements adaptés, une logistique soutenue et une gestion rigoureuse, ce qui dépasse largement ce que ce montant peut assurer.
Actuellement, le manque important de ressources humaines, avec seulement 114 agents disponibles pour couvrir un nombre bien supérieur de plages, et la faiblesse du personnel dans des régions touristiques clés comme Monastir, Sousse ou Djerba, risquent de limiter considérablement l’impact du programme. L’intervention risque de se limiter à des actions ponctuelles ou à un nettoyage superficiel, sans pouvoir maintenir une propreté durable.
Pour relever ce défi, il apparaît essentiel de renforcer la mobilisation locale. La participation active des municipalités, qui connaissent bien leur territoire, peut jouer un rôle déterminant. Leur engagement permettrait d’optimiser l’utilisation des ressources locales, de coordonner davantage d’actions de nettoyage, et d’assurer un suivi régulier plus efficacement.
Par ailleurs, la mobilisation des volontaires, notamment à travers des campagnes citoyennes, des journées de nettoyage communautaire ou des initiatives éducatives, peut significativement compléter les efforts institutionnels. Impliquer la population locale permettrait non seulement d’alléger la charge logistique, mais aussi de sensibiliser plus largement à l’importance de préserver l’environnement et de responsabiliser les usagers des plages.
Une stratégie participative, combinant soutien institutionnel, engagement des municipalités, et mobilisation citoyenne, serait une solution durable pour surmonter les limites financières du programme et assurer la pérennité des efforts de nettoyage. Elle favoriserait une responsabilisation collective, renforçant le sentiment de propriété des plages et incitant à une gestion meilleure et plus durable de ces espaces précieux.
En somme, pour que le programme national de nettoyage des plages en Tunisie atteigne ses objectifs ambitieux, il doit aller au-delà des seules ressources financières et s’appuyer sur une implication active et coordonnée de toutes les parties prenantes — autorités locales, citoyens, associations, et volontaires — afin de préserver la beauté et la propreté du littoral tunisien pour les générations futures. MUSTAPHA STAMBOULI, le 20/05/2025