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Jazz’it festival à la Cité de la culture : Premiers sons, premiers succès

Pour cette ouverture, en résumé, deux concerts, deux ambiances et un public conquis.

La Presse — Jeudi 29 mai, la Cité de la culture de Tunis a vibré aux rythmes des premières notes de la toute première édition du Jazz’it festival. Cet événement qui se prolonge sur trois jours a été attendu avec impatience par les amateurs du genre, curieux de découvrir ce que cette nouvelle aventure musicale allait leur offrir. Le festival est initié par Malek Lakhoua, batteur chevronné et fondateur du label Jazz’it Records. Et, pour cette ouverture, en résumé, deux concerts, deux ambiances et un public conquis. 

En première partie, « Camera obscura » de Pietro Vaiana

Cette édition du festival est le fruit d’un travail de deux ans avec le label partenaire belge Igloo Records, comme l’a expliqué Malek Lakhoua dans son discours d’accueil du public. C’est Pietro Vaiana, nommé aussi Pierre Vaiana, qui a donné le ton au premier spectacle qui marque la sortie de son nouvel album aux influences multiples «Camera obscura».  

Pietro Vaiana est un des spécialistes du saxophone soprano sur lequel il a développé une sonorité unique, chaleureuse, immédiatement reconnaissable. Pour ce concert, il a été accompagné de Vercampt Lode au violoncelle et Artan Buleshkaj à la guitare. Une rencontre au sommet pour une célébration des vertus essentielles du jazz : le partage et l’émotion. 

Né en Italie et ayant grandi entre la Belgique et les Etats-Unis, Pietro Vaiana n’a jamais cessé de renouveler son inspiration et d’élargir ses territoires. Pendant son parcours unique et palpitant, il a  multiplié les  projets artistiques autour du thème du dialogue entre cultures et de la rencontre. D’ailleurs, il a collaboré à un projet au Centre des musiques arabes et méditerranéennes (Cmam) situé au palais  Ennejma Ezzahra, à Sidi Bou Saïd. Cette expérience, qui remonte à trois décennies, a contribué à la formation de nombreux musiciens tunisiens. Il s’est également produit sur scène plusieurs fois dans des événements organisés en Tunisie. 

Pour ce concert au Jazz’it Festival, chaque titre composé et joué transmet une histoire qui souligne, selon Pietro Vaiana, l’acceptation de l’autre. Le saxophoniste a tenu à raconter le récit de chaque composition avec l’humour qu’on lui connaît, ce qui a intensifié cet échange convivial qu’il entretient toujours avec le public. 

«Yucef» est ainsi un hommage à Georges Moustaki. «Sur la route de Valledolmo » est une musique de fond pour un road trip imaginé en Sicile, comme dans un film. «Luna d’argentu» vient célébrer l’amour comme c’est un cadeau d’anniversaire à la femme qui partage sa vie depuis 50 ans. La chanson écrite en sicilien a été chantée par Vaiana lui-même avec, à la clé, des promesses d’émotion et de sensibilité. D’autres titres ont été plus entraînants comme «Felix» et «Motivi fermo». La prestation de Pietro Vaiana a été marquée par sa technique exceptionnelle et une agilité remarquable qui rendaient son jeu fluide même sur des airs complexes. Le public a été captivé par cette harmonie entre les trois instruments qui se répondent dans une ambiance intimiste. Sans batterie, le spectacle prend la forme d’un concert de musique de chambre et la proximité entre les musiciens et les spectateurs était tant physique qu’émotionnelle.

Le trio a cédé la place à Moncef Genoud et Seamus Blake pour la deuxième partie de la soirée.

Un deuxième concert inédit de Moncef Genoud et Seamus Blake

Le saxophone, instrument phare de la musique jazz, continue à s’imposer dans un duo exceptionnel du saxophoniste canadien Seamus Blake et du pianiste Moncef Genoud. Place donc à une montée en énergie avec ces deux musiciens qui ont embrasé la scène dès les premières mesures.

D’origine tunisienne, Moncef Genoud a vécu en Suisse depuis l’âge de deux ans. Privé de la vue dès la naissance, il est connu pour sa virtuosité technique exceptionnelle au piano ce qui en a fait l’un des artistes de jazz suisses de premier plan. En plus de 40 ans de carrière, il présente un jazz audacieux, teinté d’improvisation. Compositeur prolifique, il est à la tête d’un répertoire impressionnant.

Lors de ce concert, il a ébloui le public par la facilité déconcertante avec laquelle il maîtrise son clavier. Les lignes mélodiques complexes, les accords rapides et les passages harmoniques ont été joués dans un style unique. Moncef Genoud prenait des pauses avant chaque morceau pour sympathiser avec les spectateurs qui se sont levés pour l’applaudir chaleureusement à la fin de sa prestation.

Au final, une première soirée prometteuse

Entre émotion, virtuosité et partage, cette première soirée du festival a tenu toutes ses promesses. Un contenu captivant et ouvert sur le monde, une ambiance conviviale et surtout une organisation fluide donnent le ton pour la suite du programme. Avec une line-up qui inclut cinq concerts de sept pays, il célèbre ainsi les multiples facettes du jazz contemporain et met à l’honneur des artistes incontournables de la scène internationale. Ce festival naissant semble donc bien parti pour s’installer durablement dans le paysage musical local.

Notons que Raouf Ben Amor, acteur célèbre et ancien directeur du Tabarka Jazz Festival en 1978, a été présent en parrain du Jazz’it Festival.

En plus des concerts, des masterclass ont lieu en cours de journée pour de multiples rencontres avec des artistes qui explorent, inventent et découvrent.

Une soirée est dédiée aux sorties vinyles du label Jazzit Records, avec le batteur Mourad Benhammou (Silk & Soul) et le pianiste américain Kyle Schaefer (Tunisian Vibes), qui revisite les standards tunisiens. Le festival s’achèvera en apothéose le 31 mai avec un concert unique du guitariste Mark Whitfield, légende du jazz moderne.

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