
A celui qui offrit la rime au peuple et qui devint la voix d’une nation tout entière. Pouchkine est plus qu’une figure littéraire emblématique de la Russie, il a révolutionné la langue et incarne le génie créatif de tout un peuple.
La Presse — Le complexe culturel de Sainte-Croix à la Médina de Tunis, qui portait jadis le nom de l’église de Sainte-Croix, a accueilli pour la soirée du 1er juin une soirée qui revisite l’ambiance des bals au fil des siècles. «Le Bal du temps : échos des époques » est un événement organisé par la Maison russe de Tunis pour célébrer l’anniversaire d’Alexandre Pouchkine. Né le 6 juin 1799, il est souvent désigné comme le père de la littérature russe,
L’accès a été gratuit avec tenue de soirée exigée pour une immersion parfaite dans un univers où la danse fut un pas, un rythme mais aussi un dialogue social.
Le bal se veut un voyage à travers le temps, « traversant les époques, les modes et les idéaux, en suivant l’art de la danse éternellement vivant et en parfaite métamorphose » comme l’a indiqué le présentateur de la cérémonie dans son mot d’accueil. Chaque siècle a, en effet, son propre geste, son pas, son regard.
Avant de donner place au rythme, la soirée a été inaugurée par une présentation poétique d’Alexandre Pouchkine, «celui qui offrit la rime au peuple et qui devint la voix d’une nation tout entière». Plus qu’une figure littéraire emblématique de la Russie, il a révolutionné la langue et incarne le génie créatif de tout un peuple.
Ensuite, ce sont les danseuses de l’école chorégraphique «LittleBallerina», qui ont ouvert le bal avec «la Valse des fleurs», du ballet casse-noisette » de Piotr Tchaïkovski. Cet air indémodable a été accompagné de mouvements élégants dans une chorégraphie florale, en toute allégresse.
Les convives présents dans la salle ont été invités à joindre les danseuses de l’école de ballet russe «Matriochki » pour la danse ronde. Cette chorégraphie empruntée au Moyen Age fait revivre l’époque des châteaux où le bal faisait partie intégrante de la vie communautaire. Loin d’être un simple divertissement, c’était un rituel où les pas sont majestueux et mesurés. La scène prend l’allure d’une masterclass dirigée par la chorégraphe, pour apprendre la ronde, le carrousel et les farandoles et participer à la célébration dans une ambiance de pure euphorie.
Les danseuses ont changé de costume à plusieurs reprises pour incarner tour à tour les aristocrates de la Renaissance et les nobles des siècles d’après. Avec des chorégraphies plus raffinées, «chaque mouvement est un langage de politesse et de dignité». La pavane, la gaillarde, la sarabande, l’écossaise, la polka et bien d’autres genres de danse ont fait le bonheur des invités qui étaient appelés de temps à autre pour prendre part au bal sous les directives de la chorégraphe. Les robes d’époque, les dentelles et les éventails des invités et des danseuses virevoltaient avec grâce au rythme de la musique. Le présentateur de la cérémonie est intervenu entre les tableaux de danse pour raconter d’un ton poétique l’évolution de la danse et la musique qui reflètent les émotions et les valeurs de chaque époque.
Entre les danses, l’ensemble vocal polyphonique « Les voix du cœur», dirigé par la soprano tuniso-russe Emira Dakhlia, a fait son entrée au cœur de la scène. Les voix des chanteurs et des chanteuses se sont élevées pour interpréter des airs remontant à l’époque de la Renaissance ainsi que des sérénades du 18e et du 19e siècles.
La valse, «symbole d’amour, de désir et de rêve», a été incontestablement le moment le plus fort de la soirée. Des morceaux bien connus de Strauss et de Tchaïkovski ont donné le ton à cette partie de la soirée. Tous les invités, ou presque, ont répondu aux appels de la musique et quitté leurs places pour se mêler aux danseurs. Sous les lustres étincelants de la grande salle, la foule a été emportée par les airs enivrants de valse. Dans ce tourbillon chorégraphique, chaque mouvement incarnait une légèreté et une liberté comme si l’on dansait au bord du temps. «Et combien de destinées ont commencé ici même, dans la valse !», lance le présentateur de la soirée.
«Le bal du temps» s’est clôturé au bout de deux heures. Des époques révolues où l’élégance et le raffinement étaient les maîtres mots ont été ressuscitées à travers cette célébration. Par ce pont culturel où la mémoire collective se transmet par le mouvement, les participants, tunisiens et étrangers, ont dépassé leurs propres horizons pour découvrir les patrimoines des autres et s’enrichir dans une fête ouverte et chaleureuse.