
La Presse —De plus en plus, présider un club devient une tâche compliquée. Quelque chose qui ne donne pas envie comme avant. La preuve, maints clubs sont encore au point mort à la recherche d’un comité directeur et bien sûr de quelqu’un qui mène cette liste et qui fonce pour le poste de président. C’est lui qui, en fonction de ce statut, va assumer la plus lourde des tâches, le financement. C’est que, pour dire les choses telles qu’elles sont, ce n’est pas un savoir-diriger que l’on recherche, ni une compétence ou expérience, mais plutôt un profil de bailleur de fonds. Quelqu’un qui a des liquidités, qui peut prendre son carnet de chèques et subvenir aux besoins de recrutements et de fonctionnement des sections. Pas plus pour le moment. Au pire des cas, un président qui a des sponsors solides, des gens qui l’étayent si besoin est, et qui lui garantissent des fonds capables de financer les opérations du club.
C’est cela présider un club tunisien en ce moment. Faute de quoi, ce sont des profils ordinaires dans des comités provisoires qui font du porte-à-porte pour demander de l’argent, qui comptent sur les autorités pour effacer des dettes, et qui essayent de tirer le maximum des supporteurs (avec une petite capacité de financement). En même temps, gagner des titres, participer à des compétitions africaines leur permet de garantir des revenus respectables bien sûr en cas de performances.
A l’ESS, au CA, au CSS et dans d’autres clubs, ceux qui remplissent le rôle de président n’ont pas le profil de bailleur de fonds, contrairement à l’EST dont le président fait le vide autour de lui avec sa capacité de financement et son rôle de mécène qui verse de grandes sommes. Et quand il y a intersaison, les favoris au titre n’ont ni argent, ni structure, ni dirigeants investis pour négocier et finaliser des engagements. C’est ce qui se passe actuellement. Et les candidats potentiels ne sont pas très chauds pour présider un club dit «grand». Ils redoutent de se trouver seuls à éponger des millions de dinars de dettes et à subir les coups bas de partout. Ils ont raison quelque part, car le jour où ils sont aux commandes, tout le monde va se désister petit à petit. Tout cela avec les attaques et l’humiliation sur les réseaux sociaux. Personne ne les ménagera. Même ceux qui sont au même bureau, et on a des exemples des guerres fratricides dans plusieurs clubs. C’est tout à fait normal que ces candidats potentiels demandent des garanties de tous genres, financières, techniques et juridiques pour ne pas payer seuls les pots cassés par la suite. Et tout ce chaos est simple à expliquer : on n’a pas de clubs structurés et réglementés, ce sont des associations personnifiées, déficitaires et sans le moindre outil de contrôle. Ce sont des clubs laissés à leur destin sans suivi, sans programmation. S’i y a quelqu’un qui paye et met le club dans sa poche pour des années, tant mieux. Faute de quoi, ce sont des cycles de crises aiguës, et c’est le flou total chaque saison. On n’a pas de candidats au poste de président de club, mais on a un vide durable. On essaye de le colmater par des comités provisoires et des gens qui n’ont pas le poids financier et qui tâtonnent pour résoudre le problème des dettes qui a étouffé la quasi majorité des clubs. Un provisoire qui dure ? Oui. Mieux, un provisoire qui s’enracine.