
La Tunisie, comme l’attestent certains observateurs, a tout pour réussir sa reconversion en place financière internationale, du moins régionale : une position géographique avantageuse, un tissu économique assez diversifié, juste en quête de valorisation, un capital humain qualifié et une expertise certaine.
Certes, l’environnement national est déjà bien outillé avec la présence de plusieurs institutions financières, notamment bancaires, de renommée internationale, comme la Citibank, Tunis International Bank, the North Africa International Bank ou encore l’Arab Banking Corporation, mais ce potentiel a besoin de gagner encore plus, notamment en valeur, une exigence qui repose, elle-même, sur la présence d’institutions spécialisées.
Une catégorie d’institutions très importantes car elle a cette capacité d’assurer à toute économie locale «une expertise pointue dans les domaines spécifiques, de garantir les nouveaux types d’investissement, notamment à haute valeur ajoutée, et qui tiennent compte généralement des besoins réels de l’appareil productif local, et d’aider sensiblement à la gestion des opérations complexes». Elle a également le mérite d’élargir la marge de manœuvre, notamment des entreprises, et de leur offrir, ainsi, plus de flexibilité et de sécurité financières.
Ainsi, l’annonce de l’ouverture prochaine d’un bureau régional de la Banque africaine d’import-export (Afreximbank), à Tunis, est à prendre avec beaucoup d’optimisme. En effet, en raison de la nature de son activité, cette institution est en mesure d’apporter à l’économie tunisienne, et à l’entreprise en particulier, des réponses positives concrètes en termes, entre autres, de stratégie, de conseil, de services de garantie, de financement ou encore d’accompagnement et d’encadrement.
Reste que le plus important consistera, certainement, à soutenir et à valoriser les transactions commerciales intra-africaines, jusque-là timides et peu valorisantes. Cela est d’autant plus vrai que ce groupe cherche toujours, conformément à son statut, à aider les entreprises en panne de solutions à identifier de nouvelles niches.
Mieux encore, forte de son expérience et de son réseau, Afreximbank devrait offrir aux entreprises locales la possibilité d’établir des partenariats stratégiques et de se doter ainsi d’une meilleure capacité concurrentielle. Le secteur financier serait, lui aussi, bien servi, car une telle implantation pousserait les banques locales à voir plus grand, à élargir leur champ d’action et à mieux intégrer le circuit financier panafricain. Des éléments essentiels pour gagner en performance mais aussi et surtout en internationalisation. Et c’est l’économie nationale, dans son ensemble, qui en sortira, de toute évidence, largement bénéficiaire.
Mais ce qui est encore plus important, c’est que ce projet s’inscrit au cœur même des nouveaux objectifs des décideurs africains qui ambitionnent, comme l’a réaffirmé, tout récemment, le Président de la République, de réinventer l’Afrique et d’instaurer, grâce au potentiel disponible, les bases solides d’un continent «souverain, solidaire et prospère». Un objectif qui nécessite, lui-même, la mobilisation d’une «diaspora africaine de haute qualification, capable non seulement de garantir la souveraineté économique de l’Afrique mais aussi et surtout d’assurer sa durabilité».