
Des mots qui résonnent dans son œuvre actuelle qui s’inscrit aussi dans ce sens instinctif qu’a l’artiste pour la nature depuis ses premières œuvres, faisant parler la terre et ses créatures à travers des œuvres lumineuses, chargées de feuillages, de poissons, d’oiseaux, de signes et de mots.
La Presse — Après son exposition «L’arbre de l’imaginaire» abritée par la librairie Mille-feuilles en juin 2023, l’artiste visuel et écrivain, Amor Ghedamsi, présente, à partir du 14 juin, une nouvelle exposition personnelle intitulée «Le Messager-Wassaya El Tayr», cette fois à Archivart Gallery.
Originaire de la ville de Ghadamès, Amor Ghedamsi expose depuis le milieu des années 1990. Son travail a été présenté dans de nombreuses galeries privées en Tunisie et à l’étranger, ainsi qu’au Musée d’Art Moderne et Contemporain. Il a, également, exposé à la galerie Boushahri au Koweït, au Regency Hotel à Doha, à The Mojo Gallery à Dubaï, et à l’exposition Grands Peintres du Maghreb à L’Haÿ-les-Roses, près de Paris.
En parallèle de son parcours en galerie, il a participé à plusieurs biennales et symposiums internationaux, notamment au Caire, en Jordanie, à Téhéran, en Crète et à Doha, affirmant ainsi sa présence sur la scène artistique internationale.
«Avant l’arbre du péché originel, l’Histoire de l’Homme n’existait pas encore. C’est avec l’arbre orienté vers la terre que l’histoire des humains a commencé. Mon humanité ne peut pas être située en dehors de cette noble conception. J’ai la conscience d’appartenir à une immense iconographie éparpillée à travers les anciens manuscrits, l’art de la miniature, les arts de la peinture populaire et les morceaux de tissus que les femmes du village nouaient autour des branches des arbres sacrés. Là-bas, au fond du Sahara, dans la ville de Ghadamès, les femmes accomplissent le baptême des nouvelles maisons en dessinant des motifs végétaux sur leurs murs», a-t-il noté dans un texte en arabe (traduit par Amel Bouslama) à propos de sa précédente exposition.
Des mots qui résonnent dans son œuvre actuelle qui s’inscrit aussi dans ce sens instinctif qu’a l’artiste pour la nature depuis ses premières œuvres, faisant parler la terre et ses créatures à travers des œuvres lumineuses, chargées de feuillages, de poissons, d’oiseaux, de signes et de mots : des représentations sipirituelles porteuses de sens et d’un message. «À travers tout ceci, je me réapproprie un langage oublié que jadis les entités vivantes avaient l’habitude de pratiquer entre elles, c’est le langage d’avant la rupture et d’avant la fêlure», écrit encore Ghedamsi.
En parlant de sa nouvelle exposition «Le Messager-Wassaya El Tayr», l’artiste explique que le titre renvoie à la portée symbolique de la figure de l’oiseau qui porte en lui un message et nous lègue un testament, un héritage renvoyant à ce lien perdu entre l’absolu et le terrestre.
Et d’ajouter: «L’humain est une des mélodies qui composent la musique de cet univers, avec celles des animaux et des végétaux qui ont leurs propres modes de communication, leurs langages et leurs langues. On a perdu la conscience de cette appartenance à un tout, à cette musique grandiose et fascinante qui nous dépasse. L’exposition rend hommage à ce lien avec la nature, avec les autres êtres vivants».
Il écrit: «Ce que je formule visuellement ne relève ni d’un discours rétrospectif ni ne préfigure un discours nouveau. Il s’agit plutôt de tenter de construire des phrases visuelles qui renvoient à des notions, telles que la trace et le signe, la révélation et l’absence, l’effacement et la transformation, l’apparent et le caché — des significations qui nous invitent à méditer sur l’existence et l’être.
Des notions qui ressemblent à cet outil simple qu’une mère a utilisé pour extraire la terre glaise, avec laquelle ses enfants allaient jouer et se réjouir. Ce que je dessine renvoie au temps de l’innocence, où il nous faudrait retrouver notre enfance pour croire que ce que cette mère a fabriqué était de véritables jouets…».