Accueil A la une Crise économique mondiale : Saut dans l’inconnu !

Crise économique mondiale : Saut dans l’inconnu !

En 2025, le monde se trouve au bord d’un saut périlleux économique. Entre conflits internationaux, flambée des prix de l’énergie et perturbations des chaînes d’approvisionnement, les marchés financiers sont pris de panique et les perspectives de croissance s’assombrissent rapidement. Comme un plongeur hésitant au bord du tremplin, la planète entière est suspendue à un moment critique dont les conséquences risquent d’être lourdes et durables. Face à ce saut dans l’inconnu, gouvernements, institutions et entreprises cherchent désespérément des réponses pour éviter un effondrement généralisé.

La Presse — Entre l’agression sioniste contre la République islamique d’Iran et l’escalade des tensions entre les États-Unis et la Chine, le climat géopolitique mondial s’est brutalement dégradé, plongeant les marchés financiers dans une profonde incertitude. Cette instabilité a provoqué une ruée vers les valeurs refuges : l’or a bondi à 2.400 dollars l’once, un record historique. Dans le même temps, le prix du baril de Brent a franchi les 130 dollars, attisant les craintes d’un nouveau choc pétrolier comparable à celui des années 1970. Résultat, les principales Bourses mondiales – de Paris à Francfort, en passant par Tokyo et New York – ont accusé une baisse moyenne de 6 % en l’espace d’une semaine, signe d’une nervosité généralisée des investisseurs.

Un monde fragmenté

« Le monde entre dans une zone grise où la géopolitique prend le pas sur l’économie », estime Mohamed El-Erian, conseiller économique chez Allianz, le géant allemand de l’assurance. Il ajoute : « Nous faisons face à un risque de stagflation, avec une inflation persistante et une croissance en panne ». Il explique que la stagflation est un terme économique qui désigne une situation particulièrement difficile où coexistent trois phénomènes : une stagnation économique, une inflation et un chômage élevés. 

De leur côté, les institutions internationales s’alarment. La Banque mondiale a révisé ses prévisions de croissance pour 2025 à 2,3 %, contre 2,6 % initialement, un niveau historiquement bas. Le Fonds monétaire international (FMI) avertit de son côté que la combinaison d’un pétrole cher, de chaînes logistiques perturbées et d’un climat de défiance généralisée pourrait coûter jusqu’à 1.000 milliards de dollars à l’économie mondiale.

« Le monde est devenu plus fragmenté. Cette crise illustre à quel point notre dépendance à certaines régions stratégiques — le détroit d’Hormuz, les usines de semi-conducteurs à Taïwan — rend l’économie mondiale vulnérable », souligne Kristalina Georgieva, directrice générale du FMI.

Des turbulences qui touchent l’économie réelle

Si les marchés financiers sont les premiers à réagir, les effets concrets de la crise géopolitique se propagent rapidement au cœur de l’économie réelle. Le secteur de l’aviation, très exposé au prix du kérosène, a vu ses coûts d’exploitation grimper de 15 % en un mois. Dans l’agroalimentaire, les prix du blé et du maïs repartent à la hausse, notamment à cause de nouvelles tensions en mer Noire.

« Nos fournisseurs ukrainiens et russes ne peuvent plus garantir les délais de livraison. Nous devons chercher d’autres sources, souvent plus chères », témoigne un directeur logistique d’une entreprise agroindustrielle tunisienne. Résultat : le prix de certains produits de base a déjà augmenté de 8 à 12 % sur les marchés nord-africains.

Si les économies développées disposent encore de marges de manœuvre budgétaires, les pays émergents sont en première ligne. La hausse des taux d’intérêt mondiaux, enclenchée pour juguler l’inflation, alourdit leur dette publique déjà critique. Selon la Banque mondiale, plus de 30 pays à revenu faible ou intermédiaire sont aujourd’hui exposés à un risque élevé de surendettement.

« Nous voyons émerger une double fracture : économique entre le Nord et le Sud, et sociale à l’intérieur des pays, avec une classe moyenne laminée », déplore l’économiste Dalia Ghali, spécialiste des économies du Maghreb.

Une pression accrue sur la Tunisie

En Tunisie, fortement dépendante des importations énergétiques, la flambée des prix internationaux alourdit une balance commerciale déjà déficitaire. Les réserves de change s’érodent sous l’effet combiné de la hausse du dollar et du renchérissement des matières premières. A cela s’ajoutent des tensions internes liées à l’inflation importée, qui pèsent sur le pouvoir d’achat et les équilibres macroéconomiques.

Face à la crise, les banques centrales sont dans une impasse. Relancer l’économie risquerait d’alimenter l’inflation, mais maintenir des taux élevés pourrait plomber l’investissement. La Réserve fédérale des Etats-Unis (la Fed) a choisi de maintenir son taux directeur à 5,5 %, tandis que la Banque centrale européenne (BCE) reste prudente, redoutant une récession en zone euro.

Les gouvernements, quant à eux, peinent à trouver une réponse coordonnée. Les tensions diplomatiques entre blocs — Etats-Unis/UE d’un côté, Chine/Russie/Iran de l’autre — compliquent les discussions au sein du G20. Le retour de mesures protectionnistes, notamment sur les matières premières et les composants technologiques, fragilise encore davantage le commerce mondial.

Quel avenir pour l’économie mondiale ?

La crise actuelle marque peut-être un tournant historique. Pour certains analystes, elle pourrait accélérer la régionalisation des échanges, la dédollarisation progressive de certains blocs, ou encore la transition vers des chaînes d’approvisionnement plus résilientes, mais aussi plus coûteuses.

« Le monde post-crise sera probablement plus instable, plus fragmenté, et plus cher », prévient Richard Fontaine, président du « think tank Center for a New American Security ». « Mais cela peut aussi être une opportunité pour repenser un modèle économique plus durable».

Dans un monde où les chocs politiques deviennent des catalyseurs économiques, les mois à venir seront décisifs. Diplomatie, résilience économique et coopération internationale ne sont plus des options, mais des impératifs, si l’on veut éviter une spirale mondiale de récession, de fragmentation et de tensions sociales. 

Le compte à rebours est bel et bien lancé.

Charger plus d'articles
Charger plus par Saoussen BOULEKBACHE
Charger plus dans A la une

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *