Accueil A la une 40 000 cerveaux en fuite : qui construira la Tunisie de demain ?

40 000 cerveaux en fuite : qui construira la Tunisie de demain ?

La Tunisie fait face à un exode alarmant de ses ingénieurs. Selon le nouveau président de l’Ordre des ingénieurs, Mohsen Gharsi, environ 40 000 ingénieurs ont quitté le pays au cours des dernières années, un chiffre qui soulève de vives inquiétudes quant à l’avenir des grands projets d’infrastructure et de développement national.

S’exprimant ce mardi 22 juillet 2025 lors de la deuxième édition du Tunisia Global Forum qui s’est tenue sous le thème “Innover pour attirer. Investir pour transformer”, Gharssi a qualifié cette hémorragie de “point noir” dans le paysage socio-économique tunisien. Il a tiré la sonnette d’alarme sur les conditions de vie précaires des ingénieurs, soulignant que les bas salaires et l’absence de perspectives professionnelles sont les principaux moteurs de cette migration massive.

“L’ingénieur tunisien n’est plus en mesure de survivre avec un salaire dérisoire. Il est urgent de revoir leur statut et leurs conditions de travail”, a encore précisé Mohsen Gharssi.

Face à cette situation jugée critique, le doyen a interpellé le président de la République, Kaïs Saïed, afin de prendre des mesures urgentes. Il appelle à l’adoption d’un cadre légal spécifique pour la profession d’ingénieur, ainsi qu’à la fixation d’un salaire de référence unifié pour garantir un minimum de stabilité.

Mais au-delà de l’aspect social, Mohsen Gharssi a insisté sur les conséquences sécuritaires et économiques de cette fuite des cerveaux, qualifiant la question de la migration des ingénieurs de “dossier de sécurité nationale”. “Si nos ingénieurs ne sont plus là pour mener les grands projets, alors qui le fera ?”, s’est-il interrogé, estimant que leur absence menace directement les ambitions de développement du pays.

Dans un appel symbolique aux ingénieurs de la diaspora, Gharssi a déclaré : “La charité ne commence que si les enfants de la maison se soutiennent entre eux”, soulignant l’urgence de retenir les compétences locales et de valoriser leur rôle dans l’économie et la société, notamment à l’intérieur du pays.

Malgré ce constat inquiétant, un espoir semble émerger du côté de la diaspora. Amine Alloulou, président de l’Association des Tunisiens diplômés des grandes écoles, a révélé qu’une majorité des compétences tunisiennes à l’étranger – plus de 70 % – songent à revenir pour lancer des projets dans leur pays d’origine. Cette tendance, observée à travers des sondages récents, laisse entrevoir une possibilité de redynamisation du tissu économique national.

Alloulou a assuré que les institutions tunisiennes sont conscientes de l’enjeu et prêtes à accompagner le retour des talents par des mécanismes de soutien adaptés.

Charger plus d'articles
Charger plus par Meriem KHDIMALLAH
Charger plus dans A la une

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *