
Quand on évoque Latifa, avec ses 35 albums et ses tubes qui n’ont pas pris une ride, c’est tout un pan du passé que l’on voit défiler devant nos yeux.
La Presse —À l’occasion du 25 juillet, fête de la République, et dans le cadre du Festival International de Carthage, le public a eu le plaisir d’accueillir Latifa, marquant ainsi son grand retour dans un théâtre archicomble. Plus qu’un simple spectacle, c’est un événement à haute portée culturelle, mais surtout émotionnelle, entre mémoire musicale et fête nationale.
Latifa est incontestablement une véritable icône de la musique tunisienne et arabe. Sa notoriété dépasse largement les frontières du pays, portée par une carrière remarquable de plus de trente ans. Durant ce parcours impressionnant, elle a su s’entourer des plus grands noms de la scène musicale arabe tels que Ammar Cherii, Kadim Al Sahir et Ziad Rahabani.
Il ne s’agit donc en aucun cas de contester ses compétences vocales et de chercher obstinément des erreurs et des fausses notes. Quand on évoque Latifa, avec ses 35 albums et ses tubes qui n’ont pas pris une ride, c’est tout un pan du passé que l’on voit défiler devant nos yeux. Des générations entières ont grandi bercées par ses chansons romantiques et patriotiques.
Le choix de Latifa pour célébrer cette soirée du 25 juillet, jour de la Fête de la République, n’est donc pas du pur hasard. La présence sur scène de cette artiste qui incarne, par sa longue carrière et sa réussite, le rayonnement culturel de la Tunisie est hautement symbolique en ce jour de fête. Ce retour n’est donc pas seulement celui d’une chanteuse, mais d’un symbole culturel qui a construit une identité musicale tunisienne ouverte, moderne et fière de ses racines.
De plus, le show musical qu’elle a livré est à évaluer non pas en détails mais en l’impact émotionnel. Applaudissements, youyous, couplets entiers repris en chœur, différentes réactions attendues témoignent d’un public manifestement touché. Ce qu’il y a de spécial encore, c’est le nombre de spectateurs venus avec des drapeaux de la Tunisie, prêts à célébrer la fête de la République en musique.
En différents formats et différentes tailles, en tissu ou en carton, les drapeaux ont été remués dans les gradins et les chaises. Latifa a livré une performance généreuse sans que le temps n’ait d’emprise sur son art. Le public présent a vécu un moment de communion en chantant haut et fort des chansons patriotiques devenues presque l’équivalent d’un hymne qui réunit les jeunes et les moins jeunes en ce jour de fête nationale.
Latifa, elle-même, n’a pas pu retenir ses larmes. Même quand la musique s’est arrêtée, les spectateurs ont repris avec l’artiste les couplets et les refrains. Un même souffle les anime, c’est l’amour du pays, cette sensation d’unité qui transcende les différences individuelles. Ils ont été tellement imprégnés de cette énergie collective qu’ils ont quitté l’amphithéâtre à la fin du concert en continuant à chanter «Li Tahya Tounes» jusqu’au portail principal.
Quand on voit cette ambiance de célébration, de retrouvailles, la ferveur du public, on se dit que le concert a fortement réussi à atteindre ses objectifs. Il est clair aussi que Latifa est de ceux qui semblent traverser les décennies sans jamais perdre leur éclat.
Lors de la conférence de presse, la star est revenue sur les préparatifs de ce concert qui ont pris deux mois avec une grande pression vu la responsabilité. Ce show musical incarne pour elle un rêve qui se concrétise et sera reproduit en intégrale en Europe et dans de nombreux pays arabes.
À propos de ses chansons engagées, Latifa a affirmé qu’il est impossible de rester indifférent aux souffrances du monde. Elle a également insisté sur l’importance de rester à l’écoute des tendances musicales, tout en y insufflant sa propre identité artistique. «J’évolue avec mon époque», a lancé Latifa.
Elle a souligné dans ce sens l’importance de collaborer avec une équipe jeune pour les paroles, la musique et la mise en scène. Pour garantir son indépendance, elle a acquis depuis de longues années sa propre maison de disques. Latifa a répondu aux questions sur sa présence intense sur les plateformes où elle a su s’imposer, étant en tête des «trends» à côté d’Amr Diab.
Elle a expliqué que ces réseaux ont un rôle déterminant dans le sens où les réactions sont authentiques et directes. Elle a également rappelé qu’elle souhaite participer en tant qu’actrice à une œuvre dramatique et qu’elle est ouverte aux propositions en Tunisie ou ailleurs. Concernant ses prochains projets, des clips de son dernier album seront bientôt tournés en Tunisie.