
Cnuced
46 pays africains dépendants des exportations de matières premières
Alors que le monde connaît de plus en plus des périodes marquées par une grande instabilité des prix des produits de base et par des chocs mondiaux qui font varier l’offre et la demande, le rapport du Cnuced, publié récemment, indique que l’ajout de la valeur aux matières premières constitue la clé de la transition vers une économie plus prospère et plus résiliente.
Sur les 54 pays du continent africain, 46 sont actuellement dépendants des exportations de matières premières comme les hydrocarbures, les produits agricoles et les minerais.
Le rapport précise qu’un pays est considéré comme étant dépendant des matières premières lorsque celles-ci représentent plus de 60 % du total de ses exportations de marchandises. Compte tenu de cette définition, neuf pays africains seulement ne sont pas dépendants des matières premières : la Tunisie, le Maroc, l’Egypte, Djibouti, Comores, Maurice, Eswatini et Lesotho.
Les sous-régions de l’Afrique centrale et de l’Afrique de l’Ouest affichent une dépendance extrême à l’égard des matières premières, 100 % des pays de ces deux sous-régions étant concernés. L’intensité de cette dépendance est très préoccupante dans les deux sous-régions du continent : 80 % en Afrique centrale et 75 % en Afrique de l’Ouest.
L’Afrique de l’Est présente une situation tout aussi difficile, avec 15 pays sur 18 (83 %) affichant une dépendance vis-à-vis des matières premières. Dans le détail, 11 pays sont dépendants des exportations de produits énergétiques, contre 15 aux produits agricoles et 20 aux minerais. Le rapport, qui se base sur des données couvrant la période 2021-2023 et les compare aux données relatives à la période 2012-2014, montre que l’Afrique concentre ainsi 46,6 % des pays dépendants aux matières premières à l’échelle mondiale.
Cette dépendance est extrêmement forte dans des pays comme le Soudan du Sud (100 %), la Libye (99 %), le Tchad (99 %), l’Angola (98 %), le Soudan (98 %), la Somalie (98 %) et l’Algérie (96 %).
Globalement, les exportations de produits de base de l’Afrique ont diminué de 5,6 % entre la période 2012-2014 et la période 2021-2023, en raison notamment d’une baisse des exportations de produits énergétiques par le Nigeria, l’Angola et l’Algérie. En conséquence, les recettes totales provenant des exportations de produits de base par le continent ont chuté de plus de 25 milliards de dollars par rapport à la décennie précédente, pour s’établir à 467 milliards de dollars sur la période 2021-2023.
Le rapport souligne par ailleurs que le commerce mondial des matières premières a représenté 32,7 % des échanges globaux des marchandises durant la période 2021-2023. La région Asie-Océanie est la première source mondiale des exportations de matières premières, représentant 37,1% du total des exportations entre 2021 et 2023. Elle est suivie par l’Europe (33,7 %), les Amériques (22,7 %) et l’Afrique (6,6 %).
Industrie
Un secteur clé pour l’attractivité à long terme
Le secteur industriel en Afrique connaît une croissance significative, avec une valeur ajoutée estimée à près de 78 milliards de dollars et une production totale d’environ 285 milliards de dollars d’ici la fin 2025.
Malgré une baisse prévue du flux d’investissements directs étrangers (FDI), estimée à 4 %, et un déclin du taux de croissance annuel composé (Cagr) entre 2025 et 2029, l’industrie africaine se positionne comme un secteur clé pour l’attractivité à long terme.
Ce secteur emploie aujourd’hui plus de 235.000 entreprises, avec une valeur ajoutée par habitant de 98 dollars, une marge de valeur ajoutée de 27 % et une intensité manufacturière de 14,3 %. En pleine transformation, il constitue un levier fondamental pour la diversification économique, la création d’emplois et la compétitivité internationale. Plusieurs pays ont émergé comme des pôles de production et d’innovation, renforçant leur influence dans le tissu industriel du continent.