Le président Donald Trump a signé un décret instaurant de lourdes surtaxes douanières sur les produits importés de plusieurs dizaines de pays. Si certains Etats asiatiques accueillent ces mesures avec un certain soulagement, d’autres, dont le Canada et la Suisse, sont durement frappés.
Ces nouvelles barrières commerciales risquent de bouleverser l’ordre économique mondial et soulèvent des interrogations juridiques aux Etats-Unis.
La Presse — Le 4 juillet 2025, le président américain Donald Trump a officialisé un décret établissant de nouvelles surtaxes douanières frappant les importations de dizaines de pays. Ces mesures, qui entreront en vigueur le 7 août, perturbent l’ordre économique mondial et pèsent particulièrement sur des pays comme le Canada et la Suisse.
Alors que certains pays d’Asie redoutaient un alourdissement des taxes, ils ont finalement accueilli ces nouvelles barrières avec un soupir de soulagement, ces droits s’ajoutant à ceux déjà en place avant le retour de M. Trump au pouvoir. La Maison Blanche a accordé un délai supplémentaire de quelques jours pour permettre aux services douaniers américains de s’organiser.
Malgré ce répit, les marchés asiatiques ont réagi négativement à l’annonce, entraînant un recul des Bourses régionales. Experts et observateurs mettent en garde contre les risques d’un ralentissement de l’économie mondiale, estimant que ces surtaxes freinent les échanges, alourdissent les coûts pour les entreprises et font grimper les prix à la consommation.
Wendy Cutler, vice-présidente de l’Asia Society Policy Institute, souligne que ce décret, ainsi que les accords commerciaux conclus récemment, marquent une rupture nette avec les règles du commerce international en vigueur depuis la Seconde Guerre mondiale.
Tensions et exceptions
Pour certains pays, comme l’Inde, la hausse de la surtaxe, fixée à 25 %, était attendue après de longs mois de négociations avec Washington. L’Union européenne, le Japon et la Corée du Sud voient leurs exportations taxées à hauteur de 15 %, tandis que le Royaume-Uni est frappé à 10 %. L’UE a obtenu une exemption pour certains secteurs clés.
Du côté de la Suisse, la nouvelle surtaxe de 39 % dépasse largement le taux initialement annoncé (31 %), provoquant une vive déception. Les autorités suisses poursuivent leurs efforts pour négocier une solution avec les Etats-Unis.
Le Canada est également durement touché, avec une augmentation des droits de douane passant de 25 % à 35 %, sauf pour les produits couverts par l’accord de libre-échange nord-américain. La Maison Blanche justifie cette mesure par le manque de coopération canadienne pour limiter l’entrée de fentanyl et autres drogues aux États-Unis, ainsi que par des représailles à des mesures prises par Ottawa contre Washington.
Les surtaxes les plus élevées concernent la Syrie (41 %) et le Laos (40 %). Plusieurs pays asiatiques, dépendants du marché américain, ont exprimé leur satisfaction d’avoir échappé à des taux encore plus élevés, à l’instar de la Thaïlande (19 % contre 36 % initialement) ou du Cambodge (19 % contre 49 %).
Taïwan, frappée par un taux de 20 %, espère également une réduction. Le Mexique bénéficie d’un sursis de 90 jours avant toute hausse de ses droits de douane, échappant pour l’instant à ces mesures punitives. Plus tôt dans la semaine, le Brésil a été sanctionné par une surtaxe de 50 % sur ses exportations vers les États-Unis, en représailles aux poursuites judiciaires visant l’ex-président Jair Bolsonaro, allié politique de Donald Trump.
Par ailleurs, une Cour d’appel fédérale à Washington examine actuellement la légalité de ces surtaxes, certains plaignants dénonçant un dépassement inédit des pouvoirs présidentiels sans approbation du Congrès.
La Maison Blanche a déjà annoncé son intention de porter l’affaire devant la Cour suprême si la décision lui est défavorable.
Où va-t-on avec ces nouvelles taxes douanières américaines?
Ces nouvelles surtaxes reflètent la volonté affirmée des États-Unis de protéger leur industrie nationale et de réduire leur déficit commercial en imposant des barrières plus strictes aux importations. Cette orientation, qualifiée de protectionniste, vise à restructurer le commerce mondial en faveur des travailleurs américains, mais elle soulève de nombreuses inquiétudes.
À court terme, ces mesures risquent de ralentir le commerce international en augmentant les coûts et en suscitant des tensions avec les partenaires commerciaux. Les prix à la consommation pourraient augmenter, les entreprises américaines répercutant les surtaxes sur leurs clients. Par ailleurs, les représailles des pays touchés pourraient déclencher une escalade des conflits commerciaux.
Sur le plan politique et juridique, ces décisions suscitent une controverse sur la légitimité présidentielle à imposer de telles mesures sans l’accord du Congrès, ce qui pourrait entraîner des blocages judiciaires et politiques importants. Enfin, cette évolution pourrait pousser les entreprises à revoir leurs chaînes d’approvisionnement et à relocaliser certaines productions pour limiter leur exposition à ces barrières tarifaires, participant ainsi à une fragmentation accrue du commerce mondial.
