
• Berlin, jusqu’ici l’un des plus fidèles alliés, a réagi en suspendant les exportations des armes que l’entité sioniste pourrait utiliser dans l’enclave palestinienne
• Le Hamas dénonce un « nouveau crime de guerre» qui «coûtera cher» à l’armée d’occupation
SYNTHÈSE — De l’Allemagne, l’un des plus fidèles alliés de l’entité sioniste, qui a annoncé suspendre les exportations d’armes susceptibles d’être utilisées par l’Etat yoyou dans la bande de Gaza à la Chine qui a dénoncé des «actions dangereuses», le plan sioniste de contrôle de la ville de Gaza a suscité une vaste réprobation internationale.
Selon le plan validé dans la nuit de jeudi à vendredi (hier) par le cabinet de sécurité sioniste, l’armée d’occupation «se prépare à prendre le contrôle de la ville de Gaza tout en distribuant une aide humanitaire à la population civile en dehors des zones de combat», indique un communiqué des bureaux du Premier ministre.
«Le cabinet de sécurité — par un vote à la majorité — a adopté cinq principes pour conclure la guerre: le désarmement du Hamas ; le retour de tous les otages — vivants et morts — ; la démilitarisation de la bande de Gaza ; le contrôle sécuritaire israélien dans la bande de Gaza ; l’établissement d’une administration civile alternative qui ne soit ni le Hamas ni l’Autorité palestinienne», ajoute le texte.
«Catastrophe»
Le chef de l’opposition sioniste, Yaïr Lapid, a dénoncé hier matin sur X la décision du cabinet, la qualifiant de «catastrophe qui va entraîner beaucoup d’autres catastrophes». Il a estimé que ce plan allait amener «la mort des otages, celle de nombreux soldats, coûter des dizaines de milliards aux contribuables israéliens et (provoquer) une faillite diplomatique».
Plus tôt, jeudi, le Premier ministre sioniste avait annoncé sur Fox News que l’entité sioniste avait «l’intention» de prendre le contrôle de l’enclave mais « pas (de) la gouverner» ou de la «garder».
Actuellement, l’armée sioniste occupe ou opère au sol dans près de 75% de la bande de Gaza, principalement depuis ses positions permanentes dans le territoire le long de la frontière. Elle bombarde partout où elle le juge nécessaire.
Actuellement, l’armée sioniste occupe ou opère au sol dans près de 75% de la bande de Gaza, principalement depuis ses positions permanentes dans le territoire le long de la frontière. Elle bombarde partout où elle le juge nécessaire.
«Pas une promenade de santé»
Le Hamas a quant à lui parlé d’un «nouveau crime de guerre» : «une aventure criminelle qui lui coûtera cher» et aboutira au «sacrifice des otages», a affirmé hier le Hamas.
«L’approbation par le cabinet sioniste des plans visant à occuper la ville de Gaza et à évacuer ses habitants constitue un nouveau crime de guerre que l’armée d’occupation souhaite commettre contre la ville et ses près d’un million d’habitants», a réagi le mouvement palestinien. «Cette aventure criminelle coûtera cher et ne sera pas un voyage facile» pour l’armée sioniste, ajoute ce communiqué diffusé sur Telegram.
Toujours, selon le Hamas, cette décision d’occuper Gaza-City confirme que Benjamin Netanyahu et son gouvernement « ne se soucient pas du sort de leurs otages ». «Ils ont compris que l’extension de l’agression signifie leur sacrifice, révélant leur imprudence envers la vie des prisonniers pour des objectifs politiques ayant déjà échoué», soutien le mouvement palestinien, qui retient toujours 49 otages, dont 27 sont présumés morts, depuis son attaque sanglante le 7 octobre 2023 depuis Gaza en territoire sioniste.
Dénonçant «un revirement flagrant du processus de négociation (…) malgré la proximité d’un accord final», le mouvement palestinien assure que «toute escalade (…) ne sera pas une promenade de santé et aura un coût élevé et douloureux» pour l’entité sioniste.
Le Hamas soutient «qu’il n’épargnera aucun effort pour prendre toutes les mesures afin de préparer le terrain à un accord, y compris avancer vers un accord global pour libérer tous les prisonniers de l’occupation en une seule fois, parvenir à un arrêt de la guerre et au retrait des forces d’occupation».
Et les premières réactions internationales ne se sont pas fait attendre :
ONU
Le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, a mis en garde l’entité sioniste, par la voix d’une porte-parole, contre «une escalade dangereuse» qui «risque d’aggraver les conséquences déjà catastrophiques pour des millions de Palestiniens».
Le plan du gouvernement sioniste «doit être immédiatement stoppé», a lancé le Haut-Commissaire aux droits de l’homme Volker Türk, car il «va à l’encontre de la décision de la Cour internationale de justice selon laquelle Israël doit mettre fin à son occupation dès que possible, de la réalisation de la solution à deux Etats convenue et du droit des Palestiniens à l’autodétermination».
«Tout porte à penser que cette nouvelle escalade entraînera des déplacements forcés encore plus massifs, plus de meurtres,
plus de souffrances insoutenables, des destructions insensées et des crimes atroces», dénonce le Haut-Commissaire.
Le Conseil de sécurité de l’ONU devrait tenir aujourd’hui à 19H00 GMT une réunion d’urgence sur Gaza ont indiqué à l’AFP plusieurs sources diplomatiques.
Allemagne
L’Allemagne a amorcé hier un changement de cap majeur vis-à-vis de l’entité sioniste, dont il était jusqu’ici l’un des plus fidèles alliés, en annonçant suspendre les exportations d’armes que l’Etat sioniste pourrait utiliser à Gaza.
Il devient «de plus en plus difficile de comprendre» en quoi le plan militaire sioniste permettrait d’atteindre ses objectifs dans la bande de Gaza, a asséné dans un communiqué le chancelier allemand Friedrich Merz. «Dans ces circonstances, le gouvernement allemand n’autorise pas, jusqu’à nouvel ordre, les exportations d’équipements militaires susceptibles d’être utilisés dans la bande de Gaza», a ajouté M. Merz, officiellement parti en vacances mercredi.
Union européenne
La présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen a exhorté l’entité sioniste à «revenir» sur son plan pour Gaza. «Le gouvernement israélien doit revenir sur sa décision de prolonger son opération militaire à Gaza», a dit la cheffe de l’Exécutif européen sur le réseau social X. «Un cessez-le-feu est nécessaire immédiatement», a-t-elle affirmé, appelant à ce que l’aide humanitaire accède «immédiatement et sans entrave à Gaza».
Fin juin, la Commission européenne avait déjà estimé que l’entité sioniste violait un article de l’accord d’association qui l’unit à l’UE, en matière de respect des droits de l’homme, en raison de la situation humanitaire désastreuse à Gaza. En guise de riposte, elle avait ensuite proposé de suspendre certains financements européens pour des start-up sionistes. Cette proposition est examinée depuis plusieurs jours parmi les Etats membres qui ne l’ont pas encore validée.
Au sein même de la Commission, les lignes commencent elles aussi à bouger. Dans une interview donnée à Politico cette semaine, sa vice-présidente Teresa Ribera a estimé que la situation à Gaza « ressemblait beaucoup» à un «génocide».
Royaume-Uni
«La décision du gouvernement israélien d’intensifier son offensive à Gaza est une erreur et nous l’exhortons à (la) reconsidérer immédiatement», a com- menté le Premier ministre britannique Keir Starmer. «Cette action ne contri- buera en rien à mettre fin au conflit ni à obtenir la libération des otages. Elle ne fera qu’engendrer davantage de massacres», a-t-il conclu.
Jordanie
Le roi Abdallah II de Jordanie a fait état de son « rejet catégorique » du plan sioniste qui « sape la solution à deux Etats et les droits du peuple palestinien », dans une conversation téléphonique avec le président palestinien Mahmoud Abbas.
Belgique
La Belgique a quant à elle annoncé convoquer l’ambassadrice de l’entité sioniste après l’annonce du plan sioniste pour Gaza. « L’objectif est clairement de témoigner de notre totale désapprobation quant à cette décision », a affirmé le ministre belge des Affaires étrangères, Maxime Prévot.
Espagne
Le plan sioniste ne provoquera « que davantage de destructions et de souffrances», a jugé le ministre espagnol des Affaires étrangères, Manuel Albares.
Chine
Pékin a exprimé sa «grave inquiétude», exhortant l’entité sioniste à « cesser immédiatement ses actions dangereuses». «Gaza appartient au peuple palestinien» et est une «partie intégrante du territoire palestinien», a réagi la diplomatie chinoise.
Arabie saoudite
L’Arabie saoudite «condamne catégoriquement la poursuite des crimes de famine, des pratiques brutales et d’un nettoyage ethnique contre le peuple palestinien frère».
Turquie
Le ministère turc des Affaires étrangères a «appelé la communauté internationale à assumer ses responsabilités en vue d’empêcher la mise en œuvre» du plan sioniste qui «vise à déplacer de force les Palestiniens de leur propre terre en rendant Gaza inhabitable».
Suisse
«L’intensification des hostilités risque d’aggraver encore la situation humanitaire déjà catastrophique », selon le ministère suisse des Affaires étrangères.
Egypte
Le ministère égyptien des Affaires étrangères a condamné «dans les termes les plus forts» le plan sioniste.