
La réalisation du développement régional et territorial intégré et durable en Tunisie ainsi que la réduction des disparités régionales sont un chantier entamé depuis des années par l’Etat, qui a mis en place des politiques et des programmes économiques et sociaux dans toutes les régions du pays visant en priorité la création de la richesse, la réduction de la pauvreté et des inégalités et l’amélioration de l’employabilité des jeunes.
La Presse — Le dernier rapport publié récemment par l’Institut tunisien de la compétitivité et des études quantitatives (Itceq) sur « l’Indice de développement régional 2024 » a pour objectif de mesurer le niveau d’efficience des régions dans l’utilisation des facteurs socioéconomiques pour promouvoir le développement régional.
Discerner les éventuelles défaillances
Ce rapport ouvre donc la voie à d’autres études pour approfondir la réflexion sur le développement économique et social à travers une gouvernance territoriale, une bonne gestion et une utilisation optimale des ressources matérielles et immatérielles que possède chaque région.
Toutefois, le niveau de développement diffère en créant des dysfonctionnements en matière d’ inégalités et de disparités. Le pays a donc besoin de régions dynamiques et compétitives qui doivent répondre aux besoins de la population et atteindre les objectifs économiques et sociaux. C’est dans cette logique que le développement régional intervient pour compléter les politiques et les mesures prises par l’Etat en matière de développement.
La problématique de l’analyse des disparités régionales nécessite généralement à chiffrer les inégalités qui existent en Tunisie entre les régions.
Les disparités régionales figurent toujours parmi les multiples défis auxquels la Tunisie doit faire face dans le cadre de sa stratégie de développement durable. L’objet ultime des politiques de développement est, en effet, la promotion des conditions garantissant une vie décente sur tout le territoire.
Le diagnostic et la mesure du niveau de développement de chaque région s’avèrent ainsi essentiels pour orienter les actions publiques sur des bases objectives et rigoureusement fondées.
Ce rapport a pour objet de mettre à jour l’IDR en 2024, selon les dernières données disponibles sur l’état des variables socioéconomiques à l’échelle régionale.
Dans cet esprit, l’Itceq s’est penché sur cette problématique et a cherché à élaborer un indicateur qui pourrait mesurer le niveau de développement de chaque région et, par ricochet, le niveau de disparité entre elles. Un indicateur synthétique (Indicateur de Développement Régional IDR) a été conçu dans le but de dresser une classification des régions selon le niveau de développement et de discerner les éventuelles défaillances et inégalités régionales.
Ce rapport de mise à jour décrit la démarche méthodologique faisant état de la technique statistique, ainsi que les variables utilisées dans la construction de l’indicateur. Il présente les résultats, avec une analyse comparative de l’évolution de l’indicateur au niveau global en premier lieu et par gouvernorat et délégation en second lieu.
État des lieux
Le rapport indique qu’au niveau global, l’IDR s’établit à 0,461 en 2024, contre respectivement 0,462 en 2021 et 0,484 en 2018. Cette quasi-stagnation par rapport à 2021 reflète la persistance des difficultés conjoncturelles internes et externes au cours des dernières années. Il est question de la faiblesse relative de la croissance économique, des tensions sur les finances publiques, de l’atonie de l’investissement privé, etc.
Les résultats révèlent que le score relatif au facteur « infrastructure et équipements de base » a connu une légère amélioration suite aux quelques travaux d’élargissement du réseau routier qui ont touché certaines délégations, durant ces dernières années. Autre performance qui consiste en l’amélioration du score relatif au facteur « capital humain », qui peut être expliquée par la légère amélioration des conditions de scolarisation, suite au renforcement du nombre d’enseignants.
Quant aux mauvaises performances, elles sont liées à plusieurs facteurs dont ceux relatifs à « l’accès aux services de loisir », la dimension «sociale » qui s’est davantage détériorée suite aux effets des difficultés économiques et des pressions inflationnistes touchant le pouvoir d’achat. « On a enregistré une augmentation du nombre de familles nécessiteuses, dont la moyenne nationale a passé de 915 en 2021 à plus de 979 en 2024 », indique-t-on dans le rapport.
Par ailleurs, le score relatif au facteur « accès aux services de santé » s’est détérioré suite à la diminution continue du nombre de médecins (10 en 2021 contre 9 en 2024) et du nombre de pharmacies (8.1 en 2021 contre 7.3 en 2024). Ceci outre la baisse du score du facteur «capacité d’absorption et étendue du marché de l’emploi », expliquée par le recul de l’activité économique en général, la faiblesse du taux de placement et la hausse du taux de chômage dans certaines régions.
« Ce qui aggrave l’effet de l’inadéquation entre l’offre et la demande. Ce problème figure parmi les causes structurelles du marché du travail ». De même, la baisse du score relatif au facteur « tension du marché du travail » s’explique par la diminution de la taille moyenne des entreprises (1.7 en 2024 contre 2 en 2021) et l’inadéquation entre le rythme de création des entreprises et l’offre de travail, qui s’est manifestée par une accentuation de la pression sur la demande d’emploi.
Par gouvernorats, les résultats de l’analyse par gouvernorat montrent que « le territoire national peut être divisé en deux zones qui diffèrent selon le niveau de développement ». En effet, les gouvernorats côtiers font partie des zones les mieux développées, tandis que les gouvernorats les plus retardataires appartiennent à la zone dite de l’intérieur.
Selon la même source, les investigations montrent que « les régions du nord et du centre-ouest (Béja, Jendouba, Sidi Bouzid, Kasserine et Kairouan) occupent les derniers rangs dans la grille du développement régional. Elles constituent les zones les plus défavorisées par rapport au reste du pays ».