
Pour ce spectacle qui tire son nom de l’appellation scientifique de la rose aux cent pétales, un dress-code a été suggéré : des robes à fleurs, symbole de délicatesse, de féminité et de renouveau.
La Presse — Pour la soirée du 13 août, le public de l’amphithéâtre Sidi Dhaher à Sousse a eu rendez-vous avec «Centifolia-Ghneyalik», dernier projet artistique de Rafik Gharbi. Le maestro a choisi une date hautement symbolique, celle qui célèbre les femmes tunisiennes, pour lever le voile sur un nouveau répertoire entièrement personnel.
Pour ce spectacle, Rafik Gharbi a franchi un cap décisif en jouant pour la première fois en Tunisie une version chantée de ses compositions. Une partie de ce projet a en fait été présentée à Paris en juin 2015, dans un spectacle intitulé « Couleurs méditerranées». Des textes de Refka Sassi ont ainsi pris vie, portés par les voix de Lilia Ben Chikha, Mayssoun Fatnassi et Allem Oun en invité d’honneur.
Pianiste et compositeur, Rafik Gharbi a entamé sa carrière dans le jazz avant de s’ouvrir pleinement aux musiques du monde. Il a créé «Dafter Khanet», «Alchimie» et d’autres spectacles de musique instrumentale qui ont été programmés dans des événements prestigieux tels que le Tabarka Jazz Festival, le Festival de jazz de Monastir et, plus récemment, l’année dernière au Festival international de musique symphonique d’El Jem.
Avec la maturité artistique et l’expérience, il s’est tourné vers des projets qui attirent un public plus large en mêlant des standards revisités à ses propres compositions. «Hier encore», hommage à Aznavour pour son centenaire, a fait salle comble au Théâtre municipal de Tunis dans une série de représentations en 2024. Les vidéos du spectacle ont cumulé des centaines de milliers de vues sur les réseaux sociaux. «Centifolia » marque ainsi un nouveau moment clé dans la carrière du maestro Rafik Gharbi qui passe cette fois des reprises et de la musique instrumentale à une version chantée de ses compositions.
Pour ce spectacle qui tire son nom de l’appellation scientifique de la rose aux cent pétales, un dress-code a été suggéré : des robes à fleurs, symbole de délicatesse, de féminité et de renouveau. Rafik Gharbi, au piano, a été accompagné d’un ensemble de musiciens talentueux, entre diplômés, enseignants à l’Institut de musique de Sousse ou étudiants chercheurs. Parmi les artistes de renom, ayant joué dans de grands spectacles en Tunisie et à l’étranger, les violonistes Riadh Ben Amor et Youssef Naccache ainsi que le guitariste Dhirar Kefi. Une mention spéciale pour Ghalia Ben Hlima, qui maîtrise à la perfection son luth à tout juste 17 ans.
La soirée a été entamée avec «Centifolia-Flamenco», un morceau de musique instrumentale. Une dizaine de titres dont «Nhebek w me naarafch alech», «Valse du temps», «Ghneyalik» et bien d’autres en dialecte tunisien ont, par la suite, fait le bonheur du public présent. Chaque texte de Refka Sassi racontait une histoire, tantôt mélancolique, tantôt lumineuse, portée par une sensibilité à fleur de peau.
Les voix de Lilia Ben Chikha et Meyssoun Fatnassi, douces et puissantes à la fois, ont traversé les différents registres avec une fluidité remarquable. En effet, Lilia Ben Chikha est une chanteuse lyrique ayant participé à des spectacles d’opéra en Tunisie et hors frontières. Le public l’a redécouverte récemment dans «La Traviata », une production du Théâtre de l’Opéra de Tunis. Quant à Meyssoun Fatnassi, elle a collaboré avec de nombreux artistes sur des projets divers, maîtrisant à la fois plusieurs langues et genres musicaux.
Un large public a été présent à ce rendez-vous artistique. Chaque chanson, chaque morceau joué a généré de longs applaudissements tant pour la profondeur des textes, la richesse des mélodies et la puissance émotive des voix des interprètes.
Les vidéos projetées sur l’écran géant ont accentué l’univers poétique et floral de la soirée. Alya Menchari, première pilote et commandant de bord en Afrique et au Moyen-Orient, et de Ons Jabeur ont également adressé des vœux dans des enregistrements faits spécialement pour «Centifolia».
Quelques reprises ont été glissées dans ce spectacle, en hommage à Nabiha Karawli, Fairuz, Edith Piaf et Dalida. Le public a ainsi pu découvrir les nouvelles créations tout en chantant et en dansant sur des airs qui lui sont familiers. Le dernier titre a été «Le temps des fleurs de Dalida», en version revisitée. Et, pour clôturer la soirée en beauté, les artistes ont interprété la dernière chanson en jetant cent fleurs aux spectateurs présents, en cadeau symbolique pour la Journée nationale de la femme.
Lors de la conférence de presse, la parolière Refka Sassi est revenue sur la genèse de ce projet artistique.
«J’ai fait des textes sur mesure pour des compositions déjà prêtes. Il fallait que je transmette les émotions, mais aussi les souvenirs du compositeur qui lui ont inspiré chaque morceau».
«Centifolia» semble alors le début d’une nouvelle étape pour Rafik Gharbi, qui ne se contente plus d’interpréter le monde, mais qui commence à y inscrire sa propre voix. Le public, d’abord curieux, est parti ému et conquis. Une série de dates sera bientôt prévue à Tunis.