Accueil Culture Festival international de musique symphonique d’El Jem : Une clôture éclatante 

Festival international de musique symphonique d’El Jem : Une clôture éclatante 

La 38e édition s’est achevée dans une atmosphère vibrante, portée par l’élégance d’un programme où le violon de Yury Revich, étoile montante de la scène internationale, a dialogué avec l’Orchestre symphonique tunisien sous la baguette inspirée de Shady Garfi.

La Presse —L’amphithéâtre romain d’El Jem a, une fois de plus servi d’écrin à une rencontre rare entre histoire et musique. Hier soir, la 38e édition du Festival international de musique symphonique s’est achevée dans une atmosphère vibrante, portée par l’élégance d’un programme où le violon de Yury Revich, étoile montante de la scène internationale, a dialogué avec l’Orchestre symphonique tunisien sous la baguette inspirée de Shady Garfi.

Cette clôture, organisée en partenariat avec l’ambassade d’Autriche en Tunisie, avait des allures de soirée d’exception, dans la lignée de celle du Bal de l’Opéra de Vienne quelques jours plus tôt. La présence des ambassadeurs d’Autriche et des Émirats Arabes Unis rappelait d’ailleurs que ce festival dépasse le seul horizon musical pour devenir un espace d’échanges culturels et diplomatiques.

Dès l’ouverture, les hymnes nationaux tunisien et autrichien ont installé un climat solennel. Puis, l’entrée de l’Orchestre symphonique tunisien a marqué le véritable début de la fête. Guidés par Shady Garfi, les musiciens ont donné le ton d’une soirée où rigueur et émotion se sont conjuguées. L’arrivée de Yury Revich, violoniste virtuose d’origine russe, a ensuite créé l’attente : un souffle de curiosité parcourait l’amphithéâtre.

Avec la Symphonie n°8 de Schubert, dite «inachevée», l’artiste et l’orchestre ont transporté le public dans un univers suspendu, entre fragilité et intensité. Les applaudissements nourris traduisaient l’émotion palpable.

Après une brève pause, Revich, vêtu d’un nouvel habit de scène, a surpris l’assistance en s’adressant en arabe. Un geste simple mais chargé de proximité, qui a scellé une complicité immédiate avec le public. Puis vinrent les notes étincelantes du Concerto pour violon n°2 de Paganini : un déferlement de virtuosité qui a arraché de véritables ovations.

La soirée s’est conclue avec Awakening, une pièce personnelle du musicien, comme un adieu à la fois tendre et lumineux.

À l’issue du concert, Yury Revich a exprimé son émerveillement face à la majesté du site. Découvrir l’amphithéâtre romain à son arrivée fut, selon ses mots, un choc esthétique. Jouer devant un public tunisien intergénérationnel, attentif et chaleureux, a donné à cette première expérience une intensité particulière. L’artiste a d’ailleurs confié son désir de revenir, lançant un message universel : «diffuser la musique et l’amour».

Pour Shady Garfi, cette soirée fut également une réussite artistique et humaine. Il a salué la qualité de la collaboration avec Revich, malgré des répétitions limitées, ainsi que l’élan des jeunes musiciens nouvellement intégrés à l’orchestre. Une vitalité qui laisse présager un avenir prometteur pour la scène symphonique tunisienne.

Au-delà des performances, la 38e édition confirme le rôle singulier du Festival international de musique symphonique d’El Jem. Dans un paysage culturel souvent dominé par les musiques populaires ou actuelles, ce rendez-vous constitue un rare espace dédié aux grandes œuvres du répertoire classique et symphonique. Un luxe fragile, mais nécessaire.

Accueillir des orchestres prestigieux, des solistes de renommée mondiale et donner leur place à de jeunes talents tunisiens sont une ambition qui confère au festival une aura particulière. Cet événement inscrit la Tunisie dans un réseau culturel international et rappelle que le patrimoine peut être vivant lorsqu’il devient scène pour la création et le partage.

L’amphithéâtre d’El Jem, classé au patrimoine mondial de l’Unesco, n’est pas seulement un décor. Sa présence impose aux artistes une densité supplémentaire et invite le public à une expérience unique : écouter des chefs-d’œuvre universels dans un site chargé de deux mille ans d’histoire. Cette alliance de la pierre et de la musique, du passé et du présent, confère au festival son prestige et sa singularité.

La réussite de cette 38e édition tient autant à la qualité des concerts qu’à la fidélité d’un public qui se renouvelle et s’élargit. Les soirées à guichets fermés témoignent de la soif de musique et de raffinement qui persiste, loin des idées reçues sur l’élitisme supposé de la musique symphonique.

Le festival est désormais une institution, mais une institution vivante, capable d’émouvoir, de surprendre et de dialoguer avec son temps. Alors que s’éteignaient les dernières notes du violon de Yury Revich, un sentiment d’unité traversait l’amphithéâtre : celui d’avoir partagé un moment hors du commun, entre héritage et modernité, entre l’intime et le grandiose.

À peine refermée, cette édition ouvre déjà l’horizon vers 2026. Le rendez-vous est pris.

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