Accueil Culture « Barrani » au Théâtre National : Entre deux rives, un corps en récit

« Barrani » au Théâtre National : Entre deux rives, un corps en récit

Le samedi 30 août 2025 à 19h00, l’Auditorium du Palais du Théâtre Halfaouine accueille « Barrani », une création de Rabii Brahim et Anna Serlenga. Entre performance, concert et poésie, cette œuvre polymorphe explore l’expérience migratoire comme une présence déplacée, une identité suspendue « ni ici, ni là-bas ».

En mêlant danse, musique, textes et images, « Barrani » invente un « troisième espace » : celui de la mémoire, de la perte et de la recomposition de soi.

La Presse — «Barrani» est une présence déplacée, un «a-topos», «toujours au mauvais endroit». Comme le disait Edward Said, il s’agit d’une identité sans appartenance fixe, ni au point de départ, ni au point d’arrivée. Cette condition d’a-topos, selon Abdelmalek Sayad, est une caractéristique récurrente de l’expérience migratoire: une perception de soi marquée par une «double absence», entre le lieu d’origine et celui d’arrivée.

Une sensation d’arrachement, une absence du pays natal — le bled —, accompagnée, de l’autre côté de la Méditerranée, par l’impression de ne jamais être pleinement soi-même en Europe. Ni ici, ni là-bas. 

En tunisien, «Barrani» signifie «l’étranger», littéralement «celui qui vient de dehors (el barra)», celui qui a entrepris le voyage vers l’Europe. 

Là où nous sommes, nous ne sommes pas vraiment nous-mêmes ; là d’où nous venons, nous ne sommes plus. 

Nous tous, personnes ayant traversé une diaspora, cherchons ce que nous avons laissé derrière nous dans notre pays d’origine, sans jamais le retrouver ici, dans le pays d’accueil. Nous ne sommes ni ici, ni là-bas, pris entre plusieurs langues, de multiples cultures, entre le passé et l’avenir, en quête d’un espace identitaire à la fois présent et ailleurs, oscillant en permanence entre ces deux pôles. 

Grâce à un système sonore basé sur des réverbérations et des échos, «Barrani» est une performance-concert mêlant danse, poésie et multimédia, offrant une nouvelle forme d’auto-narration, qui fusionne passé, présent et futur. Cette narration se déploie dans un “troisième espace”, entre les deux pôles du voyage : un espace qui n’existe que pendant la performance. Un espace de récit. 

Avec Rabii Brahim, Manuel D’Onofrio,qui signent aussi la musique, mise en scène de Anna Serlenga, dramaturgie de Tolja Djokovic, chorégraphie de Hafiz Dhaou et Aicha M’Barek 

Les textes sont écrits par Tolja Djokovic, Rabii Brahim et fragments librement inspirés de Bayo Akomolafe, Anna Akhmatova, Mahmoud Darwish, Niccolò Machiavelli, Forough Farrokhazad. 

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