Accueil A la une « The Voice of Hind Rajab » bouleverse la Mostra : « Pour la justice, pour le bien de l’humanité, pour le futur de chaque enfant : ‘‘Assez’’ »

« The Voice of Hind Rajab » bouleverse la Mostra : « Pour la justice, pour le bien de l’humanité, pour le futur de chaque enfant : ‘‘Assez’’ »

Pour restituer l’intensité dramatique de ces moments, Kaouther Ben Hania a donc fait appel à des acteurs pour rejouer ces scènes d’une tension extrême. Elle intègre également des images filmées à l’iPhone par l’équipe du Croissant-Rouge, témoignant de l’urgence de la situation.

La Presse — «The Voice of Hind Rajab» (La voix de Hind Rajab) de Kaouther Ben Hania a reçu une standing ovation de plus de 23 minutes après sa première au Festival du film de Venise, le mercredi 3 septembre. Il s’agirait de la plus longue ovation enregistrée de l’histoire du festival.

Le nouveau documentaire consacré à la petite Hind Rajab, âgée de six ans, tuée par l’armée sioniste l’année dernière, a énormément bouleversé une grande partie du public et de nombreux journalistes, jusqu’aux larmes pour certains. La réalisatrice tunisienne et son équipe, toutes et tous vêtus de noir, ont également été submergées par l’émotion. Ils ont accueilli les applaudissements, les ovations et les cris de « Free Palestine ! » qui ont résonné dans la salle principale du festival, d’une capacité de 1.032 places.

Présents également, les producteurs exécutifs Joaquin Phoenix et Rooney Mara étaient debout pour féliciter les cinéastes et les acteurs du film, comme on a pu le voir à travers les images partagées sur les réseaux sociaux.

«The Voice of Hind Rajab» revient sur le destin tragique de Hind Rajab, tuée avec plusieurs membres de sa famille alors qu’ils tentaient d’échapper aux bombardements à Gaza. Avant sa mort, Hind et sa cousine avaient réussi à joindre les secours par téléphone ; l’appel enregistré par le Croissant-Rouge, et largement relayé sur Internet, a provoqué une onde de choc mondiale. Quelques jours plus tard, les voitures de la famille et des secouristes ont été retrouvées criblées de balles (355 impacts sur le véhicule familial!).

Les critiques parlent d’1h29 d’«une tension à la limite du soutenable» où Kaouther Ben Hania superpose la réalité et le cinéma comme elle l’a fait avec son précédent film « Les Filles d’Olfa », primé à Cannes, mais en employant cette fois d’autres procédés de mise en scène. 

Le film à huis clos, tourné en Tunisie, s’appuie sur les véritables enregistrements des échanges téléphoniques entre Hind Rajab, sa famille et les équipes de secours. Ces dernières, incarnées par les comédiens palestiniens Amer Hlehel, Clara Khoury, Motaz Malhees et l’actrice jordano-canadienne Saja Kilani, sont au centre du récit.

La caméra les suit dans leur lutte désespérée pour maintenir la fillette en ligne, alors que Hind, la voix tremblante, ne cesse de supplier : « Venez me chercher » ou « S’il vous plaît, j’ai peur ». Les secouristes, submergés par l’émotion, passent des larmes à la frustration, incapables d’obtenir l’autorisation nécessaire pour sécuriser un trajet de seulement huit minutes, indispensable pour atteindre le véhicule où la fillette est piégée.

Pour restituer l’intensité dramatique de ces moments, Kaouther Ben Hania a donc fait appel à des acteurs pour rejouer ces scènes d’une tension extrême. Elle intègre également des images filmées à l’iPhone par l’équipe du Croissant-Rouge, témoignant de l’urgence de la situation.

«Evidemment très politique, bouleversant, déchirant, le film, traité comme un thriller, a fait l’objet de réactions peu communes lors des deux séances de presse matinales : applaudissements longs et nourris, journalistes en larmes ou se serrant dans les bras… On a même entendu des «Free Palestine »… »

« Comment, à partir de là, ne pas voir dans le film un favori pour remporter le Lion d’Or dans trois jours ? La rumeur n’a pas traîné sur la lagune. D’autant plus que de grands noms de Hollywood le soutiennent et sont venus s’ajouter à Brad Pitt, coproducteur, en tant que partenaires financiers : Joaquin Phoenix, Alfonso Cuarón ou Rooney Mara. Réponse samedi, au soir du palmarès… », lit-on dans Le Parisien.

Et ce sont les mots de l’actrice jordano-canadienne Saja Kilani, prononcés lors de cette conférence de presse, qui ont, peut-être, su le mieux transmettre le message du film:

«Au nom de tous les acteurs et de toute l’équipe, nous demandons: n’est-il pas assez? Assez du massacre et de la famine? De la déshumanisation, de la destruction de l’occupation ? La voix de Hind Rajab n’a pas besoin d’être défendue. Ce film n’est pas une opinion ou un fantasme, il est ancré dans la vérité.

L’histoire de Hind porte le poids de tout un peuple. Sa voix est une parmi des dizaines de milliers d’enfants qui ont été tués à Gaza au cours des deux dernières années seulement. C’est la voix de chaque fille et chaque fils ayant le droit de vivre, de rêver et d’exister dans la dignité.

Et pourtant tout cela a été volé devant des yeux grands ouverts et ce ne sont que les voix que nous connaissons. Derrière chaque chiffre, il y a une histoire qui n’a pas été racontée. L’histoire de Hind parle d’une enfant qui crie : «Sauvez-moi!» et la vraie question est de savoir comment avons-nous laissé un enfant mendier pour la vie? Personne ne peut vivre en paix alors que même un enfant est obligé de plaider pour sa survie.

Laissez la voix de Hind Rajab résonner dans le monde entier. Laissez la vous rappeler le silence qui s’est construit autour de Gaza. Laissez-la nommer le génocide que le silence protège et
laissez-la faire résonner le mot «Assez». Pas demain, pas un jour, maintenant. Pour la justice pour le bien de l’humanité, pour le futur de chaque enfant: «Assez». 

La 82e Mostra de Venise a été marquée par une forte présence de la question palestinienne, le génocide à Gaza s’invitant au cœur des débats et des projections. Quelques semaines avant son ouverture, une lettre ouverte adressée par un collectif de dix cinéastes italiens réunis sous le nom Venice4Palestine et signée par 1.500 artistes, appelait le festival à prendre position contre le génocide en cours à Gaza et à donner la parole aux Palestiniens.

Cet appel a reçu le soutien de nombreuses personnalités majeures du cinéma international, parmi lesquelles Guillermo Del Toro, Todd Field, Michael Moore ou encore Ken Loach.

Au fil des conférences de presse et des montées des marches, de nombreux artistes ont exprimé leur solidarité avec le peuple palestinien, parmi lesquels le réalisateur grec Yorgos Lanthimos, la cinéaste marocaine Maryam Touzani et son époux, le réalisateur Nabil Ayouch. Enfin, une manifestation réunissant plusieurs milliers de personnes s’est déroulée le dimanche 30 août près du palais du festival pour dénoncer le génocide en cours.

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