
La Presse — Si nous considérons que Ahmed Jaouadi n’a que vingt ans, que Rahmouni n’en est qu’à sa 14e année, que les taekwondoïstes sont presque tous, tout au début de carrière, que l’équipe de basket des moins de seize ans est en train de se faire un nom, qu’il y a des jeunes qui percent en athlétisme, en haltérophilie, etc, que le football a considérablement rajeuni son noyau dur et qu’il n’a absolument pas besoin du retour des caïds, pour consolider son record de participation à un Mondial, nous pourions supposer que le sport tunisien est en possession d’une nouvelle génération qui vaut de l’or. A se demander, d’ailleurs, d’où ils sortent ces filles et garçons de talent, que l’on découvre avec si peu de moyens et une infrastructure en berne.
Bien entendu, tout est en rapport avec la discipline sportive que l’on vise.
En sports collectifs, il ne faudrait pas avoir beaucoup d’illusions. Nombre de nos rivaux potentiels ont pris une avance qu’il est possible de résorber, certes, mais cela nécessitera de gros moyens financiers. Tout en ce domaine dépendra des possibilités des bureaux fédéraux en place pour convaincre les sponsors. Dans ce secteur, il y a beaucoup à faire. Les sponsors sont attirés par les champions qui sont de très haut niveau.
Cela représente pour eux des retours d’investissements sûrs. Le tennis, du temps d’Ons Jabeur, le handball, à l’époque de l’équipe de 2005, le football lorsque l’équipe de 1978 a laissé éclater sa splendeur, etc, prouvent qu’il est possible de présenter des offres intéressantes.
Mais le sport tunisien qui, à une certaine époque, bénéficiait d’apports importants, provenant d’un pourcentage du chiffre d’affaires des entreprises commerciales et pouvant être alloués aux associations sportives et culturelles et soustrait de l’assiette des impôts, a vu cet avantage supprimé. A cause des traficotages qui ont eu lieu.
Les choses ont depuis évolué. Les moyens de contrôle étant plus fiables, plus faciles, la traçabilité des subventions pouvant être mieux surveillée pourra-t-on un jour revenir à cette loi qui allégera forcément les charges de l’Etat, actuellement occupé par d’autres priorités ?
Fédérations et clubs amateurs mais formateurs, centres de formation, sports scolaires et universitaires que l’on veut relancer, sport pour tous, ces chevilles ouvrières du sport ont besoin pour fonctionner de moyens de plus en plus importants. Nous voyons ce qui se passe à travers les rencontres internationales, les meetings, les prospectus conçus à l’occasion des manifestations internationales organisées à l’étranger, du nombre impressionnant de sponsors qui aident ces clubs ou fédérations à entretenir les besoins de sports autres que le football.
Un créneau auquel il serait intéressant de revenir, en prenant le maximum de précautions pour éviter les dérives. C’est peut-être un moyen d’aider l’Etat et d’éviter les conflits d’intérêts qui finiront par dénaturer les compétitions et appauvrir davantage notre sport.