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Mes Humeurs : La légende du cinéma rejoint les étoiles

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La presse Fatalement, tous les médias ne cessent d’évoquer le décès de l’actrice Claudia Cardinale, les éloges et autres célébrations remplissent les pages Culture des journaux, les télés (principalement européennes) rediffusent d’anciens documents, les radios leur emboîtent le pas, émettant des témoignages et des extraits de sa vie ou des morceaux choisis parmi les films qu’elle a tournés et où elle glissait prodigieusement d’un rôle à l’autre : un torrent d’informations sur sa carrière et l’omniprésence des références à son enfance à Tunis ou la Goulette.

Celle que ses amis et voisins de quartier appelaient «la Berbère» se voyait plutôt institutrice dans le désert plutôt qu’actrice de cinéma «c’est ma sœur blonde aux yeux bleus, qui rêvait de faire du cinéma» 

Claudia a vécu en Tunisie jusqu’à l’âge de 17 ans, études au lycée de Carthage, puis à Paul Cambon à Tunis, avant de s’envoler avec sa mère vers Venise pour le Festival où un photographe la surprend en bikini sur la plage portant l’écharpe de Miss Tunisie. Sa carrière commence; le secret de sa réussite? «J’ai eu la veine de commencer ma carrière dans les moments magiques du cinéma», répond-elle (France culture). 

Le cinéma l’adopte pour l’éternité. Elle sera drapée de gloire. En 1958, elle signe un contrat «à l’américaine» qui lui interdit de prendre la moindre décision toute seule, qu’il s’agisse de films ou de vêtements, maquillage, coiffure, régime alimentaire. Car le producteur Franco Cristaldi a de grandes ambitions pour elle. Ambitions réalisées sans difficulté : «Ce sont les réalisateurs qui sont venus me chercher, j’ai eu la chance de jouer avec les grands», disait-elle.    

Sa carrière s’est étalée durant des décennies, dans ses films, personne n’échappe au regard de celle qui a fait la notoriété et la notoriété ( toute relative) du village de la Goulette où elle est née en 1937 dans une famille sicilienne. Tunisienne, elle incarnait plusieurs identités. 

L’espace ici est trop réduit pour écrire sur Claudia (vous imaginez) qui a fréquenté les grands de ce monde dont  Alberto Moravia qui a écrit sa biographie, et les meilleurs cinéastes, de Visconti à Fellini, de Valerio Zurlini à Werner Herzog  Sergio Leone, j’en passe et des meilleurs : «Normalement tu ne vis qu’une vie, moi j’en ai cent trente», disait-elle, en référence au nombre de rôles qu’elle a incarnés.  

Dès sa disparition, les amateurs tunisiens qui l’ont croisée ou connue se sont précipités sur leurs archives montrant leurs photos avec la Cardinale, captée souvent avec des lunettes, et quand elle parle, sa voix rauque, reconnaissable à des kilomètres de distance, remercie avec les mêmes mots gentils, «bacci grandi, grazie cara, etc».

En société, elle était apparemment heureuse, et avait une qualité d’écoute remarquable, je l’avais moi-même remarquée. Septembre 1991. J’étais invité pour quelques jours avec mon ami H.H, chez le regretté Abderrazak Cheraït, paix à son âme à Tozeur, Claudia, sa fille et sa sœur étaient aussi invitées, j’ai eu grand plaisir de partager des moments que je n’oublie pas.

Dans la salle du musée au sous-sol, elle contemplait pendant longtemps les peintures de Adel Meghdiche (il y a une bonne collection). «Je pense que j’aurais eu ma place dans ces harems…». Rires. Un déjeuner ( forcément couscous à l’agneau) dans la palmeraie des Cheraït : des conversations à bâtons rompus, le cinéma, l’Italie, La Goulette de son enfance, le patrimoine, les souvenirs, des sourires et des rires au naturel. Elle aura marqué le cinéma du XXe siècle et l’esprit des amateurs qui l’ont connue.          

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