Accueil A la une Dream City du 3 au 19 octobre Tunis, scène ouverte

Dream City du 3 au 19 octobre Tunis, scène ouverte

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Dream City se déploie dans les interstices de la ville, intra et extra muros : Tunis vibre aux voix et aux silences. Un geste artistique se perpétue et une pratique en mouvement. Pour sa dixième édition, la Biennale d’art contemporain offre des «fragments d’un monde inachevé face à une apocalypse lente»

La Presse — À Tunis, l’automne s’annonce chargé de présences, d’ombres, de voix et de gestes. Pour sa dixième édition, la Biennale d’art contemporain, Dream City, accueillera, à partir du 3 octobre, une cinquantaine d’artistes venus de vingt-deux pays. Pendant plus de deux semaines, les rues, les places et les recoins du centre-ville deviendront scène, atelier, terrain de réflexion partagée. Huit artistes tunisiens et quarante-huit invités du monde entier viendront déposer leurs œuvres, leurs regards, leurs silences…

L’édition s’ouvre sous un titre qui résonne étrangement avec l’époque : «Fragments d’un monde inachevé, penser malgré l’apocalypse lente». Une pensée qui se fait fragile, mais qui persiste. Dès demain 2 octobre, en pré-ouverture, un hommage sera rendu à la Palestine, par un spectacle musical intitulé «Tarab». Une manière de dire l’essentiel, sans bruit. 

Cette année encore, la programmation est dense. Cinquante-six propositions, entre créations locales et internationales, pensées comme autant d’espaces d’écoute et de confrontation. La Palestine y occupe une place centrale, non pas comme thème, mais comme présence. Comme nécessité.

L’édition précédente, tenue en 2023, avait rassemblé soixante-deux spectacles et une cinquantaine d’artistes. En avril 2024, Dream City s’était déplacée à Bruxelles, investissant le Kanal-Centre Pompidou pour une première édition bruxelloise. Une mémoire partagée, portée au-delà des rives méditerranéennes, dans une forme de continuité discrète Créer, ici, n’est pas un geste neutre.

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C’est une manière de rester debout, de garder les yeux ouverts, d’archiver autrement les tremblements du monde. Dream City se veut un espace d’essai, de frottement, de circulation entre les disciplines, les cultures, les langues. Ce qui est présenté ne cherche pas à plaire, mais à déplacer Parmi les artistes invités, certains ont choisi de parler de Gaza.

Non pas pour ajouter du bruit, mais pour rendre visibles des voix étouffées. Les chorégraphes assassinés en 2024 seront évoqués par un chant, un silence, un souffle. En partenariat avec la Sharjah Art Foundation, des performances engagées viendront déconstruire les géographies officielles, proposer des contre-cartographies plus proches du vécu, plus poreuses. Jumana Manna, Sille Storihle, Sharif Waked, Raeda Saadeh, Basma Al-Shaif seront de cette traversée.

La ville sera investie par une programmation éclectique : danse, vidéos, installations, musique, projections, conférences. Trente-et-un lieux accueilleront cette matière vivante. Au cœur du dispositif, les Dream Creations sont des œuvres conçues pour Tunis, dans une logique de résidence et de résonance.

Les Dream Guests, artistes invités, viennent avec leurs expériences, leurs doutes, leurs urgences.Tania El Khoury et Jan Goossens poursuivent leur travail curatorial, entre finesse et audace. Deux projets sont à noter: «Resilience Overflow» de Lara Tabet et «In Search for Justice Among the Rubble» du collectif Public Works Studio. Deux gestes délicats, ancrés, traversés par les secousses du réel.

L’exposition collective «Suni’a Bisihrika», conçue par Tarak Abu El Foutouh, rassemblera plusieurs figures de la scène contemporaine du monde arabe. Elle sera visible parmi vingt-sept installations et expositions réunies sous l’intitulé Dream Exhibitions. Une tentative d’ouvrir des dialogues, sans imposer de réponses

Dream City reste également un lieu de parole. Avec Dream Talks & Ideas, artistes, chercheurs et penseurs se réuniront pour partager leurs questions. Parmi eux : Sonia Kallel, Nanda Mohammad, Lawrence Abu Hamdan, Jeremy Nedd, Bissane Al Charif, Selma et Sofiane Ouissi. Kharba City, projet à la fois poétique et urbain, viendra compléter cette constellation.

Depuis sa création en 2007 par Selma et Sofiane Ouissi, Dream City s’est construite à contre-courant. Pluridisciplinaire, inclassable, elle reste un carrefour entre les mondes arabes, africains et européens. Une manière de rêver ensemble, de continuer à rêver sa ville malgré tout.

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