
Les travaux du colloque international sur la traduction et la construction de l’enfance, organisé par l’Institut de traduction de Tunis (Itrat) ont démarré mardi à la Cité de la culture et se poursuivront jusqu’au 5 octobre, avec la participation de chercheurs et d’experts en traduction et en littérature d’enfance de divers pays dont la Tunisie, l’Algérie, la Jordanie, la Syrie, l’Italie, l’Angleterre, la Russie et le Japon.
A l’ouverture des travaux, le directeur général de l’Itrat, Tawfiq Grira, a souligné le rôle de la traduction dans la construction, et la formation de la conscience de la personnalité.
Il a indiqué que l’enfant grandit dans un environnement multilingue et multiculturel, soulignant que la traduction joue un rôle fondamental qui l’aide à comprendre les différents contextes dans lesquels il vit, que ce soit dans sa langue maternelle, ou par le biais d’autres langues auxquelles il est exposé. La traduction est un moyen d’échange entre les peuples et un levier essentiel dans le contexte de la formation de la personnalité de l’enfant et dans le perfectionnement de ses capacités cognitives, linguistiques et culturelles.
Pour sa part, Gillian Lathey de l’Université de Roehampton à Londres a évoqué son expérience en tant qu’enseignante d’enfants âgés de 5 à 7 ans, à qui elle lisait des contes (traduits) des frères Grimm, de Charles Perrault et d’Erich Käster et expliqué que le traducteur joue le rôle de médiateur et d’interprète d’univers culturels différents de celui des enfants, comme elle le faisait avec ses propres élèves.
La traduction destinée aux enfants est liée à leur développement pyschologique et cognitif, a-t-elle ajouté, expliquant que les traducteurs sont confrontés à des défis majeurs, tels que l’adaptation des textes aux différents niveaux des lecteurs et à l’équilibre entre la préservation ou l’adaptation aux spécificités culturelles, relevant l’importance de la médiation faite par les adultes lors de la lecture de textes.
Evoquant le rôle des adultes, à l’instar des parents en tant que médiateurs qui lisent souvent les textes aux enfants, elle a expliqué que les traducteurs devraient réfléchir à la manière de faciliter cette médiation sans alourdir les textes de notes de bas de page ou d’explications.
« En Grande-Bretagne, par exemple, le pourcentage de livres traduits ne dépasse pas 3% de l’ensemble des publications destinées aux enfants, alors qu’en Finlande, il atteint 80% », a-t-elle par ailleurs noté.
Elle a conclu en citant la célèbre écrivaine suédoise Astrid Lindgern (1907- 2002) (connue pour ses livres pour enfants) qui soulignait qu’avec l’aide de traducteurs qualifiés, les enfants avaient la capacité de revivre les mondes les plus étranges, tout en considérant la traduction comme outil essentiel pour nourrir l’imaginaire des enfants en leur permettant de s’ouvrir au monde.