Accueil A la une 3e édition de l’African ESG Summit : L’industrie automobile au cœur de la transition durable

3e édition de l’African ESG Summit : L’industrie automobile au cœur de la transition durable

Industrie 11 10 2025

La troisième édition de l’African ESG Summit, organisée récemment par « Managers Magazine » à Tunis, a placé la durabilité au cœur du débat économique africain. Cette édition a pour objectif d’intégrer des critères ESG qui deviennent un levier de croissance, d’innovation et d’indépendance énergétique pour le continent.

La Presse — L’Afrique n’imite plus, elle innove, conçoit et trace sa propre voie vers une économie durable et compétitive. Lors de son allocution, Hajer Chekir, directrice commerciale d’une entreprise en Tunisie, est revenue, lors de l’African ESG Summit, organisée récemment à Tunis, sur la trajectoire exemplaire du groupe. 

Une leçon pour les industriels africains

En 2021, elle a pris une décision historique : arrêter la production de véhicules thermiques pour se consacrer exclusivement à la mobilité électrique et intelligente. Un choix stratégique, mais aussi un choix de conscience, avec un objectif clair : réduire la température mondiale d’un degré Celsius et accélérer la transition énergétique mondiale.

Chekir a mentionné que les résultats parlent d’eux-mêmes : plus de 13 millions de véhicules à nouvelle énergie circulent aujourd’hui dans le monde, permettant d’éviter 110 milliards de kilos de CO2. Chaque mois, un rapport d’impact environnemental mesure concrètement ces effets positifs sur le climat.

Au-delà des chiffres, sa force réside dans son intégration verticale totale : batteries, moteurs, semi-conducteurs, logiciels et intelligence artificielle sont tous développés et optimisés en interne. Cette maîtrise complète de la chaîne de valeur garantit performance, durabilité et souveraineté technologique, une clé essentielle pour émerger durablement.

La leçon pour les industriels africains est claire : il est temps de passer du rôle de fournisseur à celui de concepteur. Intégrer la donnée, l’IA et la durabilité dès la conception, bâtir des chaînes de valeur locales, connectées et intelligentes : telle est la voie à suivre. La durabilité n’est plus un coût, mais une stratégie industrielle gagnante. Le véhicule électrique n’est pas une simple option, mais un levier concret de réduction des émissions et de souveraineté énergétique. 

La responsable a souligné : «Aujourd’hui, notre entreprise propose une technologie de pointe avec la Blade Battery, la batterie la plus sûre au monde, offrant jusqu’à 5.000 cycles de recharge, soit près de 2 millions de kilomètres d’autonomie cumulée. Grâce à son simulateur environnemental, chaque client peut mesurer son impact réel ; économies financières, émissions évitées, traçabilité et transparence dans une approche ESG complète.

Mais l’ambition du groupe va encore plus loin : accélérer la transformation énergétique du continent à travers un écosystème complet, en rendant le véhicule électrique accessible à tous ».

En Tunisie, l’État a déjà mis en place plusieurs incitations fiscales pour encourager l’adoption du véhicule électrique : exonération des droits de douane et de consommation, ainsi qu’une TVA réduite à 7 %. Ces mesures peuvent accélérer la transition énergétique et réduire les importations de carburant. L’avenir n’appartient plus à la puissance mécanique, mais à la puissance de l’intelligence.

Les défis à relever

De son côté, Issam Jemli, membre du comité directeur de «Tunisian Automotive Association » (TAA) et directeur général de Bontaz Tunisie », a rappelé que le secteur automobile tunisien a réalisé des progrès remarquables au cours de la dernière décennie, se positionnant aujourd’hui comme un acteur reconnu de la chaîne de valeur mondiale.

Cependant, pour renforcer sa compétitivité face à des écosystèmes performants tels que ceux du Maroc, de la Turquie ou de l’Egypte, plusieurs défis restent à relever, regroupés autour de trois axes principaux : les infrastructures industrielles et logistiques, les compétences et la montée en valeur technologique, ainsi que l’environnement incitatif et la gouvernance sectorielle.

La Tunisie dispose d’un tissu industriel dense et performant, mais certains axes d’amélioration demeurent prioritaires. Le développement des zones industrialisées figure parmi les plus urgents, notamment avec le projet d’une « Automotive Smart City », espace intégré dédié à l’investissement, à la durabilité et à l’innovation.

Dans le même esprit, le développement logistique export-import constitue un levier essentiel. C’est dans ce cadre qu’a été lancé un pacte de compétitivité pour le secteur automobile tunisien, signé entre l’Etat et la TAA. Ce pacte repose sur plusieurs piliers ; infrastructure, logistique et réglementaire intégrant des mesures concrètes pour améliorer le transit et faciliter les transactions commerciales.

Issam Jemli a déclaré que l’accès à une énergie compétitive et durable représente également un enjeu crucial. « La TAA s’engage sur ce volet à travers le pilier « durabilité du pacte », aligné sur les standards internationaux tels que l’ESG et le Rsci. La formation et la montée en compétences constituent également un pilier essentiel.

La Tunisie investit massivement dans la R&D, l’électronique embarquée, les logiciels automobiles et les nouveaux métiers de la mobilité électrification, connectivité, digitalisation et intelligence artificielle industrielle. Parallèlement, une stratégie nationale vise à endiguer la fuite des cerveaux, à travers des politiques de rétention et des partenariats public-privé favorisant la formation en alternance et la création de filières à haute valeur ajoutée.

Sur le plan de la gouvernance, la stabilité réglementaire et fiscale demeure une condition essentielle pour attirer les investissements directs étrangers. Une meilleure coordination entre les politiques industrielles, énergétiques et de formation renforcerait la cohérence du développement sectoriel. Enfin, la conformité aux critères ESG s’impose désormais comme une exigence incontournable pour les donneurs d’ordre mondiaux. La Tunisie doit accélérer son alignement sur ces standards, notamment en matière de décarbonation, de traçabilité et de transparence ».

Un hub régional durable

Et de poursuivre : « Le secteur automobile tunisien dispose de solides atouts : proximité géographique avec l’Europe, main-d’œuvre qualifiée et flexibilité industrielle. Il doit désormais franchir un cap et passer d’une logique de production compétitive à une compétitivité durable et technologique.

C’est dans cet esprit que la TAA agit, en fédérant les acteurs du secteur, en promouvant l’innovation et en soutenant la montée en compétences, afin de consolider la position de la Tunisie comme hub automobile régional à haute valeur ajoutée.

Enfin, pour renforcer encore l’intégration locale et la compétitivité du secteur, plusieurs leviers doivent être activés : la simplification réglementaire et fiscale, l’encouragement de la R&D et de la production à haute valeur ajoutée, la montée en compétences du capital humain, la modernisation logistique et portuaire, la valorisation du « Made in Tunisia » automobile et l’accompagnement des entreprises dans leur transition durable et conforme aux standards ESG ». « En combinant ces leviers, la Tunisie peut consolider sa place comme un hub automobile intégré, innovant et durable, capable de rivaliser avec les grands pôles industriels du pourtour méditerranéen », a conclu Issam Jemli.

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