Billet : Une base pour le renoncement !

Le besoin se fait de plus en plus sentir : la compétition nationale et ses différentes équipes auraient intérêt à réinventer en profondeur les règles et les bases du football. Sur le terrain les joueurs n’ont plus la même motivation. Leurs arguments, et toute la raison d’être de l’équipe ont d’autres noms, d’autres significations. Quand le jeu est réduit à sa plus simple expression, on bétonne derrière, et on balance devant dès la récupération de la balle pour des contres éclair mais rarement inspirés. En ce début de championnat, l’on continue à distinguer une tendance opposée à ce qu’on aurait aimé voir et vivre. Une tendance qui consiste pour la plupart des équipes à prendre le jeu à leur compte. Avec une contrainte tactique faite de restriction, de réticence et de réserve.
Dans le championnat tunisien, on renonce de plus en plus au jeu, on ne propose plus un football digne de ce nom. Les tactiques souvent adoptées visent moins à gagner, qu’à faire perdre ses repères à l’adversaire. Et c’est toute la base de ce renoncement, notamment lorsque les joueurs se démènent sur le terrain avec insignifiance et imperceptibilité.
On dit que les grandes idées amènent les grands changements et les grandes révolutions. Il en est de même pour le football et pour le sport de façon générale. En exemple, ces entraîneurs qui ne sont pas prêts à changer, qui n’ont pas suffisamment conscience de leur rôle. Les matches et les épreuves ne sont pas seulement gagnés par les plus forts, ou par les plus avertis, mais également par ceux qui évoluent, qui se développent, qui se transforment, qui se reconvertissent. En un mot qui n’abandonnent jamais.
A leur façon de se revendiquer, il y a pourtant de ces entraîneurs qui se font l’idée que chaque match est à lui seul un parcours, une vie. Ils n’hésitent pas apporter les changements nécessaires, à chercher la voie et les solutions au-delà de qui existait déjà. Ils défendent une approche centrée sur les trajectoires à la fois individuelles et collectives. Leur objectif n’est autre que de saisir le sens de la rupture non pas au temps, mais comme un processus destiné à retracer les conditions émergentes de jeu, à comprendre le sens du changement et de l’accomplissement. Ce n’est pas facile, certes, mais ils ont osé le faire. Et beaucoup ont réussi…
Ce genre de profil manque énormément au football tunisien dans sa version actuelle. La plupart des équipes n’ont pas de système clairement établi, et encore moins imaginé. Les joueurs vraiment capables de trancher et de faire la différence se comptent sur les bouts du doigt, pour ne pas dire qu’ils sont en train de disparaître. A défaut d’accomplissement, on subit les aléas régulièrement évoqués par les tenants d’un football alternatif.
Dans une confusion générale et dans toutes les restrictions de jeu qui n’en finissent pas, il est difficile aujourd’hui de savoir ce qui tient du football et ce qui ne l’est plus réellement dans le championnat tunisien. Comme s’il était interdit d’avoir des ambitions tactiques quand on a pourtant les moyens. Certains entraîneurs peuvent aller même jusqu’à exiger une ligne de cinq défenseurs sous prétexte d’un chimérique apport des latéraux !…Dans cette situation déconcertante, l’hypothétique ambition de ne pas perdre vaut même plus que les supposés inaccessibles trois points de la victoire. Et tant pis pour le football…
Ces entraîneurs auraient certainement mieux fait de proposer un système et des approches qui seraient plus faciles à adopter et à mettre en œuvre. Un système qui implique plus qu’il n’exclut. Qui ne favorise pas seulement l’accès au vrai football, mais qui y fournit aussi le cadre et les conditions les plus favorables.

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