Halte à la course aux révélations

ON attendait avec impatience le démarrage de la campagne électorale présidentielle 2019 pour découvrir les programmes électoraux des candidats au palais de Carthage et pour prendre connaissance, au moins, des premières mesures qu’ils comptent prendre au cas où les électeurs les porteraient à la présidence de la République.

Qu’importe si plusieurs parmi ces candidats nous ont montré qu’ils ne sont pas très au fait des pouvoirs ou plus précisément des prérogatives que la Constitution leur accorde, on caressait l’ambition de découvrir une nouvelle approche de la fonction de président de la République ou au moins une nouvelle démarche de gouvernance que le futur locataire du palais de Carthage aura à suivre en exerçant ses fonctions présidentielles.

Malheureusement, on a eu droit, quatre jours après le démarrage de la campagne, à une course effrénée aux révélations les plus inimaginables, à un mouvement de déballage des secrets qu’on croyait enterrés à jamais mais qu’on réveille pour servir d’armes ou d’outils de promotion, dans le but de gagner à tout prix cette folle guerre de communication lancée entre les différents candidats dont certains ont — paraît-il — décidé de recourir à tous les stratagèmes et à toutes les astuces pour s’assurer une présence médiatique quotidienne même s’ils font fi des règles élémentaires de la compétition saine et de l’émulation loyale basées essentiellement sur le respect mutuel entre les candidats et l’obligation d’éviter des échanges d’accusations gratuites ainsi que les insultes portant atteinte à l’intégrité de tout un chacun.

Et la donne de changer radicalement : aujourd’hui, l’électeur se trouve dans l’embarras de distinguer le vrai du faux, dans l’impossibilité de savoir qui a tort, qui a raison et s’attend à ce que le flot des révélations distillées par les candidats ou leurs équipes de communication se poursuive à un rythme de plus en plus effréné.

Pis encore, les électeurs ne veulent plus — semble-t-il — découvrir les contenus des programmes des candidats. Ils exigent, plutôt, que chaque aspirant au palais de Carthage leur serve une révélation croustillante, des accusations contre l’un de ses concurrents ou leur livre une indiscrétion ou un «secret» qui puisse faire couler un autre candidat, voire faire tomber son parti lors des prochaines législatives.

En attendant, l’Isie s’en remet à la Haica et attend qu’elle lui livre ses rapports contenant les dépassements et les dérives commis par tel ou tel candidat.

Nabil Baffoun et ses proches collaborateurs promettent de prendre les mesures appropriées quand l’Isie se réunira, après la proclamation des résultats.

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