Cette manifestation artistique est le premier fruit du jumelage de deux associations de photographes professionnels et amateurs, « passionnés », préfère dire Mouna Khouaja, présidente de l’association récemment créée sous l’appellation de « Didon et Enée ».
La Presse — Dimanche prochain, prendra fin l’exposition de photos organisée dans la galerie du Presbytère Sainte Croix à Tunis (rue Jemaâ ez-Zitouna) sous le titre de «Mer de Sicile et de Tunisie, d’une côte à l’autre».
Cette manifestation artistique est le premier fruit du jumelage de deux associations de photographes professionnels et amateurs, «passionnés», préfère dire Mouna Khouaja, présidente de l’association récemment créée sous l’appellation de « Didon et Enée ». Grâce à l’intermédiation militante de Paulo Rizzi, retraité italien depuis une décennie installé dans notre pays où il avait passé sa prime enfance et qui œuvre sans relâche pour le rapprochement des deux côtés du Détroit de Sicile, cette association a été jumelée avec «I Colori della Vita», son homologue sicilienne fondée en 2008.
L’exposition a pour cadre une agréable galerie aménagée au-dessus de la terrasse du presbytère qui bénéficie ainsi d’un éclairage naturel de belle qualité. Dix artistes, cinq pour chaque partie, ont accroché soixante œuvres «exposées dans une logique de récit commun donnant visibilité aux lieux et aux personnes peu connues et peu considérées» et qui gardent vivante la mémoire de souvenirs communs.
Un voyage visuel qui, tel le mouvement des vagues de la Méditerranée, fait alterner le long du circuit des allers/retours entre les deux rives de Mare nostrum qui mettent en relief le patrimoine partagé, mais aussi les spécificités de chaque rive.
Mieux décliner la volonté de partage au passé et à l’avenir
Le décrochage aura lieu lundi prochain. D’ici là, un long week-end est devant nous pour prendre part à cette expédition sur les rives d’une mer que les organisateurs ont tenu à rebaptiser «Mer de Sicile et de Tunisie» comme pour mieux décliner la volonté de partage au passé et à l’avenir. Mais pas seulement.
En effet, l’espace qui accueille cet événement mérite lui aussi qu’on s’y arrête. Il s’agit du presbytère qui, comme chacun ne sait peut-être pas, a été la résidence du curé de l’église Sainte Croix, premier lieu de culte chrétien aménagé à l’intérieur de la Médina de Tunis, en 1837, c’est-à-dire bien avant l’instauration du «protectorat» français sur la Tunisie en 1881.
Cet espace faisait partie d’un ensemble qui comprenait également l’église Sainte Croix proprement dite. Cédés à l’Etat tunisien par le Vatican en 1964, ces locaux ont été convertis à des usages civils. Par manque d’entretien, ils s’étaient détériorés au point de menacer ruine.
Le 16 mai 2007, un protocole d’accord a été signé par les gouvernements tunisien et italien aux termes duquel l’Association de sauvegarde de la Médina de Tunis a été chargée de mener des études pour la restauration et l’aménagement du presbytère. Le 3 octobre 2017 le nouvel espace était inauguré pour accueillir un centre d’artisanat, d’expositions, de formation et d’animation culturelle.
Signalons enfin que l’exposition «Mer de Sicile et de Tunisie d’une côte à l’autre» a été voulue itinérante. Elle va se produire à Mahdia (qui conserve de Roger II de Sicile la fameuse Sqîfa kahla) puis à Trapani et, enfin, à Mazara de Vallo où réside une importante communauté tunisienne.