La question économique, la lutte contre l’intégrisme, l’épanouissement des jeunes, l’éradication de la corruption sont les attentes des Tunisiens dans  une Tunisie désormais démocratique.

C’est le jour J. Journée où les Tunisiens se sont rués vers les bureaux de vote pour élire leur président. Une journée sereine, calme, avec une température automnale où la chaleur a atteint son apogée dans les quelques heures qui ont suivi midi. Ainsi peut-on décrire l’affluence des Tunisiens vers les centres de vote. Un peu à l’image de l’évolution de cette température typiquement automnale, au fil de la journée. Les rues et les ruelles ne sont pas aussi mouvementées. C’est normal. Il s’agit bien d’un dimanche même si on est à deux jours seulement de la rentrée scolaire. Le silence pré-retour aux bancs des écoles oblige. Cela n’empêche que les quartiers où se situent les divers centres de vote sont relativement animés par le va et vient des riverains. La Tunisie démocratique vote. A vrai dire, ce n’est pas inédit. Exactement, c’est le quatrième rendez-vous électoral dans un laps de 8 ans. Plus qu’impressionnant, dans la mesure où cette fois-ci le peuple est déterminé à élire et faire un choix plutôt de raison. Pourquoi ? Parce qu’il a des attentes et des comptes à demander au prochain président élu. Quelles sont ces attentes ? Pour en avoir un aperçu, nous avons recueilli quelques témoignages.

La question économique, la lutte contre l’intégrisme

Mariem (pseudonyme), 52 ans, femme mariée et mère de deux jeunes garçons, travaille dans une ONG. Pour elle, la priorité absolue que devrait avoir le président élu est un projet économique pour la Tunisie. « J’attends du nouveau président qu’il soit porteur d’un grand projet économique. La résorption du chômage et l’amélioration du niveau de vie. Pour moi, c’est une quasi-priorité», affirme-t-elle. Cet avis est partagé par un jeune couple parents d’une fillette et habitant le quartier résidentiel d’El Manar. La mère, une femme entrepreneure, vient de célébrer ses 40 ans. Le père, 45 ans, est fonctionnaire. Il nous répond, son rejeton à la main: « C’est de la question économique que le futur président doit s’occuper. La démocratie est désormais un acquis. Il faut maintenant s’intéresser aux enjeux économiques du pays ».

S.T est une trentenaire célibataire issue de la capitale. Elle et employée dans une société privée. Pour elle, le futur président est appelé à en finir avec l’intégrisme, l’obscurantisme et tous ceux qui les défendent. « Personnellement, je trouve que l’éradication de l’extrémisme constitue la priorité nationale n°1 », explique-t-elle.

Sentiment d’abandon chez les jeunes, craintes et peurs pour les jeunes

Atef et Marouene, voient les choses autrement. Agés respectivement de 35 et 24 ans, les deux jeunes hommes issus de la région de Ghomrassen (Sud tunisien) travaillent en tant que marchands de beignets à la capitale. A notre question, les deux jeunes hommes se sont immédiatement indignés contre une stigmatisation ressentie des jeunes. « Mes attentes ? Qu’on ouvre la mer, qu’on facilite l’octroi des visas ! C’est ça mes attentes », nous répond le plus jeune. Son ami qui habite la cité El Mourouj (gouvernorat de Ben Arous) ajoute comme dans un cri de cœur : « Les jeunes qui n’ont aucune appartenance politique ou qui ne sont pas issus de familles aisées sont infortunés ».

Pour Ilyes, médecin de libre pratique âgé de 50 ans, le nouveau président doit être le président de tous les Tunisiens.

Il explique, à ce sujet, sur un ton qui laisse sentir de l’amertume : « Nous voulons qu’on laisse travailler le nouveau président, qu’il en finisse avec la corruption, qu’on ne lui mette pas les bâtons dans les roues. Un président de tous les Tunisiens. Un président qui travaille pour son pays ». Quant à Slah, retraité de la fonction publique et grand père d’un petit-fils de 2 ans, il s’attend à ce que les réformes majeures tant attendues soient mises sur de bons rails pour que l’économie décolle. « Je suis retraité. L’avenir est derrière moi. Je pense à mes enfants et mes petits-enfants. Le pays ne décollera que si les réformes sont achevées. Le nouveau président doit être en mesure de faire face à ces défis », explique-t-il.

La question économique, la lutte contre l’intégrisme, l’épanouissement des jeunes, l’éradication de la corruption sont toutes des attentes réelles, des appels au salut pour une Tunisie qui a connu, désormais, la démocratie et la liberté. Face à ce spectre d’attente, le nouveau président n’a pas d’autres choix que d’être le président de tous les Tunisiens. 

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