Première édition du festival national du théâtre tunisien au Kef : Moncef Souissi, l’absent-present…

Le week-end dernier (20, 21 et 22 septembre), la ville du Kef a accueilli l’édition inaugurale du Festival national du théâtre tunisien dédié à feu Moncef Souissi pour sa grande contribution à l’essor du 4e art tunisien. Ce nouveau festival qui se déroule sur deux mois, du 20 septembre au 16 novembre 2019 dans 24 gouvernorats, est organisé par les Centres d’arts dramatiques de Tunisie et les délégations régionales de la culture ainsi que les professionnels du théâtre tunisiens.

«Le coup d’envoi de cette édition “rodage” au Kef est significatif dans la mesure où la première troupe théâtrale a été fondée en novembre 1967 au Kef à l’initiative de Moncef Souissi», a rappelé Mohamed Messaoud Driss, directeur du Festival national du théâtre tunisien au cours d’une conférence de presse ayant précédé l’ouverture de la manifestation. «Perpétuer la tradition théâtrale, consolider la décentralisation, renforcer la spécificité de la couleur locale de chaque région», a déclaré, pour sa part, Abdelhalim Messaoudi, conseiller auprès du ministre de la Culture, Mohamed Zinelabidine. «Ce festival a été institué pour poursuivre le rêve de tant d’hommes de théâtre», a enchaîné Mounir Argui, directeur du département du théâtre au ministère de la Culture.

La cérémonie d’ouverture, qui s’est déroulée au Centre d’art dramatique et scénique du Kef, a été marquée par la projection d’un documentaire retraçant la naissance de la troupe théâtrale du Kef et les grandes étapes de son histoire. Par la suite, des trophées ont été remis en guise de reconnaissance à feu Moncef Souissi (remis à son frère), Sadok Mejri, Lamine Nahdi, Kamel Allaoui, Moez Hamza, Mongi Ourfelli, Lazhari Sebai, Nejia Ouerghi, Lassaâd BenAbdallah, Mohamed Taoufik Khalfaoui, Moncef Sayem, Mounir Argui et Riadh Nahdi. Puis place a été faite à la nouvelle création du Centre d’art dramatique et scénique du Kef, intitulée «Qom», une sorte de réplique de la pièce «Salut, le maître !» de Mohamed Driss. Usant de métaphore et d’humour, la pièce a suscité la réaction du public qui a salué les comédiens ayant excellé dans leur jeu. La cérémonie a été précédée d’une animation dans les rues de la ville et devant le Cads du Kef avec échassiers, conteurs et autres activités.

Besoin de théâtre ? !

Les moments forts de la deuxième journée sont le colloque et la pièce «Qadimoun» de Sami Nasri. Intitulé «Besoin de Théâtre?!» le colloque a vu la participation de Mohamed Mediouni, Mounir Argui, Sadok Mejri et Anis Hamdi, coordinateurs. Dans son intervention, Mohamed Mediouni a notamment parlé de «l’exception tunisienne» rappelant que la Tunisie produit plus de 300 pièces par an et que le théâtre est une image de la citoyenneté. Au cours de son témoignage, Mounir Argui a fait un constat amer du paysage théâtral tunisien particulièrement au niveau de la législation qui n’a pas été modifiée depuis 1986 ainsi que des conditions de production insuffisantes, le budget total de 5 milliards, dont 1 milliard 600 millions à la production, 2 milliards 180 millions à l’achat, est faible. Toujours est-il que les participants se sont accordés pour affirmer que le théâtre est un besoin vital notamment le théâtre d’auteur qui souffre de l’absence de marché et de public.

Dans la soirée, la pièce «Qadimoun» de Sami Nasri a remplacé «Juifs» initialement prévue et ce raison de la défaillance d’un des comédiens. «Qadimoun», d’après «Sinj» de Ezzedine Madani, a été mise en scène dans les années 70 par la troupe régionale du théâtre du Kef. Produite par le Cads du Kef, cette création est une relecture au goût du jour de la révolte des esclaves durant le règne des Abassides. Elle questionne le présent en réinvestissant le passé à travers une scénographie moderne où se mêlent à la fois danse et théâtre à l’ancienne avec des masques. Les spectateurs peu nombreux ont suivi la pièce avec intérêt.

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