A quoi joue Ennahdha ?

QUAND Rached Ghannouchi criait sur tous les toits qu’Ennahdha jouera pour les trois titres et briguera les trois présidences, quelques jours avant le premier tour de l’élection présidentielle tenue le 15 septembre, personne, y compris parmi ses adversaires les plus virulents, n’aurait misé un sou sur le fait de voir, aujourd’hui, le parti de Montplaisir autoproclamé «parti de la révolution» frapper avec insistance à la porte de Kaïs Saïed pour lui offrir son soutien inconditionnel, sans être pour autant confiant ou sûr que son offre sera acceptée.

Pour être encore plus clair, aujourd’hui, les observateurs et les analystes s’interrogent pourquoi et en contrepartie de quoi les nahdhaouis accourent vers la maison Saïed pour y chercher refuge sans avoir réussi, auparavant, à glaner les assurances ou les promesses qui justifient leur appui à un candidat à la présidentielle qui clame et répète quotidiennement qu’il ne sollicite le soutien de personne. De plus, il souligne, dans les rares apparitions médiatiques qu’il accorde aux TV et journaux étrangers, que son projet politique est radicalement opposé au système dans lequel se sont moulés la majorité des partis politiques, en premier lieu Ennahdha, après la chute de l’ancien régime et le triomphe de la révolution de la liberté et de la dignité, il y a maintenant près de 9 ans.

Et la grande question qui restera, peut-être, sans réponse est la suivante : en annonçant, via son Conseil de la choura, qu’il se range du côté de Kaïs Saïed, c’est-à-dire qu’il ordonne à ses militants (ou à ce qu’il en reste encore) de voter pour le candidat de «la révolution» lors du second tour de l’élection présidentielle, Ennahdha a-t-il reçu, en contrepartie, des assurances selon lesquelles les 600 mille et quelque partisans de Kaïs Saïed accorderont leur confiance aux candidats nahdhaouis à la députation?

La question s’impose d’autant plus que le réservoir électoral que Kaïs Saïed a réussi à acquérir le 15 septembre fait l’objet actuellement d’une opération de séduction tous azimuts dans la mesure où plusieurs partis, dont certains n’ont pas caché leur opposition aux thèses de Kaïs Saïed, cherchent par tous les moyens à s’approprier les voix des milliers de jeunes qui ont plébiscité Il Professore.

Sauf qu’il demeure une grande inconnue: et si les partisans de Saïed décidaient de boycotter les urnes le 6 octobre prochain?

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