Faillite de Thomas Cook : l’occasion pour la Tunisie de repenser le tout balnéaire et relancer le débat sur l’Open Sky

La faillite du voyagiste Thomas Cook ne va pas faire sombrer le tourisme en Tunisie, estiment les acteurs de ce secteur crucial, mais elle rappelle avec acuité le besoin de proposer autre chose que des séjours balnéaires tout compris.

Le tour opérateur était revenu en force dans le pays en 2018 après trois ans de passage à vide en raison des attentats de 2015 contre le musée du Bardo à Tunis et sur une plage de Sousse (centre).

Avec l’amélioration de la sécurité, la fréquentation a depuis connu un rebond, et devrait atteindre en 2019 les neuf millions de touristes, un record. Au 10 septembre, le pays avait enregistré 6,6 millions d’entrées, soit une augmentation de 15% sur un an, dont 2,1 millions d’Européens (+18,4%).

« A l’échelle du pays, les recettes touristiques tunisiennes ont dépassé celles de 2010 (année de référence avant la révolution, NDLR), les pertes engendrées ne vont pas affecter ces performances », a déclaré à l’AFP le président de la Fédération tunisienne de l’hôtellerie, Khaled Fakhfakh.

La faillite touche de plein fouet une quarantaine d’hôtels a-t-il ajouté, tout en estimant « ce sont des hôtels de qualité, je ne pense pas qu’il y ait de faillite ».

« C’est un client de longue date, cela va être difficile mais pas insurmontable », assure une cadre d’une agence de voyage, sous couvert d’anonymat. « Pendant trois ans, Thomas Cook avait quasiment quitté le pays, on a appris à rebondir ».

Cette année, Thomas Cook a organisé le séjour de 230.000 vacanciers, dont quasiment la moitié de Britanniques, selon le ministère tunisien du Tourisme.

Cela représente environ 3,5% de la totalité des touristes, et 5% du marché européen.

Impayés

Le voyagiste a fait faillite avant d’avoir réglé les factures pour la haute saison estivale, laissant plus de 60 millions d’euros d’impayés, selon les premières estimations de la Fédération tunisienne de l’Hôtellerie.

La faillite de ce géant du secteur a ravivé les appels à développer un tourisme plus divers, alors que les trois quarts des vacanciers européens arrivent toujours en Tunisie via les tour-opérateurs, selon la FTH.

« C’est un modèle qui est en train de s’essouffler », souligne Hédi Hamdi, expert du secteur. « il faut une transition en douceur, avec une offre dynamique adaptée à la jeune génération ».

Acheter un vol sec, réserver des moyens de transport et des excursions en ligne, choisir à distance plusieurs hébergements pour un séjour sur mesure : Il est encore difficile en Tunisie de répondre à la demande des touristes 2.0 qui ne veulent pas se retrouver parqués dans des séjours organisés.

Pour cela, les hôteliers réclament notamment la signature d’un accord d’Open Sky en préparation depuis plusieurs années avec l’Union européenne, qui autoriserait l’arrivée de compagnies low cost et réduirait la dépendance vis-à-vis des charters des voyagistes.

« C’est un couteau à double tranchant », avertit M. Hamdi. « Cela pourrait se traduire par une nouvelle hégémonie de structures comme Expedia ou Booking.com qui ont aussi des exigences très fortes ».

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