4e rapport national sur l’emploi | Marché du travail : Inadéquation entre l’offre et la demande

Le dernier rapport national sur l’emploi mentionne que 72% des entreprises ne comptent pas recruter durant les 12 prochains mois.

L’Institut arabe des chefs d’entreprises (Iace) vient de publier la quatrième édition du rapport national sur l’emploi, une étude sur le marché de l’offre et de la demande de travail en Tunisie. En la comparant aux éditions précédentes, le Think Tank économique s’est attardé dans cette édition sur le problème de l’inadéquation entre l’offre et la demande, l’attractivité de l’emploi et l’exclusion sur le marché du travail.  Cette étude, fruit d’une collaboration avec Oxfam en Tunisie, la Fondation Friedrich Naumann et le ministère de la Formation professionnelle et de l’Emploi, vise à estimer le nombre de recrutements potentiels, le nombre de postes occupés ainsi que le nombre de postes susceptibles d’être détruits. C’est également un outil qui permettra d’analyser la situation actuelle des diplômés en Tunisie, tout en relevant les différentes difficultés rencontrées lors de la recherche de l’emploi.

De quelles compétences les entreprises ont-elles besoin ?

L’étude fait apparaître qu’au niveau de tous les secteurs étudiés, les compétences techniques et numériques sont les plus demandées par les chefs d’entreprise (77,5% contre 4,6% pour la qualité de la formation universitaire et 3% seulement pour la qualité de la formation professionnelle). La plupart des employeurs sont intéressés par les compétences (46,8%) et l’expérience (44%) des candidats plutôt que le diplôme universitaire (5,7%), l’âge (1%) ou le genre (2,6%). En ce qui concerne l’adéquation entre les besoins et l’offre du marché de l’emploi, le rapport indique que la moyenne nationale de ce score s’élève à 0,43 et montre que la plupart des gouvernorats ont eu la moyenne pour le score de l’adéquation offre-demande, mais ceci n’empêche que 10 gouvernorats n’atteignent pas la moyenne nationale, à savoir Gabès, Kairouan, Siliana, Nabeul, Tozeur, Kébili, Tataouine, Gafsa et Bizerte. Le Kef arrive en bas du tableau avec un score égal à 0.

Pour ce qui est des postes occupés, les entreprises interrogées du secteur privé emploient 763.120 postes sur huit secteurs différents : A industrie, services, commerce, construction, hébergement et restauration, transport et entreposage, agriculture et pêche, informations et communications. Presque 80% des employés travaillent dans les secteurs de l’industrie et des services qui sont en tête de liste en matière de postes occupés en 2018 avec respectivement 481.405 et 115.505 postes. Idem en matière de recrutement dans ces deux secteurs : 16.936 recrues dans le secteur industriel contre 5.602 dans les services en 2018.

La disparité régionale toujours au rendez-vous !

Une analyse régionale des postes occupés a permis de relever les disparités au niveau des gouvernorats. La plupart des postes occupés sont concentrés dans le Grand-Tunis : 43,5%, suivi du Nord-Est (18%), du Nord-Ouest (6%), du Centre-Est (28%). Les pourcentages les plus faibles sont occupés par le Centre-Ouest (1,3%), le Sud-Ouest (1%) et le Sud-Est (2,2%). Ceci peut être expliqué par les disparités au niveau du nombre des zones industrielles et des entreprises implantées dans ces régions. S’agissant de la perception des chefs d’entreprise vis-à-vis de la situation de l’emploi dans les mois qui viennent, 4% des chefs d’entreprise interrogés pensent qu’au cours des douze prochains mois, l’emploi va baisser dans les entreprises alors que 24,3% pensent que la situation de l’emploi s’améliorera. 71,7% d’entre eux prévoient la stagnation de l’emploi et affirment qu’ils ne comptent pas recruter au cours des douze prochains mois.

Près de 8.000 emplois risquent de disparaître

Toujours selon les résultats présentés, le nombre de postes vacants s’élève à 47.026 concentrés dans les deux secteurs industrie (31.885) et services (5.860). Les deux régions qui dégagent plus de nombre de postes vacants sont le Grand-Tunis (32,5%) et le Centre-Est (31,8%). La région du Centre-Ouest ne dégage que 0,2% du nombre total de postes vacants, soit seulement 100 postes vacants dans trois gouvernorats : Sidi Bouzid, Kairouan, et Kasserine. Les professions élémentaires sont les professions les plus recherchées dans les entreprises : manœuvres des mines, manœuvres du BTP et de l’industrie manufacturière, manœuvres du transport et vendeurs.

Interrogés sur les difficultés de recrutement, les chefs d’entreprise estiment que les postes les plus difficiles à pourvoir sont les professions intellectuelles et scientifiques ainsi que les directeurs, cadres de direction et gérants.

Concernant les postes susceptibles de disparaître, le rapport a révélé que le nombre total de ces postes s’élève à 7.819 répartis comme suit : l’industrie (6.630), les services (583) le commerce (247), l’agriculture, la sylviculture et la pêche (86), l’information et la communication (75), l’hébergement et la restauration (98), la construction (86) et les transports et l’entreposage (14). Bien que le nombre le plus élevé des postes susceptibles d’ être détruits  soit réservé au secteur de l’industrie, ce secteur a aussi le nombre le plus élevé en termes de postes vacants. Ce qui peut être un peu rassurant par rapport à la situation actuelle de l’emploi dans ce secteur.

Embauche et lien de parenté

S’agissant des moyens utilisés pour décrocher le premier poste d’emploi, 36,4% des diplômés étant en poste déclarent qu’ils décrochent leur première insertion professionnelle à travers leurs parents et amis. Le reste cite des candidatures spontanées (28,10%), bureau d’emploi (20,20%), cabinet de recrutement (11,20%) et institution de formation (4%).

Mais il est à noter que plusieurs répondants déclarent avoir refusé une ou plusieurs offres d’emploi, représentant ainsi 40,64%. Ce refus peut être expliqué par plusieurs raisons. Mais la rémunération reste toujours la raison principale (44,7%), vient ensuite l’inadéquation entre le poste et le domaine d’études (19%) et finalement la distance par rapport au lieu de résidence (16,4%). D’autres raisons ont été évoquées comme l’absence d’un contrat formel et les conditions défavorables du travail. Pour plus de 65% des diplômés interrogés, les conditions de travail et la qualité d’emploi offerte par les entreprises sout les critères le plus importants lors du choix du travail.

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