La gauche au plus bas

LES observateurs des élections législatives relèvent, sans exception, l’effondrement de toutes les listes se réclamant de la gauche. Ce alors qu’en revanche, la droite et les sensibilités islamistes, pro-islamistes et ultra-islamistes ont enregistré une progression sensible.

’échiquier politique national a, ainsi, connu une translation globale vers le conservatisme au détriment du progressisme, du centrisme et de la gauche. Alors que les élections de 2014 avaient dégagé une forte affirmation des forces considérées comme centristes, dans la foulée de la construction du grand parti fondé, alors, par Béji Caïd Essebsi.

Nida Tounès avait, en effet, rassemblé diverses forces centristes et modérées, ainsi que des sensibilités de gauche de divers bords, des syndicalistes et d’importantes franges d’indépendants. Cette polarisation à sens unique avait dégarni peu à peu, durant les cinq ans du mandat écoulé, les rangs de la gauche, en les impliquant dans les luttes intestines qu’a vécues Nida Tounès.

De ce fait, la gauche idéologique et même politique s’en est trouvée terriblement affaiblie en tant que pôle attractif et idéal mobilisateur classique, notamment pour une partie de la jeunesse.

L’implosion du Front populaire historique en deux entités de gauche radicale a déstabilisé l’unité de ses rangs et dévié son énergie vers les luttes internes, chacune menant à part sa campagne électorale. Cette unité avait été, depuis 2016, perturbée par l’opportunité offerte à l’un de ses leaders de faire partie du gouvernement. Sans oublier l’émergence d’un troisième courant se voulant réformateur tiré par un ancien ministre syndicaliste.

Ces divisions autour d’une polémique sur l’idée d’une possible participation au pouvoir semblent avoir démystifié les barons de la gauche, jusque-là protégés par leur idéalisme révolutionnaire. En lavant le linge sale, ils auraient avalisé l’idée que les nominations pouvaient les concerner et les impliquer. Alors que les gouvernants et les titulaires de postes étaient au plus bas.

La montée de nouveaux courants porteurs d’espoirs concrets, d’obédiences diverses, a fait le reste : des idéaux concrets de court terme au lieu d’idéaux devenus langue de bois. Là où les takfiristes promettent concrètement le paradis.

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