Mission d’observation électorale de l’Union européenne : Un scrutin dans la transparence 

La MOE fait remarquer que l’application du cadre juridique régissant la campagne législative, quoique conforme aux bonnes pratiques internationales, souffre d’un contrôle public déficient. L’application insuffisante des sanctions ainsi qu’une connaissance incomplète des règles favorisent le non-respect des dispositions juridiques par les acteurs politiques.

La Mission d’observation électorale de l’Union européenne (Moeue) a présenté son rapport préliminaire hier à Tunis lors d’un point de presse. C’était l’occasion de féliciter l’Instance supérieure indépendante pour les élections (Isie) pour la bonne organisation des élections législatives en dépit des défis posés par le calendrier électoral mais a pointé du doigt certains problèmes tout au long du processus électoral comme l’application insuffisante des sanctions et la connaissance incomplète des règles qui ont favorisé le non-respect des dispositions juridiques par les acteurs politiques, les dépassements des règles de couverture de la campagne, ainsi que des violations persistantes relatives à la diffusion de messages sponsorisés  sur les réseaux sociaux.

Forte abstention des jeunes et des femmes
La journée électorale a été bien préparée et s’est déroulée de manière ordonnée et dans le total respect des mesures de transparence. « Ce libre scrutin a consolidé la nouvelle expérience démocratique dans ce pays considéré comme un modèle dans la région du monde Arabe malgré une forte abstention du côté des jeunes et de la gent féminine, a déclaré Fabio Massimo Castaldo, chef de cette  mission d’observation.
Disposant de 95 observateurs sur le terrain couvrant l’ensemble des gouvernements, la MOE a visité 479 bureaux électoraux et a relevé un nombre limité de dépassements.
M. Castaldo s’est arrêté sur ce grand taux d’abstention enregistré lors des législatives, notamment chez les jeunes et les femmes, appelant à une grande réflexion sur le plan national autour de cette question. Il a expliqué sur un autre plan que les médias publics ont assuré une couverture pluraliste et équitable des listes candidates, mais certains médias privés n’ont pas garanti le respect de ses principes.

Déficience du contrôle public
Le MOE a fait remarquer que l’application du cadre juridique régissant la campagne législative, quoique conforme aux bonnes pratiques internationales, souffre d’un contrôle public déficient. L’application insuffisante des sanctions ainsi qu’une connaissance incomplète des règles favorisent le non-respect des dispositions juridiques par les acteurs politiques. Le débat concernant le montant du plafond global des dépenses ne deviendra pertinent que lorsqu’un contrôle public efficace sera instauré.
Plusieurs acteurs politiques, autorités nationales et représentants de la société civile ont exprimé auprès de la MOE leur préoccupation relative à des pratiques en rapport avec l’achat de voix et l’utilisation des ressources publiques, des pratiques qui sont pourtant interdites par la loi.

Le cas Nabil Karoui
Répondant à une question  se rapportant au refus des autorités judiciaires de la demande déposée par la MOE pour rencontrer le  candidat à la Présidentielle Nebil Karoui,  Castaldo a expliqué que la mission a officiellement demandé de rendre visite à ce dernier mais le juge a rejeté notre  demande.
« On respecte cette décision, et les autorités judiciaires sont indépendantes  mais on n’a pas eu de réponse écrite ou une explication à ce refus. On aurait aimé avoir une réponse », ajoute-t-il. Et d’ajouter qu’il faut toujours lire attentivement le langage de la MOE qui n’a jamais demandé la libération de ce candidat et ne veut pas dépasser son mandat et s’ingérer dans une affaire qui relève de la justice tunisienne. Toutefois, on continuera notre mission de façon très engagée, conclut-il.

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