éducation – Coût élevé de la scolarité dans les écoles privées : Des frais de plus en plus lourds…

Les parents dépensent sans compter pour garantir la réussite scolaire de leurs enfants.

Il y a presque un mois que les cours ont repris dans les établissements scolaires. Une rentrée scolaire que l’on pourrait qualifier de pratiquement normale car elle s’est déroulée sans trop « d’encombres ».
C’est en soi une consolation car la crise couve toujours dans le système d’éducation nationale qui attend toujours ses grandes réformes.
De nombreux problèmes inhérents aux cours particuliers que donnent les professeurs ont miné la qualité du système public et brisé la confiance entre les parents et les enseignants. A cause de l’appât du gain facile. En deux heures, un enseignant qui donne des cours à un groupe de quatre enfants peut engranger deux cents dinars. D’autres n’hésitent pas à intimider les élèves pour sommer leurs parents à mettre la main à la poche.
Depuis belle lurette, de nombreux parents ont décidé d’inscrire leurs enfants dans les établissements scolaires privés pour rompre avec la gabegie qui règne dans certains établissements publics. Toutefois, les frais de scolarité mirobolants notamment dans les écoles privées du primaire au secondaire marquent une véritable rupture avec un passé lointain en Tunisie. Celui au cours duquel « l’enseignement de qualité et gratuit pour tous » était la norme jusque dans les années 1980 et 90. Cette réalité est devenue une gageure car elle a perdu à la fois son sens et son essence aujourd’hui.
Désormais pour faire bénéficier son enfant d’un parcours scolaire de choix et dans les meilleures conditions, il faut payer rubis sur l’ongle. Plus rien n’arrêtant l’expansion du système privé avec des écoles qui poussent comme des champignons dans de nombreux faubourgs de la capitale Tunis. On a voulu savoir alors à quel prix les parents consentent à intégrer leur progéniture dans le système privé ?

Dépenser sans compter
Evaluer les frais de scolarité d’un enfant tunisien dans le système privé ressemble plus à un casse-tête chinois qu’à autre chose avec la liste de frais interminables. Il faut compter les frais d’inscription et de scolarité, le coût de l’achat des fournitures scolaires, les achats annexes comme les tabliers et les cartables, les frais de cantine, du bus de ramassage scolaire, des cours de soutien, les activités parascolaires…Une véritable montagne russe en forme de « huit » qui donne le vertige.
Il y a quelques années encore, il fallait compter entre trois et quatre millions annuels par enfant scolarisé dans un établissement scolaire privé réputé de la capitale. Le témoignage d’une mère de famille ayant trois enfants à charge a permis de se faire une estimation de ce que l’on doit consentir à payer en moyenne pour un enfant scolarisé dans un établissement d’enseignement privé. L’école primaire privée lui coûte 300 D chaque trimestre, 200 D en frais d’assurances, 150 D en cours particuliers, sans oublier la cantine et le bus de ramassage par enfant. Les charges fixes avoisinent le million de millimes par trimestre, ce qui porte à trois mille dinars l’année scolaire par enfant sans considérer les frais annexes. Neuf mille dinars par an. C’est bien le budget annuel consacré aux frais de scolarité des trois enfants Trop, beaucoup trop pour des parents souvent amenés à consentir des crédits bancaires pour financer la scolarité de leur progéniture au grand dam du budget familial qui s’effrite rapidement.
La démocratisation du système scolaire qui assure en théorie une chance de réussir pour chaque enfant tunisien est un vieux rêve.
L’utilisation de l’argent comme moyen de financer la scolarité a pris une place démesurée dans la société tunisienne. Les écoliers socialement divisés sont entre deux rives qui ne mènent pas aux mêmes directions ni aux mêmes horizons : rive droite, rive gauche.

Rive droite, rive gauche
Afin de garantir la réussite de leur enfant à l’école, les parents dépensent souvent sans compter. Lorsqu’on apprend que des ministres de l’ancien gouvernement ont scolarisé leurs enfants dans des écoles américaines et britanniques à hauteur de soixante ou quatre-vingt mille dinars par an, on devine qu’il y a une fracture sociale qui caractérise le système éducatif en Tunisie.
Le fossé ne cesse de se creuser au fil du temps. L’image poignante d’un petit garçon chaussant les sandales de son père postée récemment sur les réseaux sociaux suffit à elle seule à décrire le malaise social dans les écoles tunisiennes complètement désaffectées et aux ressources de plus en plus limitées.
La notion d’ascenseur social est quasiment morte en Tunisie. Celle qui traduit l’aspiration et les possibilités d’un enfant issu du milieu pauvre à s’élever socialement pour rejoindre l’élite.
Elle est en panne depuis bien longtemps avec des inégalités de chances qui se creusent d’année en année.
Cette inégalité des chances ne frappe pas que les plus pauvres : elle affecte une grande partie de la classe moyenne en Tunisie. Les disparités sociales sont marquantes dans les écoles tunisiennes où il faut théoriquement dépenser de plus en plus pour assurer pleinement la réussite scolaire de ses enfants. A quand le bout du tunnel ?

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