C’est sans tapis rouge, sans costards, sans robes de soirée ni grand chichi que le coup d’envoi de la 6e édition des Journées Musicales de Carthage a été donné à la Cité de la culture de Tunis.

Le concert inaugural a été assuré par le jeune et talentueux compositeur Amine Bouhafa qui se produit pour la première fois en Tunisie, accompagné de l’orchestre symphonique tunisien et son chœur, sous la houlette de Mohamed Bouslama.

Face-à-face électoral oblige, la soirée n’a commencé qu’à 23h, soit une heure de retard sur l’heure prévue. Heureusement que le spectacle méritait bien l’attente !
Scénographie toute en sobriété, cent vingt artistes sur scène, la soirée a commencé par une présentation de cette édition des JMC par son directeur artistique Imed Alibi. Une édition « exceptionnelle » qui présentera au public treize projets dont neuf tunisiens et quatre étrangers venant du Burkina Faso, du Cameroun, de la Palestine et du Maroc. Une édition qui préservera les acquis, mais qui sera marquée également par des nouveautés comme les JMC Malouf et le volet formation et les rendez-vous professionnels, mais aussi par les hommages aux défunts Chawki Mejri, Mounira Hamdi, Lotfi Jormena, Rachid Taha, Hssan Dahmani et Rim el Banna.

Après ce préambule protocolaire, les premières notes sonnent…fulgurantes et les morceaux s’enchaînent. Depuis cet instant même, le monde a cessé d’exister, le temps s’est arrêté et la musique nous a transportés dans un ailleurs merveilleux, vibrant, époustouflant. Dix-sept morceaux ont été joués; les musiques des films et feuilletons Mizen, Jebal El Halel, Tariki, Grand Hotel, Timbuktu, Bab Khalek, Sah, La totfe2, Harat Yahoud, Ahouda, Kedah, Motos et The Godfather. Des bandes originales de films indépendants ou grand public qui vont de la musique classique à la musique du monde avec des sonorités électro. Quelle prestation !
Quelle justesse de jeu ! Quel arrangement ! Quelle interprétation orchestrale ! Un quasi sans faute pour un concert qui restera certainement gravé dans les esprits et marqué dans les annales des JMC. Une musique énivrante d’une sensibilité inouïe venant des tripes qui vous arrache les émotions des fins fonds de votre cœur ; et c’est sans exagération aucune.

Les jeux ont été inversés : ce sont désormais les images qui défilent sur le grand écran qui accompagnent la musique et non pas l’opposé. Oui, ce sont ces morceaux des BO si renversants qui ont toutes pris leur place, la place qu’ils méritent…

Du haut de ses trente-trois ans, Amine Bouhafa, cinq fois primé à l’étranger, celui qui a signé les bandes originales de vingt films et dix-huit feuilletons arabes et étrangers, ne nous a pas montré, lors de ce concert, ses qualités de compositeur, mais son génie. Les bons compositeurs existent un peu partout dans le monde, mais les génies sont, de loin, plus rares. Amine en fait, sans doute aucun, partie.

Dans une parfaite maîtrise de son art, le jeune compositeur a concocté un beau programme parmi ses œuvres ô combien originales, mais a aussi invité des guests comme Aida Nusrat d’Iran, Abir Derbel et Rakia Nassr de Tunisie comme voix et le joueur bamakonien de n’goni Makan Badje Tounkara. Il a également rendu hommage à la mémoire de son ami Chawki Mejri à travers une chanson si émouvante de Chirine.

Samedi dernier, nous avons assisté à l’une des ouvertures les plus réussies des JMC, sinon la meilleure. Amine Bouhafa a mis la barre très haut, c’est le moins que nous puissions dire. Un premier concert réussi haut la main dans sa terre natale. Espérons que ça ne sera pas le dernier.

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