Mondial 2022 – éliminatoires – zone asie : palestine-arabie saoudite : Un événement historique

Hervé Renard : « Salam aleikoum ».

L’équipe nationale palestinienne a affronté l’Arabie saoudite à domicile pour les éliminatoires de la Coupe du monde 2022.
Un évènement marquant pour la diplomatie du football au Moyen-Orient. Ils ont été distribués par milliers. Des drapeaux palestiniens s’agitent avec frénésie dans le stade d’Al-Ram, situé au pied du célèbre mur de séparation. Pour la première fois de son histoire, l’équipe nationale accueille la sélection saoudienne sur ses terres. Par le passé, l’Arabie saoudite avait toujours refusé de jouer dans les territoires occupés. Pas question cependant pour les sélectionneurs d’évoquer ce revirement diplomatique.
Le Français Hervé Renard, deux victoires de CAN et une qualification à la Coupe du monde au compteur, est à la tête de la sélection saoudienne depuis juillet dernier.
Le « Sorcier blanc » commence sa conférence de presse par un retentissant « Salam aleikoum » et balaye d’emblée l’aspect politique de la rencontre: « C’est du football, nous ne sommes pas des politiciens, mais si vous voulez mon avis, c’est bien d’être ici » , clame le coach dans un anglais hésitant. Le Franco-Algérien Noureddine Ould Ali botte lui aussi en touche. L’entraîneur des Palestiniens voit surtout une chance pour son équipe de se faire une place parmi les grands.

Hôtel cinq étoiles
Les officiels palestiniens, eux, en font une victoire personnelle. Mahmoud Abbas, le président d’une Autorité palestinienne sans pouvoir, s’est même fendu d’un petit mot de bienvenue. Réception au palais présidentiel, panneaux publicitaires vantant la rencontre aux abords des check-points, et hôtel cinq étoiles réquisitionné pour l’occasion : la Fédération locale a mis les moyens. Cette visite saoudienne est qualifiée d’historique par Jibril Rajoub, grand manitou du football palestinien et fidèle parmi les fidèles de Mahmoud Abbas: « Les Saoudiens ont compris que c’est le moment de venir ici. Et nous attendons que la totalité des pays arabes et musulmans fassent de même », se réjouit le président de la Fédération de palestine de football.

Chawarma et football
Des heures avant le coup d’envoi, des milliers de Palestiniens convergent vers le stade d’Al-Ram. Un vendeur ambulant installe son stand de chawarma à l’ombre des pans de béton du mur de séparation. La zone, placée sous le contrôle direct de l’armée israélienne, est cette fois quadrillée par les forces de sécurité palestiniennes. Le Fatah a mobilisé ses troupes. Des dizaines de bus affrétés par le parti de Mahmoud Abbas déversent des supporters d’un jour à l’entrée du stade. Les tifosi des clubs locaux qui bravent la pluie sont également présents.
Une tribune entière est occupée par les étudiants de l’académie de police. Des policiers en civil sont aux aguets dans les rangées. Les spectateurs qui n’ont pas obtenu de passe-droit s’accrochent aux grilles ou montent sur les toits des immeubles voisins. Des vagues de drapeaux palestiniens frétillent sous le nez des portraits de Yasser Arafat, Mahmoud Abbas ou encore du roi Salmane et de son fils MBS, qui trônent en bonne place. Sur le terrain, les Saoudiens, présentés comme les grands favoris, ont du mal à mener la danse.
Quant aux Palestiniens, ils manquent plusieurs occasions. La rencontre « historique » se solde par un match nul (0-0). Une parité dans un Moyen-Orient en pleine recomposition.

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