La campagne électorale présidentielle et législative a laissé des séquelles parmi les journalistes dont 76, des deux sexes, ont été agressés. Provocation, menaces, violence verbale et physique et empêchement d’exercer leur métier : les journalistes en ont vu de toutes les couleurs.

Fini le marathon électoral, sans en finir avec ses diatribes et scandales. Il ne reste dans les médias qui l’ont déjà suivi de plus près sur le terrain ou via les plateaux radiotélévisés que de mauvais souvenirs touchant le moral et l’intégrité physique des journalistes. C’est que l’exercice de leur métier n’est plus à l’abri de danger. L’on parle ici, noir sur blanc, d’une certaine hostilité inexpliquée qui gagne de plus en plus ce milieu professionnel dans une tentative de le réduire au silence.

Au bout de trois mois, du 22 juillet au 20 octobre, la couverture médiatique des législatives et de la présidentielle anticipée 2019 a eu son coût : 76 journalistes des deux sexes ont été victimes de 79 agressions. Et les cas d’agressions sont multiples et nuancés, allant de la provocation et le harcèlement (24) jusqu’à la menace (5), passant par des actes de violence verbale et physique (11) et même des cas d’empêchement de travail (32). Les chiffres sont têtus, dit-on ! Ils font état d’un constat alarmant établi par l’unité d’observation relevant du centre de la sécurité au siège du Snjt qui vient, mardi, de rendre public son rapport spécifique aux élections 2019. La mission a couvert la période précitée. Dans une conférence de presse, tenue à cette occasion, la responsable de l’unité, Mme Khaoula Chabbeh, est rentrée dans les détails : les journalistes ont été la cible d’agressions et de déchainements qui fusaient de toutes parts. En fait, plusieurs parties en sont tenues responsables, du moins pour avoir toléré, d’une manière ou d’une autre, de tels comportements inadmissibles à l’égard de la corporation et ses professionnels. Agents de l’Isie, candidats et leurs sympathisants, forces de l’ordre et citoyens, tous sont mis au banc des accusés. Le Snjt, la Ltdh, l’Ordre des avocats et bien d’autres leur ont lancé l’anathème.

Dénonçant vivement ces agressions en cascade, M. Neji Bghouri, président du Snjt, a insisté sur la nécessité de créer le plus rapidement possible le fameux conseil de la presse qui s’est heurté à de nombreuses difficultés de parcours. Six ans déjà, et même plus, son statut, ses prérogatives et son financement furent alors trop négociés. Sans pour autant parvenir à dessiner les contours de son champ d’action. Et M. Bghouri d’annoncer que sa création effective est imminente, donnant ainsi l’ultimatum du 5 novembre prochain comme date butoir de son inauguration. Ce conseil, tant attendu, serait, selon lui, une vraie instance de défense et d’autorégulation du secteur de la presse écrite et électronique. Il ne s’agirait, en aucun cas, d’un organe de répression ou de juridiction. Loin s’en faut !

Messages aux coupables !

Hormis Ben Arous et l’Ariana, ces agressions commises à l’encontre des journalistes ont sévi partout, dans toutes les circonscriptions électorales, relève ledit rapport. Et pour cause. Le Syndicat national des journalistes tunisiens n’a pas manqué d’émettre des recommandations, pour mettre fin à ce mouvement de violence contre ses adhérents. A l’Isie de réagir face à cela, en enquêtant sur ces cas afin de délimiter les responsabilités de ses agents. Elle est aussi appelée à réviser le code de conduite relatif à l’accréditation des médias et intensifier la formation de ses agents sur les principes de la liberté d’expression. Même message pour les partis politiques et leurs candidats, afin de ne pas tomber dans la diabolisation des médias. Le Snjt les a exhortés à respecter le droit d’accès à l’information et faire en sorte que leurs sympathisants ne soient plus jamais montés contre les journalistes. Les citoyens sont aussi sollicités à comprendre que les médias sont toujours au service de leur public et que l’information est un besoin vital. Et qu’ils fassent attention à ne pas être gratuitement manipulés dans des calomnies à l’encontre des médias. Pour finir, ces derniers, eux aussi, devraient faire preuve d’objectivité et ne pas prendre partie pour qui que ce soit.

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