On s’attendait à une journée exceptionnelle sous le dôme de l’Assemblée des représentants du peuple, et cela a été vraiment le cas. Le président de la République, Kaïs Saïed, a prêté serment et a prononcé son discours d’investiture, hier, devant les députés de l’Assemblée, les anciens chefs d’Etat et présidents de la République, les membres du corps diplomatique accrédité en Tunisie, les représentants des instances et organisations nationales et les représentants des différentes confessions. Mais durant ces occasions et cérémonies officielles, ce sont les coulisses, le non-dit et les dessous de la scène qui attirent l’attention.

Hier, dès le début de la journée, toute la ville du Bardo vivait au rythme de la séance extraordinaire au cours de laquelle le nouveau président de la République a prêté serment et a prononcé son discours au peuple tunisien. Des barrages sécuritaires à l’embouteillage devant l’ARP, en passant par la présence exceptionnelle des journalistes et des médias, tout renvoyait à une journée exceptionnelle. En effet, devant les portes d’entrée de l’Assemblée, les barrages sécuritaires étaient énormes, et cela s’explique au vu des personnalités qui ont pris part à cette plénière : d’anciens présidents de la République et chefs de gouvernement, les membres et le chef de l’actuel gouvernement, les représentants des instances et organisations nationales, les représentants des différentes religions et les membres du corps diplomatique accrédité en Tunisie. Cela nécessitait forcément un grand dispositif sécuritaire qui a, en effet, veillé sur le déroulé d’une autre journée exceptionnelle dans l’histoire post-révolution du pays.

En revanche, ce qui a attiré l’attention, c’était le grand désordre remarqué au niveau de l’accréditation des journalistes, qui ont exprimé leur colère devant l’une des portes d’entrée qui leur a été consacrée. Un bon nombre de journalistes et de représentants de médias ont été surpris par une interdiction d’entrée, leurs noms ne figuraient pas sur la liste autorisée, même s’ils confirment le contraire, ce qui a créé une tension remarquable.

Ce désordre était observé également dans la partie supérieure de l’ARP, où les journalistes, les représentants de la société civile et des invités « ordinaires » se sont installés. D’ailleurs, loin de l’organisation irréprochable dans la partie inférieure consacrée aux députés et aux grands invités, le balcon du Parlement ressemblait plutôt à un une place publique où on ne pouvait même pas se déplacer. Car en effet, un grand nombre de personnes ont été invitées et se sont installées dans cet espace, ce qui a semé le désordre et privé les journalistes d’exercer dans des conditions favorables.

Discussions, indiscrétions et plaisanteries

Les coulisses de cette plénière extraordinaire étaient marquées également par les discussions officieuses sur la formation du nouveau gouvernement. Car, en effet, si l’évènement majeur était le discours du président élu et la prestation de serment devant l’ARP, pour certains politiciens, dont notamment des dirigeants de partis politiques, c’était une occasion pour discuter de l’avenir de la scène politique et des négociations autour de la formation du nouveau gouvernement qui semblent être au point mort. Des cercles de discussions par-ci, par-là, des chuchoteries et indiscrétions aux quatre coins du Parlement et des rires, des plaisanteries et des « selfies » pour briser, de temps en temps, le sérieux et la détermination des conversations. Et c’est notamment les déplacements et l’activité du secrétaire général du mouvement Ennahdha, Zied Laâdhari, qui ont attiré l’attention. Dans la peau d’un chef de gouvernement, il est d’ailleurs pressenti pour ce poste, Zied Laâdhari n’a raté aucun instant pour discuter avec de nombreuses personnalités présentes, des ambassadeurs, des chefs de partis politiques, des députés, des ministres, etc.

En fait, durant cette plénière, on ne pouvait rien cacher, tout était sous les projecteurs et les yeux des journalistes tellement nombreux au point que les politiciens, les députés ou également les ministres cherchaient à s’isoler et se cacher pour converser librement. Ce qui a été placé sous les projecteurs, c’était également le contact entre l’actuel chef du gouvernement Youssef Chahed et son ministre de la Défense Abdelkrim Zbidi, assis côte à côte, comme le stipule le protocole parlementaire, pour assister au discours du président élu. Même si on se rappelle, certainement, le conflit qui a opposé les deux hommes sur fond de leur campagne présidentielle, rien, durant cette occasion, ne renvoyait à un contexte de tension entre eux. Un échange de regards puis de mots et de sourires, ils ont tous deux dépassé, semble-t-il, ce conflit.

Au départ du nouveau président de la République, dont le discours était au cœur des discussions, il était également question de discuter de la prochaine phase politique qui s’annonce cruciale pour le pays. Outre les déclarations de presse, le hall principal du Parlement s’est transformé, en effet, en une grande salle de négociations entre différentes personnalités de diverses parties politiques.

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