Si la recomposition du paysage politique devrait donner lieu — si ce n’est déjà fait — à de nouvelles formes d’organisation et de fonctionnement, ce n’est rien d’autre que la continuité de l’Etat et la préservation de ses institutions.
Il en ressort que cette nouvelle donne, avec ses contraintes et ses obligations, s’inscrit inévitablement dans une approche fonctionnelle destinée plus à mettre l’accent sur les complémentarités que sur les dissensions, sur l’identité plus que la contradiction.
Au-delà de la décision de démettre de leurs fonctions, respectivement, les ministres de la Défense et des Affaires étrangères, de la portée et de la signification d’un tel acte sur le fond et la forme, le trop dit, le dit, le mal dit et le non-dit, la continuité de l’Etat reste une figuration institutionnelle, impersonnelle, ancrée dans la conscience collective et qui appartient à toutes les époques.
Il n’appartient nullement aux acteurs de la scène politique de personnaliser la teneur de la continuité de l’Etat à leur seul bénéfice, quels que soient les motifs de gouvernance politique ou économique, dans le maintien de la stabilité institutionnelle ou de la sécurité publique, ainsi qu’au motif de l’accoutumance au pouvoir. Certes, la durée dans l’exercice du pouvoir offre la possibilité  de réunir des expériences intéressantes, mais elle peut aussi ouvrir la voie à l’usure et à l’excès de pouvoir.
Entre la morale politique et le réalisme de gouvernance, Kaïs Saïed se veut libre et viable. Mais comment concilier Machiavel et Montesquieu ? On pourrait se demander si l’aptitude d’adaptation pourrait servir à asseoir une politique forte et destinée à donner un sens aux changements.
Le milieu n’est plus ce que l’on croyait. Même s’il restera toujours prêt à accepter certains dividendes. Les acteurs politiques sont entrés dans un contexte innovant, en attendant bien sûr la grande restructuration tant souhaitée. Une phase de concurrence directe où les différentes contraintes et obligations devraient tirer vers le haut. Ceux qui arrivent à s’y faire une place savent parfaitement que les dispositifs de convaincre et de plaire ont changé. Ils n’ont plus la même signification. Ou presque. Ceux qui sont déjà dans le bain doivent aussi savoir ajuster leurs «convictions» et leurs connaissances en fonction des nouvelles évolutions. Le problème est que l’environnement dans lequel les uns et les autres s’expriment a longtemps souffert d’une atmosphère artificielle. Ce qui a été entrepris jusque-là en demi-mesure s’est avéré congru, incomplet et dans le meilleur des cas palliatif. Les bons constats amènent souvent les grands changements. Et si on n’est pas prêt à changer, c’est qu’on ne veut pas évoluer…

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