Notre dossier – Octobre rose : 3e Journée portes ouvertes à la Policlinique el Omrane : Informations vulgarisées et consultations gratuites

Chose promise, chose due! La 3e Journée portes ouvertes de sensibilisation sur la prévention contre le cancer du sein a été organisée, mardi dernier, à la Policlinique El Omrane (Cnss). Cet événement s’inscrit dans le cadre de la célébration de l’Octobre rose ; le mois international de sensibilisation sur la lutte contre le cancer du sein. Il a été élaboré par le service de radiologie, en collaboration avec les comités scientifiques relevant de la policlinique, mais aussi avec l’Association tunisienne de lutte contre le cancer (Atcc) et l’Association de lutte contre les maladies chroniques (Almc). Une équipe pluridisciplinaire, œuvrant dans le domaine de la santé maternelle, de la cancérologie, de la sénologie et dans toutes les disciplines concernées par la lutte contre ce fléau menaçant la santé féminine et la santé publique d’une manière générale, a été mobilisée pour informer les patientes bénéficiant des consultations à ladite policlinique et sur l’importance de la prévention et du dépistage précoce du cancer du sein.
Des professeurs de renom, exerçant dans le secteur public de la santé, des professeurs ayant contribué jadis aux prémices des toutes premières actions de sensibilisation sur le cancer du sein, des médecins, des sages-femmes et des radiologues, relevant aussi bien du staff de la policlinique que d’autres établissements de santé publique, ont répondu présent dans le but de lutter via la communication et le dépistage contre le premier cancer féminin. «On ne pouvait que répondre favorablement à la demande de la population-cible et nous conformer à une tradition que l’on veut perpétuelle, à savoir l’organisation de journées portes ouvertes, à l’occasion de la célébration de l’Octobre Rose. Il a suffi d’interpeller les collègues pour participer à cet évènement pour les voir ici, en ce jour, réunis pour la bonne cause ; une cause qui nous motive tous pour préserver la santé de la femme », a indiqué le Dr Najia Ben Moussa, présidente de l’Almc et chef du service radiologie, à la Policlinique El Omrane. «Nous comptons perpétuer cette tradition et la généraliser au profit des patientes consultant dans toutes les policliniques relevant de la Cnss, notamment les policliniques de Sousse, de Sfax, de Bizerte, de la Cité el Khadhra et de Métlaoui. L’évolution positive de la conscience de la population-cible, quant à la gravité de ce fléau , revient, entre autres, aux actions de sensibilisation et d’information ; des actions qui coûtent nettement moins par rapport au traitement», a indiqué Mme Layla Naïja, directrice-générale adjointe de la policlinique El Omrane.

Mammographie et/ou écho-mammaire : tout dépend de l’âge !
Il faut dire que les médecins ne cessent de secouer la population-cible en l’incitant à adopter des réflexes préventifs pour anticiper la maladie. Le Pr Amel Triki, chef du service gynécologie à l’hôpital Mongi Slim à La Marsa, s’exprime sur l’impératif de miser sur la prévention afin d’entraver la maladie. L’allaitement maternel représente, à son sens, un atout contre le cancer du sein. «Certaines jeunes mamans prétendent qu’elles n’ont pas de lait pour donner la tétée à leurs progénitures, ce qui est impensable ! Il faut qu’elles apprennent à allaiter leurs bébés plutôt que d’opter pour le biberon —une solution de facilité— et priver le bébé d’un nutriment complet. Encore faut-il qu’elles soient avisées: les mamans non allaitantes sont plus exposées au risque d’avoir un cancer du sein», a-t-elle expliqué. Pour le Pr Triki, la prévention consiste, outre l’autopalpation et la consultation chez le médecin ou chez la sage-femme pour palpation, en une bonne alimentation, une activité physique régulière et une hygiène de vie saine et équilibrée. Elle considère que le dépistage du cancer du sein permet d’anticiper la maladie avant l’apparition des symptômes cliniques. Pour ce, des examens complémentaires sont à prescrire dont la mammographie et l’échographie mammaire. «Le recours aux examens complémentaires est placé, hélas, sous le signe d’une anarchie totale ! Il est important de préciser que la mammographie est recommandée surtout pour les femmes quinquagénaires. A partir de l’âge de cinquante ans, les seins deviennent plus transparents ce qui permet à la mammographie de révéler, aisément, une éventuelle tumeur. En revanche, à l’âge de quarante ans, les seins préservent une certaine opacité, d’où la nécessité de recourir plutôt à l’échographie. D’ailleurs, les trentenaires n’ont pas intérêt, insiste-t-elle, à se faire examiner par mammographie afin d’éviter que les rayons ionisants aient un effet contraire à celui escompté». Quant au dépistage précoce, il représente la découverte, par le médecin, d’une petite tumeur qui doit être traitée au plus vite afin d’optimiser les chances de rétablissement.
La journée portes ouvertes a été l’occasion pour les patientes, de recevoir des dépliants expliquant, noir sur blanc, les gestes simples à perpétuer pour anticiper le cancer du sein, mais aussi les éclairant sur maintes informations relatives à cette maladie.

La communication : le maillon fort
Outre les consultations, une conférence a été donnée par deux sages-femmes. L’objectif étant d’expliquer la technique de l’autopalpation. Usant d’un langage simplifié et du dialecte tunisien dans le but de vulgariser, au mieux, l’information, elles ont réussi à tenir en haleine une trentaine de femmes ayant pris place sur les sièges, dans la salle d’attente. Le Dr Rim Jaâfer, sage-femme à la Policlinique El Omrane et membre de l’Almc, a la ferme conviction de la pertinence de la communication entre sages-femmes et patientes. «Les femmes se sentent nettement plus à leurs aises avec les sages-femmes. En effet, nous assurons quotidiennement des consultations touchant à plusieurs étapes de la vie d’une femme, soit des consultations prénatales, de dépistage des cancers féminins ou encore des maladies et infections sexuellement transmissibles (MST/IST) ainsi que des consultations gynécologiques adaptées aux jeunes filles et aux adolescentes pour la prévention des maladies sexuellement transmissibles… Le rôle des sages-femmes, poursuit-elle, est de taille, y compris dans le dépistage du cancer du sein». Le Dr Jaâfer recommande toujours à ses patientes de se faire examiner les seins par mammographie et par écho-mammaire, et ce, dès l’âge de quarante ans. «Avant l’âge de quarante ans, seule l’échographie mammaire est recommandée sauf dans le cas où des facteurs favorables au cancer du sein seraient identifiés, notamment le facteur génétique, la densité mammaire, les femmes n’ayant pas enfanté, celles non-allaitantes, l’obésité, le tabagisme, l’alcoolisme, la ménopause et ses désagréments, les troubles hormonaux ; autant de facteurs susceptibles de mettre la puce à l’oreille et de justifier le recours à la mammographie avant l’âge de quarante ans», a-t-elle précisé.

Une consultation pour éliminer — ou confirmer— un doute…
Après avoir bénéficié de conseils simples mais ô combien utiles dans la prévention anti-cancer du sein, les femmes ont été réparties en groupes pour bénéficier de consultations minutieuses. Parmi elles, Hadia, 32 ans, comptable, mariée et sans enfants. Elle a saisi l’occasion pour se faire examiner afin d’éliminer —ou de confirmer— un doute qui lui taraude l’esprit. «Le taux de prolactine est considéré comme assez élevé dans mon cas, ce qui me pousse à me faire examiner régulièrement afin d’élucider le doute de développer, un jour ou l’autre, un cancer du sein. L’an dernier, je me suis fait examiner par écho-mammaire. Le résultat était négatif, Dieu merci ! Cette année, j’ai saisi l’occasion pour me faire réexaminer», a-t-elle indiqué.
Pour Hadia, organiser des événements occasionnels pour lutter contre le cancer du sein ne suffit point à vulgariser l’information et à toucher un plus grand nombre de la population-cible. «Il faut multiplier ces actions et les généraliser au profit des femmes», a-t-elle souligné.
Imen fait la queue devant l’un des bureaux de consultation.
Cette jeune maman de 32 ans a été informée de l’organisation de la journée portes ouvertes. Elle n’a, par conséquent, pas raté l’occasion pour s’y rendre et bénéficier d’un examen à titre gratuit. «Heureusement que l’information sur le cancer du sein est assez médiatisée.
Personnellement, je sais parfaitement qu’un contrôle médical régulier s’impose dès l’âge de trente ans. Plusieurs facteurs à risque sont à bannir de sa vie quotidienne dont le stress, le tabagisme, etc. Du coup, mieux vaut prévenir que guérir et assimiler les messages et les conseils donnés par le cadre médical et paramédical et tâcher de les appliquer à la lettre», a-t-elle indiqué.

Une mammographie à l’horizon 2021 pour un cas suspect !
Devancée par Imen, Malika, 40 ans est mère au foyer. Elle a décelé certains symptômes qui risquent d’être inquiétants : outre les troubles du cycle menstruel, lesquels reflètent les ébauches de la ménopause, elle a remarqué, il y a cinq mois, qu’un écoulement anormal ruisselait de son mamelon.
La sage-femme qui l’avait examinée avait vite fait de l’orienter à l’hôpital Salah Azaïez pour une mammographie. «Une fois à Salah Azaïez, j’ai réussi à décrocher un rendez-vous pour bénéficier d’une mammographie ; un rendez-vous fixé pour 2021! Franchement, poursuit-elle inquiète et résignée, je ne dispose pas des moyens me permettant d’effectuer cet examen dans le secteur privé».
Néanmoins, l’examen par mammographie est disponible à la Policlinique de la Cité El Khadhra vers laquelle elle serait, sans doute, orientée, à l’instar de toutes les patientes fréquentant la policlinique d’El Omrane et présentant une éventuelle tumeur du sein.
La disponibilité d’un équipement essentiel pour le dépistage et le diagnostic du cancer du sein, à savoir le mammographe, représente une urgence pour les établissements de santé publique. Pour les policliniques précitées, il s’agit, a priori, d’une question de temps. «Nous venons de lancer un appel d’offres pour faire l’acquisition de mammographes au profit des policliniques de la Cnss», affirme M. Haythem Ben Sassi, directeur des policliniques de la Cnss.

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