Deux membres de l’association Ado+ étaient présentes à la rencontre avec Mme Lila Pieters : Imen Bel Haj Yahiya, 17 ans, du lycée Ibn Rachiq à Ezzahra, et Nour El Houda Benzarti, 15 ans, du lycée, de la rue de Marseille à Tunis. Elles ont présenté un aperçu du rapport exposé au Comité des droits de l’enfant, à Genève, le 2 octobre dernier. Ici elles parlent de leurs parcours depuis qu’elles ont adhéré à l’association. Les deux jeunes filles sont impressionnantes par leur maturité, leur aisance mais également par cette lucidité qui, à leur âge, fait mal quelque part.


« Nous étions 160 adolescents, représentants six régions du pays, réunis pour élaborer le rapport qui devait être présenté au Comité des droits de l’enfant. Nous avons procédé à des consultations dans plusieurs villes et endroits de la Tunisie. Toute cette matière nous l’avons exploitée pour alimenter le rapport que nous avons présenté à Genève. Nous y avons traité six thématiques, parmi lesquelles on peut énumérer : l’éducation, la santé, l’abandon scolaire, la violence au sein de la famille. Nous avons formulé des recommandations, des observations et des solutions. »
Pendant les deux années de préparation du rapport, elles ont eu l’occasion de rencontrer des jeunes de leurs âges, de faire des échanges avec eux. Notamment les ados en difficulté. Le fruit de ces rencontres a donné lieu à l’écriture de deux pièces de théâtre. Après chaque représentation, un débat s’engage avec le public. Parfois des jeunes, interpellés, racontent leurs propres vécus.
« Nous avons préparé deux pièces théâtrales. Une sur la violence domestique que nous avons présentée dans 14 régions du pays qui s’appelle ‘‘On parle c’est mieux’’, la deuxième qui s’intitule ‘‘Mes études, j’y tiens’’, que nous avons présentée dans 12 régions. A l’issue des présentations, nous faisons des échanges avec les spectateurs. »
« En préparant la pièce sur la violence domestique nous avons évoqué la thématique des enfants en conflit avec la loi. Nous sommes allés visiter un centre de détention. Un jeune spectateur avait regretté le manque d’écoute de son entourage : « Si je vivais dans un environnement où je pouvais m’exprimer, je ne serais pas ici aujourd’hui. » Nous étions là pour écouter les enfants dont les droits avaient été bafoués parfois par leurs familles. »
Elles racontent ensuite leur expérience à Genève. La présentation du rapport auprès des membres du Comité de droits de l’enfant. Leur joie d’avoir fait parvenir la voix des jeunes Tunisiens.
« Notre expérience à Genève est exceptionnelle. Les personnes qui nous ont reçues et écoutées vont communiquer avec les autorités tunisiennes. Tout ce que nous avons fait pendant ces deux ans a de la valeur et aura un impact réel. Cela nous donne beaucoup d’espoir. Représenter des adolescents de Tunisie à l’étranger, c’est une responsabilité.»
Imen Bel Haj Yahia et Nour El Houda Benzarti ont tenu à remercier Mme Dhouha Jourchi, directrice de l’association Ado+ et M. Walid Ayadi, son président, ainsi que les encadreurs qui les ont formées pour devenir «  des citoyennes actives, conscientes de leurs droits. » Des remerciements ont été adressés à leurs parents et bien sûr à l’Unicef. « Trois ans en arrière, on ne croyait pas être en mesure de visiter autant de régions dans le pays et même de partir à l’étranger. Une opportunité qui nous a changé la vie. » Merci, donc, pour elles, et pour tous les jeunes Tunisiens dont vous avez fait parvenir la voix.

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