«Gouvernement d’intérêt national», «gouvernement de compétences», «gouvernement de réalisations», «gouvernement d’union nationale», «gouvernement du Président»… Les Tunisiens se réveillent quotidiennement en découvrant une nouvelle appellation que le prochain gouvernement portera au cas où «la personnalité indépendante introuvable» jusqu’ici, censée former et présider ce même gouvernement, parviendrait à constituer l’équipe ministérielle tant attendue et à lui arracher la confiance de l’Assemblée des représentants du peuple (ARP).

Aujourd’hui, vendredi 8 novembre, l’Instance supérieure indépendante des élections (Isie) proclamera les résultats définitifs des élections législatives du 6 octobre dernier et ouvrira officiellement la voie au Président de la République Kaïs Saïed afin qu’il délivre, dans les délais constitutionnels, au prochain chef du gouvernement l’ordonnance le chargeant de la mission de choisir les membres de la future équipe ministérielle.

Sauf qu’avant de parvenir à cette étape, subsistent deux problèmes à résoudre avant que le chef de l’Etat ne signe la fameuse lettre ou ordonnance.

D’abord, la décision qu’aura à annoncer Ennahdha demain, samedi 9 novembre, ou après-demain, dimanche, à l’issue de la session exceptionnelle de son Conseil de la choura, appelé à trancher l’affaire de la désignation de l’un des responsables du parti pour former le gouvernement ou du renoncement à ce droit que lui accorde sa victoire aux législatives et à accepter la proposition quasi-consensuelle selon laquelle une personnalité indépendante aura la charge de former le gouvernement post-législatives du 6 octobre dernier.

Ensuite, le choix ou le dénichement de cette même personnalité indépendante que tout le monde, en particulier les potentiels alliés d’Ennahdha, appelle de ses vœux. Sauf que personne parmi les promoteurs de la personnalité indépendante ne se pose les véritables questions qui taraudent les esprits des Tunisiens qui se sentent désorientés dans l’attente du dévoilement de l’identité de la «personnalité indépendante» et surtout de sa capacité à répondre aux critères exigés.

Et les Tunisiens de s’interroger sans trouver de réponse auprès des initiateurs de l’option de la personnalité indépendante : comment le prochain chef du gouvernement «indépendant» agira-t-il pour choisir les membres de son équipe et réussira-t-il à convaincre les partis qui l’ont déniché de sa décision de nommer des ministres indépendants qu’il trouvera en dehors des partis qui ont gagné les législatives ? Quel programme de gouvernement va-t-il appliquer au cas où les idées et approches d’Ennahdha et de ses potentiels alliés seraient mises en veilleuse ?

Le prochain gouvernement qui sera formé par une personnalité indépendante, qui comprendra des ministres indépendants et qui projettera de mettre en œuvre une politique n’ayant aucun rapport avec les approches des partis représentés au

Parlement, est-il assuré de remporter la confiance des députés, en premier lieu ceux dont les partis sont censés participer à la naissance de ce gouvernement et lui confier la tâche d’exécution de leur programme commun?
On s’interroge et on attend ce que demain nous réserve.

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