« You come from Away », D’Amal Ramsis

 

Au gré des projections à « Gabes Cinéma Fen », « You come from Away » D’Amal Ramsis, projeté en dernier lors d’une séance en fin de journée au Complexe Culturel de Gabes lève le voile sur une période historique méconnue, vécue par une partie des Arabes. Ceux qui se sont soulevés aux cotés des espagnols pour combattre le régime fasciste de Franco au début du 20ème siècle entre 1936 et 1939.

Le documentaire, réalisé par l’égyptienne Amal Ramsis est traité sur fond de drame familial. Une famille palestinienne éclatée. Le traitement du film est intimiste est fignolé grâce à des archives photos, lettres échangée entre les membres de la famille et mémoire réanimée. Un travail de recherche laborieux qui se sent dans le traitement de ce documentaire : le film se perd d’ailleurs dans la narration et la lenteur jusqu’à ce qu’à éclipser l’épisode historique, mais cela n’enlève en rien son importance. L’oeuvre atteste de la participation de 1000 arabes bénévolement et des combattants résistants à coté de républicains contre la dictature de Franco : 500 de nationalités algériennes et d’autres issus de différentes nationalités arabes. Une recherche très approfondie a été entamée depuis 2002.

La guerre civile espagnole était une occasion pour elle d’aborder la notion de l’identité et de l’appartenance surtout avec la naissance de palestiniens nés en dehors de la Palestine. L’histoire relatée de la famille de Najati Sidki dans ce film renforce la thématique de la question identitaire chez les Palestiniens. Sa famille a été dispersée au quatre coin du monde à savoir en Russie, au Brésil, au Liban et en Grèce et les suivre a demandé beaucoup d’efforts et de travail.

La fin des années trente évoque également la dislocation de familles palestiniennes, y compris celle-ci, accélérée par des troubles historiques majeurs comme l’éclatement de la 2ème guerre mondiale, la guerre des 6 jours de 1967 ou encore le conflit palestino-israélien. Ce soutien arabe aux espagnoles enjolive l’image négative des arabes maghrébins chez les espagnoles : le rôle de son documentaire était de mettre en valeur le parcours d’arabes anarchistes, communistes au parcours atypiques, très loin de l’image fausse véhiculée actuellement par les médias. Une aide à la production « Takmil », obtenue lors des Journées Cinématographiques de Carthage lui a permis de finaliser son documentaire.

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« Gabes Cinéma Fen », c’est aussi des rencontres et des panels réalisés qui ont traité de l’avenir du cinéma arabe dans les journées du 15 et du 16 avril 2019. L’académicienne Lamia Guiga BelKaid et la chargée de programmation Samia Laabidi : toutes les deux et en présence d’invités et d’un parterre de festivaliers, ont abordé la question des circuits de distribution des films, du fonctionnement des distributeurs, des enjeux et des challenges à relever, dans une période où la nation arabe est secouée par des bouleversements sociopolitiques importants et des conflits qui opposent le nord au sud. Ils ont mis le voile sur l’émergence du cinéma indépendant arabe et de sa diffusion également, en présence de la critique cinéma Houda Ibrahim, le réalisateur Mourad Ben Cheikh et le critique Ikbel Zalila : ils ont évoqué le pouvoir de l’image, du regard du cinéma arabe sur le cinéma du sud. La chargée de programmation a également parlé de son expérience dans le cinéma palestinien en évoquant d’autres effectuées dans le cinéma arabe. Des cinéastes – réalisateurs tunisiens et arabes comme Abbes Fadhel, Malek ben Ismail, Jilani Saadi et Hechmi Zortal ont relaté leur parcours et leur manière de dépasser les difficultés des subventions. D’autres artistes jeunes comme Mouna Hala, Najoua Zouhaier et abou Bakr Chawki ont prôné les libertés dans le cinéma et ont appelé à dépasser certainement visions clichétiques et à un renouveau du secteur. Tout comme Sami Tlili, le directeur artistique du festival, qui a proposé de reconstruire le système de production en Tunisie dans son intégralité et à le développer à la racine.

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