Ennahdha a-t-il présenté des promesses gouvernementales aux autres partis ? : Les compromis de dernière minute !


Au fil de la journée, le flou a commencé à se dissiper, et le rapprochement entre Au Cœur de la Tunisie et Ennahdha s’est présenté comme une bouée de sauvetage pour le parti islamiste pour assurer une majorité absolue à son candidat Rached Ghannouchi.


L’Assemblée des représentants du peuple (ARP) a tenu, hier, la séance d’inauguration de la deuxième législature (2019/2024) avec le renouvellement du Parlement, en présence de tous les élus. L’Assemblée était composée selon les résultats des élections législatives, à savoir qu’Ennahdha a obtenu 52 sièges, suivi d’Au cœur de la Tunisie (38 sièges), du Courant démocrate (22), de la coalition Al Karama (21), du Parti destourien libre (17), du mouvement Echaâb (15). Lors de cette séance inaugurale, les nouveaux élus de l’Assemblée des représentants du peuple (Arp) ont prêté serment, de manière collective, conformément à l’article 8 du règlement intérieur du Parlement.
Une séance qui a connu, dès les premières heures, des tractations et des pourparlers autour de l’élection du nouveau président du Parlement, mais aussi concernant la formation du gouvernement. D’ailleurs, quatre candidats ont postulé au poste de président de l’ARP. Il s’agit de Rached Ghannouchi (Ennahdha), Ghazi Chaouachi (Courant démocrate-Attayar), Marouane Felfel (Tahya Tounès) et Abir Moussi (Parti destourien libre).
Mais en début de journée, la situation était marquée par un flou total, d’autant plus que les différents blocs parlementaires ne parvenaient pas à aboutir à un consensus pour atteindres une majorité absolue afin d’élire le nouveau président du Parlement. D’ailleurs, les premières déclarations des différents dirigeants des partis politiques représentés dans ce nouveau parlement ont fait présager une situation de blocage et de divergence que ce soit pour l’élection du président du parlement ou pour la formation du gouvernement. Et c’est dans ce sens que le député d’Ennahdha Noureddine Bhiri a confirmé à notre journal que son parti n’est pas parvenu à rassembler la majorité nécessaire pour élire leur candidat Rached Ghannouchi. « Nous avons proposé Rached Ghannouchi pour la présidence du Parlement car nous voulons transmettre un message aux Tunisiens pour dire qu’il est le plus apte à trouver le consensus au sein de l’Assemblée, mais aussi à contribuer à résoudre certains problèmes politiques et sociaux. La proposition de la candidature de Rached Ghannouchi, comme leader historique du parti, vise à montrer aux Tunisiens que nous voulons rendre l’Assemblée un véritable noyau du régime politique conformément aux exigences du régime parlementaire ». Ennahdha a-t-il présenté des promesses gouvernementales aux autres partis pour assurer une majorité absolue à Rached Ghannouchi? Bhiri répond qu’Ennahdha ne fait pas de « vente conditionnée » et que toutes ses décisions émanent d’un programme qui met les intérêts de la Tunisie au premier plan.
Mais pour les députés du Mouvement du peuple et du Courant démocratique, la situation est tout autre. Selon eux, le parti Ennahdha cherche à réaliser ses propres objectifs politiques au déterminent des intérêts du pays. Zouhaier Maghzaoui, député du Mouvement du peuple, a expliqué, à cet effet, qu’Ennahdha n’a pas présenté de « propositions sérieuses » pour pouvoir aboutir à des compromis politiques. « Pour Ennahdha nous ne sommes qu’un simple décor pour former le gouvernement, chose que nous n’accepterons jamais, nous avons notre propre candidat et nous allons voter pour lui », a-t-il conclu.
En fait, pour ces deux partis, Ennahdha avait demandé de soutenir la candidature de Rached Ghannouchi à la présidence du parlement, sans faire de concession pour ce qui concerne la formation du gouvernement. Cette divergence de points de vue s’explique notamment par l’échec des pourparlers entre ces trois partis politiques autour de la formation du gouvernement.

Bouée de sauvetage
Si Ennahdha a abandonné une éventuelle alliance avec ces deux partis, c’est en raison d’un rapprochement de dernière minute avec le parti de Nabil Karoui Au Cœur de la Tunisie. Pourtant, le dirigeant au sein de ce parti, Hatem Mliki, a affirmé vers 9h du matin que son parti a son propre candidat mais reste ouvert à des concertations avec les autres partis au nom de la stabilité politique.
Mais au fil de la journée, le flou a commencé à se dissiper, et le rapprochement entre Au Cœur de la Tunisie et Ennahdha s’est présenté comme une bouée de sauvetage pour le parti islamiste pour assurer une majorité absolue à son candidat Rached Ghannouchi. Cela s’est officialisé par les déclarations des dirigeants du parti de Nabil Karoui, qui ont affirmé que leur bloc votera pour Ghannouchi. En effet, alors que le parti Au Cœur de la Tunisie devait présenter son candidat à la présidence de l’Assemblée des représentants du peuple (ARP) en la personne de Ridha Charfeddine, ce dernier a annoncé lui-même le contraire et a affirmé que son parti voterait pour le candidat d’Ennahdha, Rached Ghannouchi, à la présidence du Parlement et que son parti ne présentera pas de candidat. Mais tout se paie. Cet appui parlementaire n’est pas, semble-t-il, gratuit. Au Cœur de la Tunisie devra participer à la formation du nouveau gouvernement et même au choix de son chef. En contrepartie, Ennahdha devra appuyer également la candidature de la députée du parti Au Cœur de la Tunisie Samira Chaouachi au poste de vice-présidente de l’Assemblée des représentants du peuple.
Inutile de rappeler, dans ce sens, que Seifeddine Makhlouf, député de la coalition Al-Karama, a affirmé dès le début de la journée que sa formation politique allait voter Ghannouchi, tout en proposant un député pour le poste de vice-président. Contrairement à Said Jaziri, président du parti Errahma, qui a confirmé à notre journal que son parti se positionnera dans l’opposition et appellera à un gouvernement qui fait de la question économique sa principale priorité. Pour lui, l’élection du président de l’ARP demeure une question formelle, l’important étant de constituer un puissant parlement et une puissante opposition.

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