Violence gratuite et inappropriée : En attendant une loi sur la sécurité privée


Les propriétaires des restaurants-bars préfèrent recruter les repris de justice, ceux qui sont capables de faire régner l’ordre en usant de la violence. Les dérapages sont courants et les conséquences des interventions musclées sont dramatiques au bout d’une altercation ou d’une simple rixe.


Il faut toujours qu’un crime soit commis ou un scandale éclate pour découvrir l’ampleur des dégâts que pourraient causer la non-application des textes de  loi et les réglementations organisant le secteur des boîtes de nuit, bars et restaurants.
Les entreprises privées spécialisées dans le recrutement et la formation des «bodyguards» pour la garde rapprochée, des portiers et des agents de sécurité qui sont en plein essor dans le pays sont en grande partie gérées par de hauts cadres sécuritaires à la retraite, mais le recrutement des agents spécialisés en matière de sécurité ne se fait pas à partir de ces entreprises pour de multiples raisons, dont notamment le fait qu’elles exigent le bulletin n° 3 et donc un casier judiciaire vierge pour ses cadres et agents.
Pour les propriétaires des restaurants-bars, le casier judiciaire vierge n’est pas une condition pour le recrutement, mais ce qui compte le plus ce sont les antécédents judiciaires et non les aptitudes pour rendre service aux clients. Les propriétaires préfèrent recruter les repris de justice, ceux qui sont capables de faire régner l’ordre en usant de violence. Les dérapages sont courants et les conséquences des interventions musclées sont dramatiques au bout d’une altercation ou d’une simple rixe.
Les rondes des services de la police relevant de diverses directions, dont notamment les unités de la police touristique et de la sécurité publique, se font quotidiennement aux alentours de ces lieux et connaissent bien les portiers et les agents de sécurité, mais il est fréquent que des incidents éclatent à l’intérieur des restaurants-bars. L’intervention est très rapide mais dans le cas du drame vécu au bar-restaurant Le Madison, le pire n’a pu être évité, nous confie une source sécuritaire qui ajoute que personne ne s’attendait à une fin aussi tragique.
En attendant une loi sur la sécurité privée qui obligera les portiers, les «bodyguards» et agents de sécurité à suivre une formation adéquate leur permettant de détenir un permis de travail en bonne et due forme, on doit s’attendre à d’autres dérapages de ce genre. A cet effet, il est utile de souligner qu’en France une loi sur la sécurité privée a vu le jour après la mort d’un jeune de 17 ans en 2010.
«La violence inappropriée et le comportement des agents de sécurité et des portiers doivent conduire à l’adoption d’une nouvelle loi organisant au mieux ce secteur», ajoute notre source, de préciser: «Les efforts des unités de police sont orientés beaucoup plus vers la lutte contre le terrorisme, ce qui a impacté la lutte contre la criminalité et la délinquance».
La fermeture immédiate du restaurant-bar a été, rappelons-le, ordonnée par le gouverneur de la ville de Tunis suite à ce drame. Le ministère public près le Tribunal de première instance de Tunis a ouvert une enquête judiciaire suite au décès suspect d’Adam Boulifa.
La victime a été rouée de coups par les agents de sécurité  et a subi de graves violences physiques ayant conduit à son décès suite à une altercation avec l’un des serveurs, selon son père. Venu souffler sa 23e bougie samedi dernier au Madison en compagnie de son père et ses amis, Adam, s’est éteint à la fleur de l’âge.

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